CSDHI – Le 2 septembre 2020, Amnesty International a publié un rapport accablant sur les violations des droits humains en Iran. L’ONG détaille l’usage généralisé de la torture, les procès manifestement inéquitables et les condamnations à mort. Ces dernières sont prononcées sur la base d’ « aveux » obtenus sous la torture à la suite des manifestations de novembre 2019.
L’humanité piétinée
Trampled Humanity (« Humanité piétinée ») est le fruit d’une recherche fondée sur des entretiens approfondis avec
- 60 victimes d’arrestation arbitraire, de disparition forcée, de torture et d’autres mauvais traitements (ou avec leurs proches),
- deux manifestants qui se cachaient,
- et 14 autres personnes informées.
Elle est également basée sur des informations reçues par le biais de messages écrits de plusieurs centaines d’autres personnes en Iran et sur l’analyse de vidéos, de déclarations officielles et de documents judiciaires, a déclaré Amnesty International.
Diana Eltahawy, directrice régionale adjointe d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré : « Dans les jours qui ont suivi les manifestations de masse, les vidéos montrant les forces de sécurité iraniennes en train de tuer et de blesser délibérément des manifestants et des spectateurs non armés ont fortement choqué le monde entier. Le catalogue de la cruauté infligée aux détenus et à leurs familles par les autorités iraniennes, loin de l’attention du public, est beaucoup moins visible. »
L’Iran, le grand « violateur des droits humains »
Dans une autre partie, elle a ajouté : « Au lieu d’enquêter sur les allégations de disparition forcée, de torture et d’autres mauvais traitements et crimes contre les détenus, les procureurs iraniens se sont rendus complices de la campagne de répression. Ils portent des accusations de sécurité nationale contre des centaines de personnes. Ils sont accusés d’avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Ainsi, cela permet aux juges de prononcer des verdicts de culpabilité, basés sur des « aveux » obtenus sous la torture.
Diana Eltahawy a aussi souligné que « cette litanie de crimes et de violations, commise en toute impunité, a été accompagnée d’une série d’ « aveux » forcés. Ils ont été retransmis à la télévision dans des vidéos de propagande du régime et des déclarations grotesques de hauts responsables. Au cours de celles-ci, ils faisaient aussi l’éloge des services du renseignement et des forces de sécurité pour leur rôle dans la répression brutale. »
La torture utilisée pour intimider et humilier les détenus
Trampled Humanity (Humanité piétinée) a documenté diverses formes de torture utilisées pour extorquer de faux aveux aux manifestants détenus.
« La torture était utilisée pour punir, intimider et humilier les détenus. Elle a également été couramment utilisée pour obtenir des « aveux » et des déclarations incriminantes, non seulement sur leur participation aux manifestations, mais aussi sur leurs prétendues associations avec des groupes d’opposition. Ajoutons à la liste, les défenseurs des droits de l’homme, les médias en dehors de l’Iran, ainsi que les gouvernements étrangers.
« Les victimes étaient souvent encagoulées ou avaient les yeux bandés. Elles recevaient des coups de poing, des coups de pied et de fouet. Mais aussi, elles étaient frappées avec des bâtons, des tuyaux en caoutchouc, des couteaux, des matraques et des câbles. Parfois, elles étaient pendues ou contraintes à des positions de stress douloureuses pendant des périodes prolongées. A d’autres moments, elles étaient privées de nourriture et d’eau potable en quantité suffisante. Généralement, elles étaient placées en isolement prolongé, parfois pendant des semaines, voire des mois. Et en conclusion, elles étaient toujours privées de soins médicaux pour des blessures subies lors des manifestations ou après des tortures.
Parmi les autres méthodes de torture documentées, citons :
- le déshabillage des détenus,
- l’aspersion d’eau froide,
- l’exposition des détenus à des températures extrêmes et/ou le bombardement de lumière ou de son,
- l’extraction forcée des ongles des doigts ou des orteils,
- la pulvérisation de poivre,
- l’administration forcée de substances chimiques,
- l’utilisation de chocs électriques,
- la torture par l’eau (waterboarding)
- les exécutions simulées.
Disparitions forcées
Quant aux disparitions forcées, les recherches d’Amnesty International montrent que beaucoup de détenus ont disparus de force pendant des semaines. Voire des mois. Pourtant, ils étaient détenus dans des lieux non divulgués gérés par le ministère du renseignement ou les pasdarans, notamment. D’autres prisonniers étaient détenus dans des prisons ou des postes de police surpeuplés, des casernes militaires, des installations sportives et des écoles.
Des proches en détresse ont déclaré à l’organisation qu’ils cherchaient dans des hôpitaux, des morgues, des commissariats de police, des parquets, des tribunaux, des prisons et d’autres centres de détention connus. Ils demandaient des informations sur le sort de leurs proches ou sur l’endroit où ils se trouvaient. Mais, les autorités ont refusé de leur fournir des informations. Elles les ont même menacés d’arrestation s’ils continuaient à chercher des renseignements ou s’ils s’exprimaient publiquement.
Selon des sources d’Amnesty International, les interrogateurs et les responsables carcéraux ont perpétré des violences sexuelles sur des détenus masculins. Ils les déshabillaient et ils les forçaient à se mettre nus. Puis, ils leur infligeaient des violences sexuelles verbales. Ensuite, ils les aspergeaient de poivre dans la zone génitale. De surcroît, ils leur donnaient des décharges électriques dans les testicules.
Trampled Humanity cite une victime de la province de Khorasan Razavi, soumise au waterboarding (la torture par l’eau). Il a déclaré à Amnesty International : « Ils [mes interrogateurs] trempaient une serviette dans l’eau et la posaient sur mon visage. Puis, ils versaient lentement de l’eau sur la serviette, ce qui me donnait l’impression d’étouffer… Ils arrêtaient… Jusqu’à ce que je commence à me sentir mieux, et ils recommençaient à me torturer de cette façon. Ils me donnaient, en outre, des coups de poing, de pied et de fouet sur la plante des pieds avec un câble. »
Novembre 2019 : Manifestations en Iran
Les forces de sécurité du régime ont fait un usage excessif de la force contre les manifestations de novembre 2019. En effet, le régime avait brusquement augmenté les prix de l’essence quelques jours plus tôt.
Au moins 1 500 manifestants, dont des enfants, ont été tués lors d’une coupure d’Internet pendant la répression.
Le régime iranien a donc condamné de nombreux manifestants à de lourdes peines de prison, à des coups de fouet et même à la mort pour empêcher d’autres protestations.
Source : Iran HRM
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