lundi 21 septembre 2020

Un aperçu des peines injustes prononcées contre les manifestants en Iran


 CSDHI – Afin de prévenir toute protestation et tout soulèvement, le régime iranien a pris pour cible ses manifestants et ses opposants. En premier lieu, il tente d’étouffer toute dissidence en prononçant de lourdes peines.

L’injustice des peines et l’horreur des tortures

Ces derniers mois, les responsables du régime ont officiellement averti dans les médias officiels que des manifestations nationales, bien plus étendues qu’en décembre 2017 et novembre 2018, sont très probables. Les preuves montrent que le régime s’est fortement appuyé sur la répression pour contenir l’atmosphère explosive de la société.

Les participants des manifestations pacifiques risquent de lourdes peines de prison et de flagellation, voire des exécutions.

Les détenus seraient harcelés, torturés, battus, fouettés, soumis électrocutés, suspendus au plafond, soumis à des simulacres d’exécution, à la torture par l’eau, à des violences sexuelles. Sans oublier le refus de leur accorder des soins médicaux.

Des témoins oculaires et d’anciens détenus ont raconté des histoires choquantes de violence pendant leur détention.

Beaucoup d’entre eux ont été interrogés en isolement sans possibilité de contacter leur famille ou leur avocat. Ils ont été torturés pour faire des aveux télévisés.

Les détenus dont il est question sont des femmes, des jeunes, des enfants, des éducateurs, des travailleurs, des étudiants, des athlètes et des artistes.

Le présent article est un bref aperçu des condamnations à mort, des peines de fouet et des emprisonnements brutaux des personnes arrêtées dans différentes villes d’Iran car elles ont fait valoir leur droit à la liberté d’expression.

Au moins 34 prisonniers politiques et prisonniers de conscience sont actuellement dans le couloir de la mort en Iran. Parmi ces prisonniers, on compte 10 personnes arrêtées pendant les manifestations nationales.

Exécution de manifestants

Deux des manifestants détenus pendant les manifestations nationales ont été récemment exécutés.

Mostafa Salehi, arrêté pendant les manifestations de décembre 2017-janvier 2018, a été exécuté à l’aube du 5 août 2020 à la prison de Dastgerd à Ispahan.

Navid Afkari Sangari, 27 ans, a été exécuté le 12 septembre 2020 dans la prison d’Adelabad à Chiraz. Lui et ses deux frères, Vahid et Habib, ont été arrêtés lors des manifestations d’août 2018 à Kazeroun et à Chiraz.

Les mollahs l’avaient condamné à deux reprises à la peine de mort pour avoir participé aux manifestations d’août 2018. En plus, ils l’avaient condamné à six ans et six mois de prison et à 74 coups de fouet.

Pour faire de faux aveux contre eux-mêmes, ils ont sévèrement torturé Mostafa Salehi et Navid Afkari, en prison.

La cour suprême aes condamnations à mort d’Amir Hossein Moradi, Saeed Tamjidi et Mohammad Rajabi, trois citoyens arrêtés lors des manifestations nationales de 1998, ont été confirmées par , le 25 juillet 2016.

Les trois détenus n’ont pas eu accès à un avocat pendant les interrogatoires. Ils auraient été torturés pendant cette période. Amir Hossein Moradi dit avoir été forcé de faire des « aveux » qui ont été diffusés à la télévision officielle. Ces aveux ont été utilisés comme preuve pour condamner les prisonniers.

Hossein Reyhani est un autre des détenus des manifestations de novembre 2019. Il a 33 ans et vivait à Islamshahr, à Téhéran. Les agents du régime l’ont arrêté en décembre 2019 et accusé d’avoir envoyé un SMS pendant les manifestations. Le tribunal l’a inculpé pour « moharebeh. » Le tribunal révolutionnaire d’Islamshahr a transmis son dossier à la cour suprême pour qu’elle statue. L’accusation de Moharebeh par le tribunal révolutionnaire d’Islamshahr pourrait entraîner sa condamnation à mort.

En mars 2020, la deuxième branche du tribunal révolutionnaire d’Ispahan a condamné cinq prisonniers à mort. Hadi Kiani, Mehdi Salehi Qaleh Shahrokhi, Mohammad Bastami, Majid Nazari Kondari et Abbas Mohammadi ont été arrêtés lors des manifestations de décembre 2017. Ces cinq prisonniers sont détenus dans la prison de Dastgerd à Ispahan.

Mohammad Keshvari, fils de Hamid de Khorramabad est arrêté au cours des manifestations de novembre 2019 dans cette ville. Il a été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 28 juin 2020. Il est actuellement détenu à la prison de Khorramabad.

Des peines de flagellation pour les manifestants iraniens arrêtés

La flagellation est une pratique courante en Iran. Mais l’année dernière, le nombre de condamnations à la flagellation contre des manifestants a fortement augmenté.

Bien que l’article 1er de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants définisse la flagellation comme une forme de torture.

Nombre de personnes condamnées au fouet : 28

Nombre total : 1270 coups

Exécution des peines de flagellation : 2 cas

Les détenus protestataires en Iran sont soumis à de lourdes peines.

A cet égard, 28 d’entre eux ont été condamnés au fouet par la justice du régime, pour un total de 1 270 coups.

Cas d’espèce

Navid, Vahid et Habib Afkari Sangari, trois frères arrêtés lors des manifestations d’août 2018, ont été jugés séparément par le tribunal révolutionnaire et la cour pénale de Chiraz. Finalement, le régime les a condamnés à mort, au fouet et à la prison.

Navid Afkari Sangari a été condamné à deux peines de mort, six ans et six mois de prison, et 74 coups de fouet pour le meurtre présumé d’un agent de la sécurité, entre autres charges.

Son frère Vahid, âgé de 35 ans, a été condamné à 54 ans et six mois de prison et 74 coups de fouet, pour complicité présumée de meurtre, entre autres charges. Le troisième frère, Habib, âgé de 29 ans, a été condamné à 27 ans et trois mois de prison et 74 coups de fouet.

Navid Afkari a été pendu le 12 septembre 2020.

Lundi 8 juin 2020, les agents du régime ont fouetté Ali Azizi et Aliyar Hosseinzadeh, deux Iraniens arrêtés lors des manifestations nationales de novembre 2019 . Ces citoyens ont été condamnés par la cour pénale d’Oroumieh.

La cour suprême a confirmé les condamnations à mort d’Amir Hossein Moradi, Saeed Tamjidi et Mohammad Rajabi. Ce sont trois Iraniens arrêtés lors des manifestations de novembre 2019. Le tribunal révolutionnaire de Téhéran a prononcé des peines de fouet (222) et d’exécution.

Le tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné Morteza Omidbiglou,un manifestant de novembre 2019, à 14 ans de prison, 222 coups de fouet et 3 mois de service gratuit.

Mohammad Eghbali Golhin, un citoyen arrêté lors des manifestations de novembre 2019, a été condamné par la branche 10 du tribunal pénal de Shahriar à 11 ans de prison, 74 coups de fouet et un an d’exil en Biscaye.

Le tribunal révolutionnaire de Karaj a condamné Fatemeh Kohanzadeh, , à un an de prison et deux ans de service de nettoyage dans un hôpital de Karaj. Il s’agit d’une Iranienne arrêtée lors du 40ème anniversaire de Pouya Bakhtiari, une des victimes des manifestations de novembre 2019. Le tribunal pénal de Karaj l’a également condamnée à six mois de prison et à 50 coups de fouet avec sursis pour « trouble à l’ordre public. »

La justice iranienne a condamné six citoyens arrêtés lors des manifestations de novembre 2019 à payer une amende de 15 millions de rials en échange de huit mois de prison et de 20 coups de fouet. Ils s’appellent Keyvan Pashaei, Ali Azizi, Amin Zare, Salar Taher Afshar, Aliyar Hosseinzadeh et Yasin Hassanpour.

Le tribunal pénal de Chiraz a jugé six mineurs arrêtés lors des manifestations de novembre 2019. Il s’agit de  Mohammad Reza Heydari, Amir Bavi, Jabbar Fuji, Ali Akbarnejad, Reza Akbarnejad et Salar Fuji. Leurs peines sont : 468 coups de fouet, des amendes et des peines de substitution (effectuer des services publics non rémunérés). Le tribunal a condamné deux d’entre eux à un total de six mois de prison.

la cour pénale d’Ardabil  a condamné par contumace, Meysam Jolani, un militant turc (azerbaïdjanais) arrêté lors des manifestations de novembre 2019, à 6 mois de prison et 74 coups de fouet.

Siavash Norouzi, étudiant en graphisme à l’université de Chiraz et l’un des détenus des manifestations de janvier 2020, a été condamné par le tribunal révolutionnaire de Chiraz à sept ans de prison. Dans l’autre partie de son affaire, la branche 101 du tribunal pénal de Chiraz a condamné Norouzi à un an de prison et 74 coups de fouet.

La cour pénale de Tabriz a condamné Ayyoub Shiri, arrêté en novembre 2019, à un an de prison et 74 coups de fouet.

Fatemeh Davand, est une prisonnière politique. Les autorités iraniennes l’avaient déjà condamnée à un total de cinq ans et cinq mois de prison et 30 coups de fouet dans des sentences distinctes à Bukan et Mahabad. Puis elles l’ont arrêtée et transférée à la prison d’Oroumieh pour purger sa peine. Cette Iranienne de Bukan a fait des aveux forcés, diffusés sur la chaîne 2 de la télévision officielle, quelques jours après son arrestation.

Torture des manifestants iraniens détenus

La torture et les mauvais traitements des prisonniers sont une pratique courante dans les prisons iraniennes. Le système judiciaire du régime a toujours nié les allégations de torture pendant les interrogatoires. Cependant, il justifie la torture et les mauvais traitements des prisonniers par les lois de la charia et son propre code pénal.

De nombreuses lettres et informations choquantes proviennent de l’intérieur des prisons iraniennes et d’anciens prisonniers. Elles indiquent que les agents du régime ont torturé des manifestants pour faire de faux aveux.

Mostafa Salehi

Le régime a exécuté Mostafa Salehi, le 5 août 2020. Il l’a torturé et harcelé pendant son interrogatoire.

Il a passé huit mois en isolement dans la prison du ministère du renseignement à Dowlat-Abad. Ensuite, il a passé cinq autres mois en isolement dans la prison Dastgerd d’Ispahan. Ses mains étaient menottées et ses jambes  enchaînées. Confiné dans sa cellule d’isolement, il n’avait ni matelas ni couverture. Il n’a eu aucun droit de visite pendant 14 mois. Il n’a reçu qu’un petit morceau de pain comme repas quotidien.

Les interrogateurs lui ont cassé les membres et les dents sous la torture. Ils l’ont gravement blessé au cou et à la colonne vertébrale pour le forcer à coopérer avec le ministère du renseignement. Ce dernier l’a forcé à accepter de faire de faux aveux télévisés. Mais malgré les pressions et les tortures, il n’a cessé de dire : « Je suis innocent ! »

Navid, Habib et Vahid Afkari

Après leur arrestation, les agents ont torturé sévèrement Navid, Habib et Vahid Afkari pour témoigner l’un contre l’autre. A tel point que Vahid Afkari a tenté de se suicider deux fois en prison.

Navid et Vahid Afkari ont déclaré dans des enregistrements de la prison de Chiraz qu’ils ont avoué sous la torture. Dans un autre, diffusé dans le cadre du procès de Navid Afkari, il dit qu’il existe un rapport médico-légal sur les tortures subies et qu’il a un témoin.

Le juge a cependant refusé d’auditionner le témoin de ses tortures au bureau de police de Chiraz. Il a déclaré : « Il n’y a pas lieu de le faire. Si le tribunal le juge nécessaire, il examinera l’affaire. »

Amir Hossein Moradi, Mohammad Rajabi et Saeed Tamjidi

Amir Hossein Moradi, Mohammad Rajabi et Saeed Tamjidi ont protesté dans tous leurs procès. Ils ont affirmé que le régime leur a extorqué leurs aveux sous la torture.

Morteza Omidbiglou

Morteza Omidbiglou a écrit une lettre décrivant sa détention et ses interrogatoires sous la menace, la torture et les coups. Des officiers l’ont menacé de violer et de maltraiter sa femme s’il ne se pliait pas à leurs exigences. Omidbiglou a également déclaré que dans le centre de détention, les agents lui ont cassé les dents et l’ont battu. Pendant une semaine, ils l’ont frappé et torturé.

Abolfazl Karimi

Abolfazl Karimi est un adolescent arrêté lors des manifestations de novembre 2019. Il purge une peine de 27 mois au pénitencier du Grand Téhéran. Aborfazl Karimi est né le 27 novembre 2001. Il était âgé de moins de 18 ans au moment de son arrestation. Le jeune détenu a décrit sa situation : « Un des agents m’a donné un coup de pied au visage et je suis tombé. Un autre m’a donné un coup de pied dans le ventre et a utilisé un langage vulgaire. Un autre agent m’a frappé à la tête avec son arme et ma tête a commencé à saigner. Ils m’ont mis un sac sur la tête et m’ont forcé à monter dans une voiture. Environ trente minutes plus tard, nous sommes arrivés au service du renseignement des pasdarans dans mon quartier d’Akbar Abad…

« On m’a interrogé pendant deux jours à Evine. Ils m’ont dit : « Si tu ne parles pas, nous ferons venir ta mère ici. Puis ils ont dit qu’ils amèneraient ma petite amie et la violeraient. J’ai pleuré. Ils m’ont torturé mentalement. J’ai passé environ 50 jours en isolement dans le pavillon 2A des pasdarans. Après cela, ils m’ont mis dans la salle générale pendant 15 jours. Pendant tout ce temps, je n’ai pu contacter ma famille qu’une seule fois. »

Hossein Reyhani

Hossein Reyhani s’est vu refuser l’accès à un avocat pendant des mois après son arrestation. Personne ne l’a informé sur son affaire. A plusieurs reprises, il a subi des tortures physiques. Les interrogateurs lui ont donné des coups de tuyau dans le dos et sur les côtés, aux membres. Il risque d’être exécuté en prison.

Le mot de la fin

Iran Human Rights Monitor appelle la communauté internationale, et en particulier les organisations de défense des droits humains, à condamner fermement le meurtre et l’exécution de manifestants par le régime iranien. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit mettre à son ordre du jour la situation désastreuse des droits humains en Iran. Il doit envoyer une délégation internationale pour visiter les prisons iraniennes. Celle-ci doit rencontrer les prisonniers, en particulier ceux qui ont été arrêtés lors du soulèvement de novembre 2019.

Source : HRM

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