Dans une nouvelle tentative de resserrer son emprise sur la société et de réprimer les droits des femmes iraniennes, le soi-disant « Quartier général de la moralité » de Téhéran a annoncé la création d’une nouvelle structure répressive, baptisée « Salle de commandement du hijab et de la chasteté ».
Cette initiative, dirigée par Ruhollah Momen-Nasab, responsable en chef de la police de la moralité à Téhéran, marque une nouvelle escalade dans l’oppression systématique des femmes iraniennes sous couvert de faire respecter la « vertu ».
Momen-Nasab a fièrement déclaré que plus de 80 000 agents formés seraient déployés dans tout Téhéran pour « créer une transformation majeure » dans l’application du code vestimentaire. En pratique, cela signifie un renforcement de la surveillance, du harcèlement et des sanctions à l’encontre des femmes iraniennes qui rejettent le port obligatoire du voile — une politique devenue un instrument central de contrôle politique.
Les observateurs soulignent que ce vaste réseau d’informateurs et d’agents équivaut à la capacité du stade Azadi de Téhéran — un rappel glaçant de la volonté du régime de mobiliser des structures entières de répression pour surveiller ses citoyens.
Dans le même temps, des rapports en provenance de Téhéran, Qom et Ispahan confirment la réapparition des fourgonnettes de la police de la moralité, signe d’un effort coordonné à l’échelle nationale pour rétablir les mêmes mécanismes de peur qui avaient déclenché l’indignation publique après la mort de Mahsa Amini en 2022.
Alors que les porte-parole du régime affirment qu’« aucun budget » n’a été alloué à ces mesures et que « la police de la moralité a échoué », la réalité sur le terrain raconte une toute autre histoire.
Momen-Nasab a décrit sans détour une opération “intelligente, à plusieurs niveaux et fondée sur les données”, destinée à suivre et analyser le comportement des citoyens — dans la rue, sur les lieux de travail et même en ligne.
Malgré l’opposition publique et la défiance visible de nombreuses femmes à travers l’Iran, les autorités continuent d’appliquer des mesures punitives :
Fermeture des commerces accusés de non-conformité,
Amendes infligées aux propriétaires de voitures,
Licenciement d’employées non voilées,
Interdictions visant artistes et athlètes jugés « non conformes ».
Bien que la soi-disant « loi sur le hijab et la chasteté » ait été suspendue par le Conseil de sécurité du régime, sa mise en œuvre se poursuit dans les faits — démontrant comment la répression en Iran contourne souvent le cadre juridique du régime lui-même.
Pouvoirs divisés, répression unie
Alors que le président du régime, Masoud Pezeshkian, a reconnu que « la force ne fonctionne pas », d’autres institutions — dont le quartier général de la moralité, le parlement et les réseaux cléricaux — exigent une application encore plus stricte. Cette division reflète la crise interne du régime : il ne parvient plus à contrôler une société qui a dépassé ses structures coercitives.
Partout en Iran, les femmes iraniennes apparaissent désormais en public sans foulard — dans les rues, les aéroports, les commerces — un acte silencieux mais puissant de désobéissance civile. La société iranienne a rédigé sa propre loi non écrite — une loi qu’aucune salle de commandement ni aucune patrouille de la moralité ne peut supprimer.
Des patrouilles de rue à la surveillance numérique
La police de la moralité n’a pas disparu ; elle s’est transformée.
Les fourgons bruyants et visibles d’autrefois sont remplacés par des outils plus discrets et insidieux : traçage numérique, messages d’avertissement, fermetures de commerces, réseaux de loyalistes agissant comme informateurs.
Cette transformation marque un passage de la violence ouverte au contrôle dissimulé, mais la menace demeure : érosion de la vie privée, de la dignité et des droits fondamentaux. Les frontières floues de l’application signifient désormais que n’importe qui — voisin, employeur ou même chauffeur de taxi — peut agir comme un agent de la moralité officieux.
Dans un tel système, personne n’est à l’abri.
Une société en marche
Trois ans après la mort de Mahsa Amini, le régime est revenu à son point de départ : une répression maquillée en vertu.
Mais le peuple, lui, a changé.
Les femmes iraniennes, par leurs actes quotidiens de résistance, ont transformé le « hijab facultatif » en symbole d’une lutte plus vaste — pour le choix personnel, la dignité et la liberté. Les systèmes répressifs peuvent suspendre les lois, fabriquer la peur et multiplier les menaces, mais ils ne peuvent pas arrêter une société qui a déjà choisi d’avancer.
À mesure que le mouvement pour la liberté des femmes iraniennes prend de l’ampleur, une vérité s’impose :
La peur peut retarder le changement, mais elle ne peut plus l’empêcher.


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