Le samedi 18 janvier 2025, tôt le matin, deux hauts magistrats du régime iranien, Ali Razini et Mohammad Moghiseh, ont été tués au sein de la Cour suprême. Les médias officiels ont annoncé que l’auteur présumé était Farshid Asadi, un concierge de 31 ans employé dans cette même institution.
Dès le lendemain de cette double exécution, au petit matin, des agents du ministère du Renseignement ont perquisitionné le domicile de la famille Akbari-Monfared et arrêté Amir Hassan, le fils âgé de 23 ans.
Il a été soumis à de terribles tortures pendant 24 jours, en particulier au cours des quatre premiers, jusqu’à ce que le ministère arrête également son père, Mohammad Ali Akbari-Monfared, le 21 janvier.
Un père malade, accusé malgré son handicap
M. Akbari-Monfared, victime de la poliomyélite dans son enfance, est handicapé des deux jambes. Il souffre également d’une grave maladie cardiaque et a déjà subi quatre AVC — dont l’un a paralysé tout le côté droit de son corps. Incapable de quitter son domicile depuis plusieurs années, il a néanmoins été accusé, avec son fils, d’avoir fourni une arme à son cousin éloigné, Farshid Asadi (le concierge de la Cour suprême), ou d’avoir mené des « opérations terroristes » au nom de l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI/MEK).
L’OMPI, principale organisation d’opposition iranienne, a vu 120 000 de ses membres et sympathisants exécutés au fil des décennies par le régime.
M. Akbari-Monfared est actuellement hospitalisé à Shahr-e Rey. Les médecins envisagent de lui amputer une jambe en raison d’une infection contractée dans les conditions insalubres de la prison du Grand Téhéran.
Neuf mois de détention arbitraire
Neuf mois plus tard, Amir Hassan, son père Mohammad Ali, ainsi que leurs deux coaccusés — Arghavan Fallahi et Bijan Kazemi — ont été acquittés des charges liées à l’assassinat des juges Razini et Moghiseh.
Cependant, Amir Hassan avait déjà subi d’intenses tortures physiques et psychologiques destinées à lui arracher des aveux. Il a passé six mois à l’isolement.
Quatre jours après son arrestation, les interrogateurs ont fait venir son père pour le contraindre à se « confesser ». Lorsqu’il a refusé, ils lui ont ôté son bandeau : son père, en fauteuil roulant, se trouvait en face de lui. Les tortionnaires ont alors pointé une arme sur la tête du vieil homme en menaçant : « Si tu ne te confesses pas, nous tuerons ton père. »
Amir Hassan a tenu bon. En représailles, ils l’ont battu sous les yeux de son père, lui ont ligoté les jambes et l’ont suspendu tête en bas pendant deux heures, tout en le frappant violemment à l’estomac.
Une famille entière persécutée
Mohammad Ali Akbari-Monfared avait déjà purgé huit mois de prison dans les années 2000. Il est un parent éloigné de Farshid Asadi, l’homme accusé d’avoir abattu les deux juges, ainsi que de deux autres prisonniers politiques, Maryam et Reza Akbari-Monfared, ses cousins.
Maryam a été condamnée à 17 ans de prison, Reza à 10, pour avoir réclamé justice pour les membres de leur famille exécutés par le régime. Maryam Akbari-Monfared est détenue depuis 17 ans sans avoir bénéficié du moindre jour de permission.
Arrestations en chaîne et répression familiale
Ces dernières années, la stratégie du régime iranien contre l’OMPI/MEK consiste à arrêter et fabriquer de toutes pièces des affaires visant des personnes ayant, dans les années 2000, été accusées d’en faire partie ou d’entretenir des liens familiaux avec ses membres.
Ali Younesi, fils de Mir Youssef Younesi — ancien prisonnier politique — a ainsi été arrêté en mars 2020. Âgé de 19 ans, brillant étudiant de l’Université Sharif de Téhéran et médaillé d’or aux Olympiades internationales d’astronomie et d’astrophysique 2017, il a été condamné à 16 ans de prison après plusieurs mois de détention arbitraire.
De même, Arghavan Fallahi, 25 ans, a été arrêtée lors des manifestations nationales de 2022, en même temps que son père, ancien prisonnier politique, et son frère.
« Toute la famille a été arrêtée »
Les arrestations au sein du foyer Akbari-Monfared ne se sont pas arrêtées là : après Amir Hassan et son père, les agents sont revenus pour arrêter la fille de la famille, puis, deux semaines plus tard, le fils aîné.
Mohammad Ali Akbari-Monfared, 58 ans, est actuellement hospitalisé, menotté et enchaîné, sous la garde de deux agents armés.
Pour faire pression sur Amir Hassan, le régime le maintient parmi des trafiquants de drogue et des criminels violents. L’objectif est clair : le briser par la torture et lui extorquer des aveux.
Lorsqu’il a entamé une grève de la faim, le directeur de la prison du Grand Téhéran l’a menacé :
« On te frappera si fort que tu ne pourras pas te lever pendant une semaine. »
Le père et le fils n’ont toujours pas d’avocat : le pouvoir judiciaire refuse l’accès de tout conseil à leur dossier. Malgré l’absence totale de preuves, ils restent détenus illégalement.
Les familles de prisonniers politiques ont souvent été averties que recourir à un avocat indépendant ou spécialisé en droits humains « leur causerait des ennuis ».
Un instrument d’intimidation sociale
Neuf mois d’enquête préliminaire pour une telle affaire relèvent d’une durée anormalement longue. À travers ces procédures fabriquées et interminables visant les familles de prisonniers politiques, le régime iranien cherche à instiller la peur dans la société.
Confronté à de profondes crises sociales et à un isolement international croissant, le pouvoir considère désormais la répression de l’opposition comme le seul moyen d’assurer sa survie.


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