mardi 21 octobre 2025

Retraités et infirmières iraniens manifestent contre la corruption du gouvernement et les entreprises liées à l’État

 Le 20 octobre 2025, une vague de protestations a déferlé sur l’Iran, révélant une société poussée à son point de rupture par la corruption institutionnalisée et la négligence de l’État. Des travailleurs des télécommunications et infirmières retraités aux employés de l’industrie pétrochimique et aux citoyens victimes d’escroqueries, des Iraniens de divers horizons sont descendus dans la rue pour manifester leur opposition de manière coordonnée. Il ne s’agissait pas de demandes isolées d’aide économique, mais d’une contestation directe et unifiée des empires financiers des entités les plus puissantes du régime : le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) et le cabinet du Guide suprême Ali Khamenei.

Les retraités des télécommunications ciblent le CGRI et l’empire financier de Khamenei
L’élément moteur des manifestations de ce jour était un mouvement national coordonné par les retraités des télécommunications.

Des manifestations simultanées ont éclaté dans de grandes villes, dont Téhéran, Ispahan, Kermanshah, Tabriz, Chiraz, Ahvaz, Hamedan, Zanjan, Marivan, Ilam et Sanandaj. La colère des manifestants visait deux des géants économiques les plus puissants et les plus irresponsables du régime : la Fondation coopérative du CGRI et le Siège de l’exécution des ordres de Khomeini (EIKO ou Setad Ejraei), un conglomérat de plusieurs milliards de dollars sous le contrôle direct de Khamenei. Ces entités sont les principaux actionnaires de la Compagnie iranienne des télécommunications (TCI), privatisée, et les retraités les accusent de piller systématiquement leurs fonds de pension et de ne pas respecter leurs obligations légales.

À Téhéran, la capitale, des retraités ont défilé place Sardar Jangal, leurs slogans s’opposant au discours officiel de stabilité : « Le vol et le mensonge sont leur métier !» Dans toutes les villes du pays, d’Ahvaz à Tabriz, ils ont exigé la pleine application de leur régime de retraite et le rétablissement de leur assurance maladie complémentaire, des droits fondamentaux bafoués par les puissants propriétaires de l’entreprise.

Ce mouvement marque un tournant décisif, car la colère populaire n’est plus généralisée, mais vise directement les institutions clés de la kleptocratie du régime.

Infirmières et soins de santé en première ligne face à la négligence
Le tollé ne s’est pas limité aux retraités. À Ahvaz, dans le sud-ouest du pays, et à Kermanshah, dans l’ouest du pays, infirmières et professionnels de santé ont organisé des rassemblements pour protester contre les conditions qui ont conduit le système de santé au bord de l’effondrement.

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Nombre d’entre elles ont déclaré gagner entre 15 et 35 millions de tomans par mois, un chiffre à cheval sur le seuil de pauvreté officiel de 20 millions de tomans, tout en subissant des charges de travail insupportables et neuf mois de primes impayées pour les tarifs des infirmières.

À Kermanshah, leurs chants faisaient écho au désespoir ressenti dans tout le pays : « Nos tables sont vides, assez de promesses creuses !» En défiant directement les autorités, elles ont également scandé le slogan politiquement percutant : « Fonctionnaire incompétent, démissionnez, démissionnez !»

Cette négligence systémique alimente une fuite des cerveaux critique. Selon certaines informations, environ 2 500 infirmières émigrent d’Iran chaque année, laissant derrière elles une main-d’œuvre en sous-effectif et démoralisée. L’image d’une infirmière d’Ahvaz parlant en larmes de la situation critique de ses collègues illustre parfaitement un système qui a abandonné ses travailleurs les plus essentiels.

Des ouvriers de l’industrie aux victimes de fraudes cautionnées par l’État
Les manifestations du 20 octobre ont révélé un mécontentement croissant, rassemblant des Iraniens de divers autres secteurs, poussés au bord du gouffre par les échecs du régime.

À Ilam, les ouvriers du complexe pétrochimique ont protesté contre l’entreprise contractante Kehrubatavan pour non-paiement de leurs salaires, un problème fréquent dans le paysage industriel opaque et corrompu de l’Iran.

À Téhéran, même d’anciens employés de la radiotélévision de la République islamique d’Iran (IRIB), la machine de propagande de l’État, ont organisé un rassemblement pour protester contre les cotisations impayées et la mauvaise gestion.

À Fanuj, une ville de la province agitée du Sistan-et-Baloutchistan, les victimes d’une fraude automobile de grande ampleur se sont rassemblées devant le bureau du gouverneur. Elles ont protesté contre des mois d’inaction des autorités et l’absence de justice après qu’une entreprise téhéranaise a escroqué des centaines de clients.

Ces manifestations disparates sont liées par un fil conducteur : un gouvernement et un système judiciaire peu disposés ou incapables de protéger les droits les plus fondamentaux de leurs citoyens, les laissant sans autre recours que la rue.

Les manifestations coordonnées du 20 octobre 2025 dressent le portrait lucide d’une société qui refuse désormais de subir en silence un pillage systémique. Les manifestants ne se contentent pas de dénoncer les difficultés économiques ; ils désignent leurs oppresseurs – le CGRI, l’EIKO et des fonctionnaires incompétents – et exigent des comptes. Il est clair que ces griefs profonds proviennent d’institutions parallèles corrompues, contrôlées par la Cour suprême non élue.

Le régime n’a aucune intention d’y remédier.

Le message qui monte des rues iraniennes est celui d’une résistance unifiée. Le peuple tient l’ensemble du pouvoir responsable de décennies de mauvaise gestion et est convaincu que seul un changement de régime permettra au pays de s’épanouir.

Source : CNRI 

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