Une exécution soudaine, précipitée
L’exécution soudaine de Navid Afkari a choqué son équipe d’avocats. Dans une interview accordée le dimanche 13 septembre, Babak Paknia a déclaré qu’il avait été pris par surprise en apprenant l’exécution de Navid Afkari.
« Certaines conditions doivent être remplies avant qu’une exécution ne soit exécutée. Aucune de ces conditions n’existait à ce moment-là », a déclaré Babak Paknia qui est le conseiller juridique de l’équipe d’avocats de Navid Afkari.
Poursuivi dans trois affaires distinctes
Le régime iranien a poursuivi Navid Afkari dans trois affaires. L’une d’entre elles avait été jugée et la peine de « rétribution » avait été prononcée.
La deuxième affaire était une accusation de sécurité. Il était poursuivi pour « moharebeh » (faire la guerre à Dieu). Et la troisième affaire concernait un affrontement avec les forces de sécurité.
Selon M. Paknia, la deuxième affaire était en cours d’appel, mais les deux autres affaires étaient encore en cours d’examen.
Soulignant le fait que l’affaire de sécurité de Navid Afkari n’avait pas été finalisée par la cour suprême, M. Paknia a demandé : « Pourquoi tant de précipitation ? Selon les procédures légales, le pouvoir judiciaire est censé faire de son mieux pour obtenir le consentement (des parents de la victime) même s’il est prouvé qu’un meurtre a effectivement eu lieu. »
Deux des affaires montées contre lui, n’étaient pas closes
Dans une autre interview, Paknia a déclaré : « Non seulement ils se sont précipités pour exécuter la sentence, mais même les préparatifs juridiques n’ont pas été respectés. Navid Afkari avait deux autres affaires en cours de traitement. Nous étions détendus, occupés à préparer notre défense. Nous avions l’intention de présenter un projet de défense plus solide à la cour suprême et de demander une révision. Malheureusement, cette hâte a privé Navid et ses avocats de cette opportunité. »
« Tous les verdicts de rétribution (loi du Talion) sont essentiellement exécutés lorsqu’il n’y a plus d’affaires (contre le condamné) », a souligné M. Paknia.
Selon M. Babak Paknia : « Dans les règlements de rétribution, le législateur a obligé le juge à informer diverses autorités, y compris l’avocat du condamné, au moins 48 heures avant l’exécution du verdict. Le condamné, lui-même, doit être informé afin qu’il puisse recevoir une dernière visite des personnes qu’il souhaite voir. Et les autorités judiciaires doivent prévoir les conditions de cette visite. Même si le condamné est placé en isolement dans les derniers jours, les conditions doivent être telles que le condamné a compris que son verdict va être exécuté. Curieusement, dans cette affaire, les autorités iraniennes n’ont exécuté et respecté aucune de ces procédures. Voilà ce que j’ai constaté en discutant avec les avocats de cette affaire. »
Des ambiguïtés incontestables
L’avocat agréé Babak Paknia a également soulevé les points suivants :
« En plus des ambiguïtés de forme, il y avait beaucoup d’ambiguïtés dans le contenu de cette affaire…
« Il y avait aussi d’autres questions concernant l’avis du bureau du médecin légiste…
« Les autorités carcérales n’ont pas respecté le droit de la victime à une dernière visite. Ils n’ont pas non plus informé son avocat de l’exécution du verdict de mort…
« Afkari a pris contact avec sa famille à 23h30, la veille de son exécution. Sa conversation pendant cet appel montre que « toutes les circonstances étaient normales à ce moment-là ».
Le pouvoir judiciaire du régime clérical a exécuté Navid Afkari à la hâte à l’aube du samedi 12 septembre 2020. Les autorités de la prison d’Adelabad de Chiraz ne lui ont même pas permis de dire adieu à sa famille.
Il est parti sans pouvoir dire adieu à ceux qu’il aimait
Un nombre limité de membres de sa famille et de ses proches l’a enterré la nuit du jour de sa pendaison. L’enterrement s’est déroulé sous des conditions sécuritaires strictes dans le village de Sangar, dans le comté de Sepidan, dans la province de Fars. Un grand nombre d’agents en civil étaient présents sur les lieux.
Les lettres et les messages vocaux de Navid depuis la prison, soulignant les tortures qu’il avait subies pour faire de faux aveux, ont conduit à une campagne mondiale pour l’annulation de sa condamnation à mort.
Dans l’un des messages vocaux, il a dit que le régime voulait une excuse pour le pendre.
« J’au écrit sans cesse qu’ils m’ont forcé à avouer sous la torture. de plus, ils ne possédaient pas une seule preuve de ma culpabilité dans cette maudite affaire. A aucun moment, ils n’ont entendu ma voix. »
« J’ai réalisé qu’ils voulaient juste un cou pour passer une corde autour », a déclaré Navid Afkari dans le message depuis la prison.
L’exécution de Navid Afkari a provoqué l’indignation en Iran. Le monde entier a condamné cette cruelle exécution.
Source : Iran HRM
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