Les luttes et les défis des femmes dans le système pénitentiaire iranien
La prison de Qarchak, située près de Varamin, à 35 km au sud-est de Téhéran, accueille exclusivement des femmes. Connue pour sa surpopulation, ses conditions d’hygiène déplorables et les mauvais traitements infligés par le personnel pénitentiaire, elle est devenue un symbole des violations des droits de l’Homme commises par le régime iranien. Cet article met en lumière les terribles réalités auxquelles sont confrontées les femmes incarcérées à la prison de Qarchak, en soulignant la négligence et les mauvais traitements systémiques qu’elles subissent.
Une plaque tournante de l’oppression
Située le long de l’autoroute Varamin-Téhéran, la prison de Qarchak est connue pour héberger des femmes accusées de divers délits, qu’il s’agisse de crimes liés à la drogue, de fraudes financières ou de « crimes » tels que le port incorrect du voile ou l’opposition au régime. Nombre de ces femmes sont victimes de la corruption systémique et de la répression sociopolitique.
Les conditions de détention dans la prison sont particulièrement éprouvantes :
– Torture et abus : Les cas de torture physique et psychologique, y compris les passages à tabac et le harcèlement sexuel par le personnel de sécurité, sont très fréquents.
– Manque d’hygiène de base : Les prisonnières n’ont souvent pas accès aux produits sanitaires essentiels, et les conditions insalubres contribuent à des problèmes de santé généralisés.
– Isolement social : Les restrictions imposées aux visites familiales et à la communication exacerbent le fardeau émotionnel des détenues.

Structure et surpopulation
La prison de Qarchak comprend 10 sections, chacune accueillant 100 à 120 détenues, pour une population totale de plus de 1 500 femmes âgées de 19 à 70 ans. L’infrastructure de la prison est tout à fait inadéquate :
– Chaque section dispose de 12 chambres communes, qui sont surpeuplées et comptent jusqu’à 12 femmes par chambre.
– Les installations limitées comprennent 6 salles de bain et 7 toilettes par section, et bien que l’eau chaude soit disponible, elle est saumâtre et ne convient pas à un usage régulier.
Santé et nutrition
Les prisonnières sont confrontées à une grave négligence en matière de soins médicaux. Les visites dans les hôpitaux extérieurs sont rares et souvent incomplètes, et seuls des médicaments de base sont fournis pour les maladies courantes. Les femmes enceintes et les personnes souffrant de maladies chroniques ne reçoivent qu’une attention minimale.
Les médicaments sont fournis en quantités très limitées. Par exemple, si une prisonnière a besoin d’antibiotiques, elle ne reçoit pas plus de quatre ou cinq pilules. Les médecins ne visitent les prisonnières qu’une fois par mois pour des problèmes d’ordre général ou gynécologique. En cas de maladie grave, les prisonnières doivent souvent attendre des jours, voire des semaines, avant d’être transférées dans un établissement médical.
La qualité de la nourriture est un autre problème majeur. Les repas sont composés d’ingrédients de mauvaise qualité, notamment de volaille congelée et périmée, ce qui donne lieu à des plaintes fréquentes.
Le petit-déjeuner se compose généralement de beurre, de confiture ou de halva, tandis que les options du déjeuner et du dîner, comme le riz aux lentilles, les ragoûts ou les œufs durs, sont répétitives et déficientes d’un point de vue nutritionnel.
Exploitation dans les ateliers
La prison de Qarchak gère plusieurs ateliers, notamment de couture et de tissage de tapis. Cependant, les salaires sont très bas, les prisonnières ne gagnant qu’un million de tomans (~20 USD) par mois malgré de longues heures de travail.

Visites et communication
Les détenues peuvent recevoir des visiteurs soit à travers une cloison en verre (une fois par mois), soit en personne (deux fois par mois). Ces restrictions ont causé une détresse psychologique importante pour les prisonnières et leurs familles. Pour les mères de jeunes enfants, ce délai est particulièrement insupportable.
Gestion et griefs des détenues
La prison est dirigée par Soghra Khodadadi, dont le comportement abusif a été largement condamné par les détenues. Le juge Kolivand, qui supervise le pouvoir judiciaire, et les procureurs locaux sont également accusés de négligence et de mauvaise conduite. Les prisonnières citent souvent l’indifférence de ces fonctionnaires à l’égard de leurs doléances comme une source importante de désespoir.
Un appel à l’action
Les conditions inhumaines qui règnent dans la prison de Qarchak sont le reflet des violations systémiques plus générales commises par le régime clérical. Qu’il s’agisse de dissidentes politiques ou de femmes ordinaires incarcérées pour des délits mineurs, l’absence de justice et de dignité humaine dans les prisons iraniennes souligne le caractère oppressif du régime.
Exposer ces injustices est un impératif moral et politique. La technologie permettant une prise de conscience mondiale, il est vital d’amplifier les voix de ces prisonnières réduites au silence. La communauté internationale doit demander des comptes au régime iranien et soutenir les efforts visant à améliorer les droits de l’Homme dans le pays. Un tel plaidoyer n’est pas seulement un acte de solidarité, mais un pas vers la justice pour tous ceux qui souffrent de ce système répressif.
Le 2 décembre 2024, l’Union européenne a prolongé d’un an ses sanctions contre l’Iran en matière de droits de l’Homme. L’UE a annoncé que la prison de Qarchak à Varamin restait sur la liste des sanctions en raison de ses conditions inhumaines. La déclaration de l’UE souligne que les conditions de vie dans la prison de Qarchak sont déplorables et inhumaines. Les femmes détenues sont soumises à la torture et aux mauvais traitements. Elles sont privées d’accès à l’eau potable, à la nourriture et à l’assistance médicale dans des cellules surpeuplées.
Source: CNRI Femmes
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