La communauté internationale a beaucoup de travail à faire si elle veut compenser les effets négatives de plusieurs décennies de politique de complaisance envers le régime iranien dans l’espoir que son comportement évolue vers la modération. Cet espoir a été déçu à maintes reprises depuis l’arrivée au pouvoir des mollahs en 1979. Et le seul effet notable a été l’enracinement croissant d’un sentiment d’impunité parmi les dirigeants du régime intégriste.
La population toujours croissante de prisonniers politiques iraniens en a fait les frais, comme l’a montré la répression récemment contre la dissidence à la suite de deux soulèvements populaires contre le système théocratique. Lors du premier de ces soulèvements en janvier 2018, des dizaines de manifestants pacifiques ont été tués et plusieurs milliers ont été arrêtés. Lorsque des slogans antigouvernementaux comme « à bas le dictateur » ont réapparu en novembre 2019, le nombre de morts est très rapidement monté à 1 500 et le nombre d’arrestations est passé les 12 000.
Les détenus des deux soulèvements risquent toujours d’être exécutés, tout comme les participants aux manifestations qui ont suivi. C’est l’une de ces manifestations qui a finalement conduit à l’exécution du champion de lutte Navid Afkari au début du mois. Cette exécution a eu lieu quelques semaines à peine après la confirmation de sa double condamnation à mort, et au mépris d’un grand nombre d’appels internationaux lancés à Téhéran pour épargner sa vie.
L’exécution d’Afkari a mis en évidence l’ampleur de la résistance du régime à la réforme ou à la modération. C’était sans doute un facteur majeur dans la décision des décideurs européens de condamner plus formellement la répression sous-jacente. Mais cela devrait aussi amener ces mêmes décideurs à se préparer au rejet par le régime des avertissements que leurs diplomates recevront bientôt.
Il faudra bien plus qu’une série de convocations pour que le régime conclue que son hypothèse d’impunité est erronée. Téhéran ne changera pas ses habitudes simplement parce que la communauté internationale a exprimé sa désapprobation. Il ne répondra qu’à une pression coordonnée liée au bilan du régime en matière de droits de l’homme. En fait, les principaux groupes d’opposition iraniens cherchent depuis longtemps à convaincre la communauté internationale qu’en ce qui concerne les droits de l’homme et toutes les autres questions, « la fermeté» est le seul langage que comprend le régime scélérat.
Des représentants de ces groupes étaient présents ces derniers jours à un certain nombre de rassemblements organisés à Washington et dans diverses villes européennes par le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI). Leur message allait plus loin que tout gouvernement occidental, y compris les États-Unis, en ce sens qu’il appelait non seulement à la réimposition des sanctions de l’ONU qui ont été suspendues depuis 2016, mais aussi au réexamen des violations des droits de l’homme et des actes terroristes du régime durant ses 41 années d’existence.
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