Des sources proches de sa famille confirment que ce transfert n’a eu lieu qu’après des semaines de retard, mettant sa vie en danger en raison du risque de rupture de l’hernie. Les activistes des droits humains avertissent que ce type de négligence médicale délibérée constitue une forme de torture prolongée, largement pratiquée à l’encontre des détenus politiques en Iran.
Biographie et parcours
Né en 1955 dans le village de Pirlouheh, près de Tabriz, Ayoub Porkar a été pilote de chasse dans l’armée de l’air iranienne avant d’être expulsé pour son opposition au régime clérical. Ses liens familiaux et ses sympathies supposées envers l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) l’ont placé sous surveillance des forces de sécurité.
Le 3 janvier 2009, il est arrêté à Téhéran par des agents du Ministère du renseignement. Lors d’un procès à huis clos le 28 novembre 2009, la Section 26 du Tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge Mohammadreza Pour-Abbasi, le condamne à mort pour moharebeh (« inimitié contre Dieu ») via sa prétendue collaboration avec le PMOI.
La peine est ensuite commuée en 20 ans de prison par la Cour d’appel.
17 ans de détention sans permission
Depuis son arrestation, Ayoub Porkar a passé plus de 17 ans en détention sans libération ni permission, transféré à plusieurs reprises :
Evine (Téhéran)
Prison de Behbahan
Karun, Shushtar
Sheiban (Ahwaz), où il est détenu depuis février 2016
Chaque transfert a restreint l’accès à sa famille et à un avocat. Ses proches, résidant à Téhéran, ont rarement pu lui rendre visite. D’anciens détenus le décrivent comme un homme intègre, refusant de participer à des aveux télévisés forcés ou d’exprimer des regrets.
Détérioration de la santé et négligence médicale
Ayoub Porkar souffre de plusieurs maladies chroniques, dont :
Arthrose sévère des genoux
Varicocèle testiculaire avancée (grade III)
Hernie abdominale progressive
Certaines de ces conditions sont consécutives à des tortures subies lors des interrogatoires, aggravées par des années de négligence médicale délibérée. Selon des sources informées de la prison, il avait de grandes difficultés à marcher et endurait une douleur intense, mais les responsables pénitentiaires lui ont toujours refusé l’accès à des soins spécialisés, se contentant de lui fournir des analgésiques.
Le récent transfert hospitalier constitue le premier traitement externe reçu en 17 ans, obtenu uniquement sous pression des codétenus et grâce aux appels persistants des défenseurs des droits humains.
La prison de Sheiban : symbole de « torture blanche » et de privation médicale
Située à 12 km d’Ahwaz, sur la route de Masjed-Soleyman, la prison de Sheiban (complexe correctionnel professionnel d’Ahwaz) est l’un des centres de détention les plus notoires d’Iran. Construite en 2015 pour 3 150 détenus, elle en accueille désormais plus de 4 500, dont des centaines de prisonniers politiques et de conscience.
Conditions critiques :
Surpopulation extrême
Eau contaminée
Nourriture avariée
Absence d’hygiène de base
Ces conditions en font une « chambre de torture silencieuse ». Récemment, plusieurs rapports ont documenté :
Intoxications alimentaires massives
Grèves de la faim
Exécutions secrètes de prisonniers arabes
En septembre 2025, plus de la moitié des détenus ont été intoxiqués par de la viande avariée. Le 3 octobre, six prisonniers arabes ont été exécutés secrètement et enterrés sans que leurs familles soient informées.
Le quartier 5, qui abrite la plupart des prisonniers politiques, dont Ayoub Porkar, est décrit comme étouffant, insalubre, et refusant régulièrement l’accès aux soins médicaux, même pour les cas graves.
Analyse juridique : violations systématiques des droits humains
Le cas d’Ayoub Porkar illustre la violation continue des normes internationales par le régime iranien :
Article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme : interdiction de la torture et des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le refus de soins constitue une torture par lenteur.
Article 25 de la DDH : droit à des soins médicaux adéquats.
Article 10 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) : obligation de traiter les détenus humainement.
Règles Mandela : transfert immédiat des prisonniers malades vers des installations médicales spécialisées.
La négligence persistante de l’état à l’égard d’Ayoub Porkar reflète une politique systématique de torture blanche contre les prisonniers politiques.
Réactions internationales
Les institutions de défense des droits humains ont exprimé une inquiétude croissante sur le traitement des prisonniers politiques dans la prison de Sheiban. Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), dans ses déclarations de 2024, a souligné le cas de Porkar et d’autres détenus de longue durée, demandant au Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme et au Rapporteur spécial sur l’Iran de mener des missions d’enquête et d’assurer la libération immédiate des prisonniers malades.
Ces appels reflètent la préoccupation grandissante de la communauté internationale pour les conditions inhumaines dans les prisons iraniennes.
Dimension humaine et sociale
Parmi ses codétenus, Ayoub Porkar est reconnu pour :
Sa modestie et son calme
Ses principes moraux inébranlables
Il a participé aux protestations en prison en 2019 et 2022, appelant constamment au respect de la dignité et des droits humains. Durant ses 17 années d’incarcération, il a subi pressions psychologiques et menaces de confessions télévisées, mais n’a jamais cédé. À 70 ans, fragile mais déterminé, Ayoub Porkar demeure un symbole de résistance morale au sein des prisons iraniennes.
Conclusion et appel à l’action
Le transfert tardif d’Ayoub Porkar à l’hôpital révèle une crise humanitaire profonde dans le système pénitentiaire iranien, mettant en danger la vie des prisonniers politiques.
La communauté internationale doit exiger la libération immédiate des détenus malades et âgés et agir concrètement pour mettre fin à la torture médicale en Iran.
Alors qu’ Ayoub Porkar entre dans sa 18e année d’emprisonnement injuste, sa voix représente des centaines d’autres détenus silencieux, rappelant au monde que la lutte pour la dignité et la justice continue.


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