lundi 20 octobre 2025

Iran : La prisonnière politique Shiva Esmaeili, privée délibérément de soins médicaux

 Une prisonnière politique, Shiva Esmaeili, gravement malade privée de traitement, tandis que son fils demeure victime d’une disparition forcée.

État de santé critique et obstruction volontaire

Selon des sources bien informées, les douleurs chroniques au dos de Shiva Esmaeili sont devenues si intenses qu’elle ne peut plus marcher sans assistance et éprouve des difficultés à respirer. Malgré l’urgence manifeste de sa situation, les autorités pénitentiaires refusent de lui prodiguer des soins et empêchent délibérément son transfert à l’hôpital.

Lors d’un récent incident, les gardiens ont stoppé son transfert aux portes de la prison, prétextant que sa carte bancaire ne contenait pas les fonds nécessaires pour couvrir les frais médicaux, avant de la renvoyer dans sa cellule. Lorsqu’elle a supplié d’appeler sa famille pour obtenir de l’aide, les agents ont refusé avec froideur.
Une codétenue a témoigné :

« Leur cruauté est intentionnelle — ils veulent qu’elle souffre physiquement jusqu’à ce que son esprit cède. »

Absence de soins et cruauté institutionnalisée

La prisonnière politique avait déjà subi une aggravation de son état lors d’un transfert à la prison de Qarchak, tristement célèbre pour ses conditions insalubres et l’absence totale de soins médicaux.
De retour à Evine, elle n’a toujours pas reçu de traitement. Malgré sa réputation trompeuse de prison “moins dure”, le quartier des femmes d’Evine souffre d’un grave manque de médicaments, de l’absence de spécialistes et d’insultes permanentes de la part des gardiennes — un système de torture lente et silencieuse contre les prisonnières politiques.

Une condamnation arbitraire et politique

Shiva (Masoumeh) Esmaeili, née en 1965, est ingénieure agronome à la retraite et résidente de Téhéran.
Elle a été arrêtée en novembre 2020 pour activisme civique pacifique, puis détenue sans procédure régulière.

Le 14 mai 2023, la 26e chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge Iman Afshari, l’a condamnée à dix ans de prison pour “collusion et rassemblement contre la sécurité nationale”, “propagande contre le régime” et “atteinte à la sécurité nationale”. Le procès s’est tenu à huis clos, sans avocat. Elle a également été interdite de quitter le pays et de mener toute activité sociale ou politique pendant deux ans.

Depuis son incarcération, toutes les communications familiales lui ont été restreintes. En juin 2025, après avoir exprimé son soutien à la campagne “Les mardis contre les exécutions”, elle a été privée de tout contact téléphonique.

Disparition forcée de son fils, Mehdi Vafaei Sani

Pendant que Shiva Esmaeili souffre dans sa cellule d’Evine, son fils de 37 ans, Mehdi Vafaei Sani, est porté disparu depuis le 8 octobre 2025. Également prisonnier politique, technicien de formation, il purgeait une peine de six ans de prison pour prétendue appartenance à l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK).

Il a été soudainement retiré du quartier 7 d’Evin et transféré vers un lieu inconnu. Depuis, il n’a pu passer que deux brefs appels téléphoniques sous surveillance, indiquant être placé à l’isolement. Selon des proches, il souffre d’affections gastriques et n’a reçu aucun traitement.

Les agents du renseignement ont menacé la famille de représailles si elle s’exprimait publiquement. Son frère, Seyed Ali Vafaei Sani, purge actuellement cinq ans de prison à Evin, tandis que leur cousin, Mohammad Javad Vafaei Sani, est condamné à mort à la prison de Vakilabad, à Machhad. Ce cas illustre la persécution collective d’une famille entière, stratégie utilisée par le régime pour intimider et réduire au silence les dissidents.

Pression accrue contre les femmes prisonnières

La privation de soins médicaux infligée à la prisonnière politique Shiva Esmaeili s’inscrit dans une politique plus vaste de “torture blanche” visant les femmes prisonnières politiques en Iran. Des témoignages d’Evine révèlent des abus psychologiques systématiques, l’isolement prolongé et la privation du droit à la communication.

Malgré sa douleur, ses codétenues ont formé autour d’elle une “chaîne humaine symbolique” en signe de solidarité. L’une d’elles a confié :

« Même dans la souffrance, Shiva nous dit de ne pas céder. Son courage maintient ce quartier en vie. »

Violations flagrantes du droit international

Le traitement réservé à la prisonnière politique Shiva Esmaeili et à sa famille viole plusieurs instruments fondamentaux du droit international :

  • Article 5 – Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) : interdiction de la torture et des traitements inhumains ou dégradants ;

  • Article 10 – Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) : respect de la dignité humaine des personnes privées de liberté ;

  • Article 12 – Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC) : droit au meilleur état de santé physique et mentale possible.

La privation délibérée de soins médicaux vitaux constitue à la fois une torture physique et psychologique, engageant la responsabilité directe des autorités de la prison d’Evine et du ministère iranien du Renseignement.

Conclusion : un appel urgent à la communauté internationale

L’affaire de la prisonnière politique Shiva Esmaeili révèle l’usage systématique, par le régime iranien, de la négligence médicale et des représailles familiales comme instruments de répression.
La cruauté méthodique exercée contre elle et la disparition forcée de son fils démontrent que le but n’est pas la justice, mais la destruction lente du corps et du moral des dissidents.

Les organes internationaux des droits humains, notamment la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme et le Rapporteur spécial sur l’Iran, doivent intervenir sans délai pour sauver sa vie et retrouver son fils.

Se taire face à cette barbarie, c’est en devenir complice.
La torture blanche se nourrit du silence ; il est temps de briser ce silence.

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