vendredi 11 juin 2021

Les vendeuses ambulantes du métro de Téhéran harcelées par des agents municipaux

 CNRI Femmes – La vente ambulante n’est pas un travail officiel. Les vendeuses ambulantes du métro de Téhéran sont quotidiennement victimes de harcèlement et de violences psychologiques, sexuelles et physiques en raison des politiques misogynes du régime. Ces femmes ne reçoivent aucun soutien organisationnel et ne peuvent pas changer d’emploi aussi facilement que les hommes.

Ces dernières années, le nombre de femmes pratiquant la vente ambulante dans le métro de Téhéran a augmenté. Ces femmes préfèrent colporter dans le métro plutôt que dans la rue en raison de la crise économique persistante, de l’augmentation du coût de la vie et de la pression intense exercée par les autorités municipales. Les solutions adoptées par les autorités pour réduire le colportage n’ont fait qu’exacerber la détérioration des conditions des petits vendeurs, comme l’interdiction de colporter à différents moments de la journée. Ces politiques affectent les moyens de subsistance des femmes et ajoutent à leur souffrance.

Les vendeuses ambulantes du métro de Téhéran

Le statut des vendeuses ambulantes dans le métro de Téhéran

Dans le métro de Téhéran, les vendeuses ambulantes se battent chaque jour pour gagner un tout petit peu d’argent. Elles travaillent de l’aube jusqu’à tard dans la nuit dans ce lieu couvert pour essayer de couvrir le coût de la vie qui monte en flèche.

Les vendeuses ambulantes viennent de tous les horizons – des étudiantes de la classe instruite en passant par les enseignantes contractuelles. La plupart d’entre elles souffrent de dépression car, travaillant à l’intérieur, elles sont privées de la lumière du soleil et passent de longues heures dans un environnement sans âme. La plupart de leurs revenus ont été réduits de moitié pendant la pandémie de coronavirus. Pour ajouter à leurs problèmes, la plupart des colporteuses du métro de Téhéran ont contracté le Covid-19.

Ces femmes n’ont pas de destination finale comme les passagers du métro. Elles restent sur les quais avec leurs lourds chariots et sacs jusqu’à l’arrivée du prochain train. Puis elles montent à bord et tentent de vendre leurs marchandises. Tous leurs revenus partent dans le loyer. Elles doivent cacher leurs marchandises sous leurs tchadors pour éviter de se faire prendre par les agents municipaux.

Le statut des vendeuses ambulantes dans le métro de Téhéran

Harcèlement par des agents municipaux

L’un des problèmes les plus graves pour les vendeuses ambulantes dans le métro de Téhéran est le harcèlement sexuel sur le lieu de travail par des agents municipaux. La sécurité dans le métro est désastreuse et rester sous terre représente le choix entre le pire et le pire, car les agents municipaux dans la rue sont plus susceptibles de les harceler. Ainsi, les vendeuses ambulantes du métro de Téhéran ne travaillent que dans les wagons de métro réservés aux femmes.

Harcèlement par des agents municipaux

Des filles de 17 ans à des femmes beaucoup plus âgées ont raconté des histoires similaires.

Une femme de 35 ans, mère de trois enfants, est contrainte de travailler comme colporteuse. Elle est diplômée en comptabilité mais doit travailler pour compléter les revenus de son mari en raison du coût élevé de la vie. Elle souffre d’arthrose au niveau du cou car elle doit porter ses charges en permanence d’un endroit à l’autre. La colporteuse a déclaré que lorsque les fonctionnaires municipaux confisquent ses marchandises, ils lui font des suggestions obscènes sur la façon dont elle peut les amener à libérer ses marchandises.

Une lycéenne de 17 ans qui a commencé à faire du colportage pour aider sa famille a été obligée de changer de lieu de travail à cause du harcèlement sexuel d’un agent de la station de métro.

Une étudiante de 22 ans vend des masques en tissu dans le métro. Elle rapporte que lorsque les agents municipaux ont découvert qu’elle était vendeuse ambulante, ils lui font des propositions malhonnêtes car ils savaient qu’elle avait besoin d’argent.

Toutes ces femmes ont une chose en commun : sans le coût élevé de la vie et d’autres problèmes économiques, elles ne seraient jamais venues travailler dans des couloirs sombres et exigus pendant la crise du coronavirus. Mais il leur faut gagner leur vie, à tout prix.

Une femme de 40 ans est titulaire d’une licence en littérature. Elle vend des objets artisanaux dans le métro depuis sept ans. Elle était auparavant enseignante contractuelle mais a été contrainte de recourir à la vente à la sauvette en raison du coût de la vie. Elle a fait état du harcèlement dont elle a été victime, ajoutant que les “autorités gouvernementales”, en plus des agents municipaux, entravent leur travail. Proposant de résoudre leurs problèmes, un responsable a enregistré les noms des colporteuses. Ensuite ils lui ont volé ses marchandises, lui infligeant une misère et une perte encore plus grandes.

Une autre femme, de 29 ans, est mère d’un jeune enfant. Elle fait de la vente ambulante dans le métro depuis trois ans. Elle travaillait pour une entreprise mais a été licenciée lorsque son employeur a compris qu’elle était enceinte. Cette vendeuse ambulante déclare : “Aucune loi ne nous protège. C’est comme si nous n’existions pas. Tout ce que les autorités font, c’est interdire notre travail. Elles prennent nos marchandises, et nous devons franchir des obstacles bureaucratiques uniquement pour les récupérer.”

Une femme de 44 ans qui pratique le colportage depuis 15 ans vient à Téhéran depuis les environs de Karaj, tôt le matin. Elle travaille dans le métro jusqu’à la tombée de la nuit. Elle a traversé deux épidémies de coronavirus. Elle dit : “Quand on fait de la vente ambulante, on n’est pas une personne. Quand vous êtes une femme, le malheur double. Le gouvernement n’aide pas du tout et ne fait qu’empirer les choses. Après des années de vente ambulante dans la rue, j’ai choisi le métro. Plus vous êtes disponible pour les agents, plus le harcèlement est grand. Une de mes amies, qui était très belle, n’était pas à l’abri des autorités municipales. Elle était mariée et avait des enfants, mais ils s’en fichaient”. Elle ajoute, avec une grande douleur dans la voix : “C’est déjà assez difficile d’être une femme pauvre sans soutien. En plus de cela, il semble que tout le monde veuille un morceau de votre corps…”

Jeunes enfants avec des mères colporteuses

Jeunes enfants avec des mères colporteuses

Haniyeh est une jeune femme avec un enfant de 3 ans. Elle avait l’habitude d’acheter des vêtements dans le bazar de Téhéran et de les vendre dans le métro. Haniyeh s’inquiète de la santé de son jeune enfant, notamment en raison de la pandémie de coronavirus. Elle n’a personne pour s’occuper de lui pendant ses heures de travail, ce qui l’empêche de chercher un autre emploi.

Massoumeh, 23 ans, est dans la même situation. Elle vend des couteaux, des paniers, des filtres, des herbes séchées, des briquets et d’autres articles similaires. Sa fille de 6 ans joue à proximité. Le mari de Massoumeh l’a quittée il y a trois ans, ne lui laissant pas d’autre choix que le colportage. Elle n’a pas les moyens de louer un magasin. “Pendant le coronavirus, ils (les agents municipaux) confisquent nos marchandises plus souvent”, déplore-t-elle.

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