mardi 28 octobre 2025

Médias iraniens sous contrôle et fracture sociale grandissante en Iran

 Malgré la publication de statistiques alarmantes, les médias iraniens officiels et des responsables comme Masoud Pezeshkian dissimulent les véritables racines de la pauvreté et des inégalités — protégeant ainsi le régime qui les a créées.

Le miroir d’une histoire qui se répète

L’un des moteurs les plus puissants de la révolution iranienne de 1979 fut l’explosion des inégalités de classe.
Alors que la répression politique du Shah s’intensifiait sous la terreur du SAVAK, la pauvreté et les écarts de richesse se creusaient. Les médias iraniens de l’époque publiaient déjà des chiffres sur ces disparités sociales, mais sous la censure et le contrôle de l’État, ils n’osaient jamais en révéler les causes réelles ni les responsables.

Plus de quarante ans plus tard, le même cycle se répète sous le régime actuel.

Les médias iraniens officiels regorgent chaque jour de statistiques sur la pauvreté, le chômage et la dégradation sociale — mais ils restent silencieux sur les institutions et les individus à l’origine de ces injustices.

Malgré la multiplication des rapports, rien ne change.

La soi-disant rhétorique réformiste de responsables comme le président Masoud Pezeshkian ne fait que tromper le public : ses discours reconnaissent la crise, mais n’en affrontent jamais les racines. Les faits sont éloquents : Pezeshkian joue le rôle d’un acteur fidèle dans une mise en scène bien rodée du déni.

Comment un pays “assis sur des réserves de pétrole et de gaz” peut-il encore souffrir de la faim ?

Les médias, instruments du pouvoir totalitaire

Dans les systèmes totalitaires, les médias iraniens agissent comme des instruments de précision au service du pouvoir en place. Leurs reportages et analyses s’alignent mot pour mot sur les intérêts du régime. Ils publient des données et critiquent parfois certaines politiques, mais toujours dans les limites fixées par les dirigeants.

Cette illusion de transparence sert de soupape de sécurité : elle canalise la frustration publique sans jamais remettre en cause le système.

Prenons un exemple récent : un article du quotidien officiel Tose’e Melli, daté du 20 octobre 2025, déclarait :

« Durant l’année scolaire 2022–2023, 902 188 enfants ont quitté l’école. En 2023–2024, ce nombre est passé à 928 729…
L’inégalité de classe se montre sous sa forme la plus nue. Le problème ne réside pas seulement dans l’inégalité : la richesse de quelques-uns repose sur le travail et la souffrance de la majorité… L’écart n’est pas simplement grand — c’est un gouffre, de la terre au ciel. »

Ces articles sont validés par la censure et connus des hauts responsables avant leur publication.
Pourtant, ils ne provoquent ni action, ni réforme, ni reddition de comptes. Les chiffres sont autorisés à circuler parce qu’ils ne représentent aucune menace : ils exposent les symptômes, mais jamais les causes.

Tragédies ordinaires, contraste insupportable

Pendant ce temps, les drames se poursuivent. Un récent rapport racontait la mort de cinq enfants travailleurs dans un accident de voiture près de Mashhad. Les enfants, transportés dans le coffre d’un véhicule, étaient conduits vers les champs de safran de Fariman pour y travailler.

Ils provenaient de familles baloutches pauvres, privées d’éducation et contraintes au travail forcé pour survivre.
Comme le notait un article :

« Ces enfants parcourent des kilomètres pour travailler, seulement pour être écrasés sous les roues du capitalisme. »

À l’autre extrémité du pays, les écoles privées du nord de Téhéran prospèrent : programmes bilingues, infrastructures luxueuses, enseignants formés à l’étranger — tout cela sous la supervision du même ministère de l’Éducation. Ce contraste grotesque met à nu la véritable nature de l’économie iranienne : un système fondé sur l’exploitation, l’inégalité et le privilège.

Le cœur du problème : un régime sans légitimité sociale

La racine de cette injustice se trouve dans la stratégie même de survie du régime. Privé de légitimité sociale, le gouvernement s’appuie sur des oligarques, des banques contrôlées par les pasdarans, et des réseaux de corruption gravitant autour du bureau du Guide suprême — le véritable centre nerveux de l’économie iranienne.

Comment Pezeshkian peut-il prétendre “reconstruire Gaza” alors qu’il est incapable de construire des écoles pour les enfants iraniens ?
Comment des milliards peuvent-ils être transférés au Hezbollah et à d’autres groupes armés à l’étranger, tandis que des écoles à Chabahar restent inachevées ?

Comme l’a confié un habitant du village d’Esfakeh :

« Notre école est restée à moitié construite depuis des années, et elle n’a jamais été terminée. »

Le rôle des médias : gérer la perception, pas informer

La vérité est claire : les médias du régime et ses figures politiques ne servent pas le peuple, mais la préservation du pouvoir. La mission de ces médias iraniens n’est pas d’informer, mais de gérer la perception publique — de normaliser la souffrance et de pérenniser un système corrompu.

Derrière chaque statistique sur la pauvreté et la misère se cache une politique délibérée d’exploitation, et derrière chaque titre promettant une « réforme », un régime déterminé à survivre aux dépens de son peuple.

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