L’évènement qui s’est déroulé sur trois jours, a vu les interventions de onze anciens Premiers ministres, cinq anciens présidents de Parlement, soixante-dix anciens ministres de divers pays, ainsi que 30 sénateurs américains et des dizaines de députés et de personnalités.
Ils ont souligné la solidarité des peuples de ces pays avec la Résistance iranienne pour la liberté et la souveraineté populaire, et mis en avant le plan en dix points de Maryam Radjavi pour une république démocratique, pacifique et non nucléaire fondée sur la séparation de la religion et de l’État et la coexistence pacifique.
Dans son intervention, Bernard Kouchner, a déclaré : « Depuis la venue de Khomeiny en France et même avant, je suis le plus attentivement possible les soubresauts de la politique au Moyen-Orient et spécialement la politique de Téhéran.
Nous en connaissons les grandes lignes et nous affichons nos opinions en fonction des changements des politiques internationales et de nos connaissances.
Mais aujourd’hui, après les élections dont nous devons tirer quelques conclusions, je voudrais parler des Iraniens. Je voudrais si possible m’adresser aux Iraniens.
Je connais un peu le pays pour y être intervenu comme médecin à plusieurs reprises et je sais l’histoire longue et passionnante de toute la région et de ce peuple valeureux et érudits que sont les Iraniens, un peuple peut être plus historique, si j’ose dire que les autres.
J’ai beaucoup lu sur les religions, la langue et les très nombreux et mortels conflits… Je veux, dans un texte trop court, affirmer que j’ai un grand respect pour les femmes, les hommes et les enfants de ce pays que l’on nomme Iran.
Permettez-moi d’abord de vous faire remarquer – parce que je suis français et que ce pays a quelques petites connaissances des républiques et a un rôle à y jouer – une telle appellation « République islamique » ne peut pas comporter comme une évidence que le choix de la religion est déjà fait pour tout le monde.
Une république se doit d’être laïque et les religions sont des choix individuels, souvent familiaux. La République, c’est d’abord la liberté de choix et donc la liberté religieuse, libertés individuelles…
C’est donc lui, Ali Khamenei, 82 ans, qui a arbitré par avance, qui a sélectionné les candidats. Et l’élection vient de nommer un extrémiste qui s’appelle Ebrahim Raïssi. Notons qu’en Iran, on ne dit pas élection, on dit sélection.
Parce que sélection, ça veut dire que c’est en réalité Khamenei qui a interdit aux gens un peu plus ouverts de se présenter à ces mêmes élections, et qui a donc élu Ebrahim Raïssi.
Comment les Iraniens ont-ils interprété cette élection ? D’abord, ils ne l’ont pas beaucoup interprété eux-mêmes, parce que plus de la moitié des Iraniens présents en Iran n’ont pas voté. C’était en effet pour se doter d’un homme qui restait conservateur et même extraordinairement dictatorial et assassin toute sa vie.
Si on en lit les textes des Nations unies ou d’Amnesty International – il a été à l’origine de la torture ou de l’exécution de milliers d’Iraniens. Il a été le procureur général de plusieurs régions, puis le procureur général de l’Iran, puis finalement la figure centrale de l’appareil judiciaire iranienne. Et c’est pour ça qu’on l’a choisi comme celui qui pourrait succéder à Khamenei.
Alors, si on veut bien croire les textes des Nations unies, ce nouveau président était passible d’une enquête internationale pour complicité de crimes contre l’humanité. Donc, cette élection est une insulte pour les militants des droits de l’homme.
On l’accuse, entre autres, d’être membre de ce qu’on appelle la Commission de la mort, qui a fait le choix de ceux, par milliers, qui allaient mourir et de ceux qu’on allait jeter dans les fosses communes ou brûler les corps.
Donc, en matière de droits de l’homme, c’est évidemment un personnage tout à fait détestable. Pendant 40 ans Ebrahim Raïssi a été l’un des tortionnaires et exécutants en charge, avec la complicité évidemment de la présidence, de l’imam, etc.
Une espèce de frayeur mondiale s’est manifesté à son encontre. Pour les militants des droits de l’homme… c’est un épouvantail pour eux.
Et donc c’est lui qui maintenant présidera aux destinées du pays, sous la direction de Khamenei. Et maintenant, on va attendre de savoir quelles sont les manifestations… Vous savez qu’à Vienne, il y a des pourparlers pour qu’on revienne à une politique plus ouverte et d’entente sur ce qui avait constitué un grand progrès sur la stratégie nucléaire de l’Iran, une surveillance internationale qui a été acceptée et qui, avec M. Trump a disparu.
Alors maintenant, on a interrogé M. Raïssi en tentant de renouer l’accord qui avait eu lieu et qui se discute encore à Vienne en ce moment, sur le contrôle du programme nucléaire de l’Iran.
Et M. Raïssi aurait dit qu’il était partisan de cette ligne stratégique, ce qui est le contraire de ce qu’il a fait toute sa vie, puisque depuis 20 ans il a été procureur et décidait de la mort des gens. J’espère que c’est vrai. J’en doute beaucoup. Merci. »
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