L’évènement qui s’est déroulé sur trois jours, a vu la participation de onze anciens Premiers ministres, cinq anciens présidents de Parlement, soixante-dix anciens ministres de divers pays, ainsi que 30 sénateurs américains et des dizaines de députés et de personnalités.
Ils ont souligné la solidarité des peuples de ces pays avec la Résistance iranienne pour la liberté et la souveraineté populaire, et mis en avant le plan en dix points de Maryam Radjavi pour une république démocratique, pacifique et non nucléaire fondée sur la séparation de la religion et de l’État et la coexistence pacifique.
Michèle Alliot-Marie, qui a assumé les portefeuilles ministériels de la Défense, de l’Intérieur, de la Justice et des Affaires étrangères (2002 -2011), a déclaré à l’événement virtuel Pour un Libre 2021 :
« D’abord, toutes mes salutations amicales à Maryam Radjavi, je voudrais remercier votre présidente de m’avoir invité une nouvelle fois à venir participer à votre grand rassemblement annuel. C’est vrai que ce rassemblement, une fois de plus se passe dans des conditions particulières.
Le Covid ne nous permet pas de nous rencontrer directement. Mais heureusement, la technologie nous permet néanmoins de dialoguer. Et je pense que dans cette période, c’est important de pouvoir continuer à entretenir des relations, voire continuer à réfléchir ensemble à ce qui se passe dans le monde.
Un monde toujours plus complexe, un monde qui a besoin de personnalités telles que Maryam Radjavi, avec son attachement aux droits de l’homme, son attachement aux valeurs démocratiques, son attachement à la laïcité et aux droits des femmes, à pouvoir s’exprimer. Alors oui, Maryam Radjavi, je vous souhaite une nouvelle fois de pouvoir continuer longtemps à mener ce combat pour vos idées, pour vos valeurs.
Depuis la dernière fois où j’ai eu l’occasion de m’entretenir avec vous, il y a un évènement majeur pour toute démocratie qui s’est passé en Iran. Cet évènement majeur, c’est l’élection présidentielle.
Et c’est vrai que dans tous les pays démocratiques, l’élection présidentielle est un moment particulier, le moment probablement le plus intense pour une démocratie, celui où l’ensemble des citoyens choisissent celle ou celui qui sera le président, c’est à dire qui donnera les grandes orientations en fonction de ce que veulent les citoyens.
Celui qui est également qui est en charge de préparer l’avenir, celui qui est en charge de représenter le pays à l’extérieur.
Et parce qu’il y a à la fois cet enjeu majeur pour le futur, mais aussi la participation de tous les citoyens, qu’une élection présidentielle est un moment fort dans une démocratie. Hélas, ce moment a pris un aspect particulier en Iran, loin de ce que l’Union européenne attend et espère pour un grand pays comme l’Iran.
D’abord, la première des choses, et qui est contraire aux principes démocratiques, c’est que le choix même des électeurs a été restreint. Normalement, on choisit son président parmi un grand nombre d’hommes et de femmes qui sont candidats.
Il ne s’agit pas de principes occidentaux, il ne s’agit pas de principes américains, il ne s’agit pas de principes asiatiques. C’est le principe de l’idée même de la démocratie. C’est la première lacune en ce qui concerne la première atteinte aux principes démocratiques. Mais ensuite, il y en a eu une autre.
Parce que l’élection était en quelque sorte jouée d’avance, puisque ceux qui auraient pu rivaliser avec sursis étaient dès le départ écartés.
C’est pour cette raison qu’un grand nombre de Iraniennes et Iraniennes ne sont pas allés voter. Le taux de participation à cette élection présidentielle a été le plus bas depuis la création en 1979 de la République islamique.
Moins d’un électeur sur trois s’est déplacé pour voter pour le candidat à la présidentielle. C’est effectivement un vrai problème démocratique. Des choses que l’on peut éventuellement admettre pour d’autres types d’élections.
Mais compte tenu de l’enjeu d’une élection présidentielle, il est évident que ce chiffre est aussi caractéristique.
Enfin, enfin, et c’est essentiel pour la vie quotidienne des Iraniennes et des Iraniens, comme c’est essentiel d’ailleurs pour l’équilibre du monde, pour les perspectives de dialogue.
Il est vrai que les perspectives d’amélioration de la situation, des libertés et de la démocratie, les perspectives de renforcement du dialogue entre l’Iran et les pays occidentaux ne sont guère encourageantes.
Le nouveau président, chacun le sait, incarne la ligne dure de ce régime qui est caractérisé par le rejet de l’Occident, certes, mais aussi des valeurs auxquelles aspirent la majeure partie de la société iranienne.
Et en partie, les femmes et les jeunes qui se sont probablement les plus brimés par les règles actuelles. Je crains que ce grand pays dont j’admire la culture et d’histoire et le peuple, ne se referme encore plus.
Tout ceci me fait craindre effectivement que l’Iran pays ne devienne encore plus un facteur de tensions internationales, alors même, je l’ai dit et je le pense sincèrement, alors même que l’Iran a un immense rôle à jouer dans le monde actuel comme un facteur de stabilisation de la région et de paix dans le monde.
L’Iran est un grand pays et a toujours joué un rôle international et devrait pouvoir jouer ce rôle international, mais à condition, bien entendu, de s’ouvrir à condition de respecter un certain nombre de règles internationales.
Et à condition aussi que son peuple puisse bénéficier d’un certain nombre de libertés, du respect de l’égalité entre les hommes et les femmes et de la possibilité de s’exprimer, de la possibilité d’avoir une opposition respectée. Mais il est évident que le choix des dirigeants ne peut pas être imposée de l’extérieur. C’est aux Iraniennes et aux Iraniens eux-mêmes de choisir leurs dirigeants.
Mais ce que je dis aussi, c’est qu’il y a un certain nombre de valeurs communes qui dépassent les pays. Et dans ces valeurs, il y a la démocratie. Dans ces valeurs, il y a le respect des droits des femmes, l’égalité des femmes. Il y a le respect du droit à s’exprimer. Il y a le respect de l’opposition.
C’est tout cela aujourd’hui qui manque. Et on a vu, à travers la grande abstention et le ras-le-bol qui est exprimé par un certain nombre de Iraniennes et d’Iraniens, qu’il faut que l’Iran bouge dans ce domaine.
Il est évident que le monde entier compte sur un Iran qui soit un facteur de paix et de stabilité. Eh bien pour cela, c’est aussi aux Iraniennes et aux Iraniens eux-mêmes de montrer qu’ils ne sont pas d’accord avec certaines options qui sont prises aujourd’hui. »
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