vendredi 31 octobre 2025

La rapporteuse spéciale de l’ONU, Mai Sato, alerte sur une crise des droits humains sans précédent en Iran

 Le Rapporteur spécial des Nations Unies a mis en garde contre la « détérioration sans précédent de la situation des droits de l'homme » en Iran, déclarant qu'à la suite des frappes militaires israéliennes de juin, le régime iranien s'est engagé sur la voie des « crimes contre l'humanité » par le biais d'exécutions massives, d'une répression extraterritoriale et de graves restrictions de la société civile.

Mai Sato, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les droits de l'homme en Iran, a déclaré le 30 octobre devant la troisième commission de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York que le peuple iranien était victime sur deux fronts : les attaques militaires étrangères et l'intensification de la répression intérieure par son propre gouvernement.

Elle a vivement critiqué les exécutions à grande échelle, l'adoption d'une « nouvelle loi sur l'espionnage » et la « vague d'arrestations massives » à travers l'Iran.

Dans son discours prononcé mercredi soir à l'ONU, Sato a décrit la situation des droits de l'homme en Iran comme « pire que jamais auparavant ».

Souffrances humaines et répression après la guerre

Sato a souligné que si la guerre entre le régime iranien et Israël est terminée, les souffrances du peuple iranien persistent. Des millions de personnes ont fui leurs foyers, les femmes enceintes n'ont pas accès aux soins de santé et les minorités sexuelles et de genre sont confrontées à des risques accrus et à la discrimination.

Elle a ajouté qu'au lieu de protéger sa population, le régime iranien a réagi à la guerre par des arrestations massives. Selon elle, plus de 21 000 personnes – journalistes, militants, utilisateurs des réseaux sociaux et membres de minorités – ont été arrêtées ces derniers mois.

La nouvelle loi sur l'espionnage et une nouvelle vague d'exécutions

Le Rapporteur spécial a critiqué la nouvelle loi sur l'espionnage, affirmant qu'elle élargit le champ des activités passibles de la peine de mort, incluant même les contacts avec les médias étrangers ou le partage d'informations en ligne.

Elle a ajouté qu'au cours des dix premiers mois de 2025, plus de 1 200 personnes ont été exécutées en Iran – soit une moyenne de quatre par jour – ce qui indique que le régime procède à des exécutions à grande échelle.

Sato a fait remarquer que seulement 8 % des exécutions sont officiellement recensées, et que le nombre réel est probablement bien plus élevé. Elle a souligné que depuis 2015, rien ne prouve que la peine de mort ait un quelconque effet dissuasif, et qu'elle n'est qu'un outil de « contrôle et d'intimidation ».

Le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits de l'homme a également averti que les familles des victimes du vol ukrainien abattu continuent de subir du harcèlement et des intimidations.

Torture, amputations et décès en prison

Le rapport de Sato met également en lumière le recours persistant à la torture et aux châtiments corporels en Iran. Les flagellations, les amputations de doigts à la guillotine et les aveux extorqués sous la torture sont toujours pratiqués dans les prisons. Par ailleurs, les décès suspects survenus dans les centres de détention – notamment en raison du refus de soins médicaux – demeurent profondément préoccupants.

Elle a déclaré que les familles sont souvent contraintes au silence ou forcées d'accepter de « fausses causes de décès » par crainte de représailles afin de récupérer les corps de leurs proches.

La situation des femmes et le retrait du projet de loi sur la prévention de la violence domestique

Dans une partie de son discours, Sato a relevé le retrait officiel du projet de loi sur la prévention des violences domestiques en juin 2025, le qualifiant de recul dans la protection des femmes.

Elle a également souligné que même si l'application du hijab obligatoire a diminué dans certaines régions, la loi reste en vigueur et qu'en vertu de l'article 638 du soi-disant code pénal islamique du régime, les femmes sans hijab risquent toujours l'emprisonnement ou des amendes.

Sara Hossain : L'attaque de la prison d'Evin et la répression d'après-guerre pourraient constituer des crimes contre l'humanité.

Lors de cette même session, Sara Hossain, présidente de la Mission indépendante d'établissement des faits des Nations Unies sur l'Iran, a évoqué la frappe israélienne du 23 juin contre la prison d'Evin, qui a fait au moins 80 morts. Elle a critiqué l'incapacité à protéger la vie des prisonniers et a reconnu que les premières investigations montrent que des sections civiles de la prison ont été directement visées et que l'attaque pourrait avoir été délibérée.

Elle a ajouté qu'après l'attaque, les autorités du régime iranien ont tenu les familles des prisonniers dans l'ignorance pendant des semaines, que certains détenus ont été battus et qu'au moins une femme est décédée après avoir été transférée à la prison de Qarchak faute de soins médicaux.

Hossain a appelé les autorités iraniennes à mener une enquête indépendante et transparente sur l'incident de la prison d'Evin et à veiller à ce que les responsables des violations commises avant, pendant et après les attaques soient tenus responsables de leurs actes.

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