dimanche 10 novembre 2024

La crise du logement en Iran est due à une thésaurisation massive des terres

 Alors que la crise du logement en Iran s’aggrave, de nouveaux rapports révèlent des chiffres stupéfiants derrière la propriété foncière du gouvernement et la flambée des coûts de l’immobilier. Selon les médias d’État, l’Organisation nationale du foncier et du logement, qui relève du ministère des Routes et du Développement urbain, détient actuellement 1,8 million d’hectares de terres dans les zones urbaines, soit l’équivalent de terres suffisantes pour construire près de 30 villes de la taille de Téhéran. Malgré ce vaste inventaire, de nombreux Iraniens sont confrontés à un rêve presque inaccessible d’être propriétaires en raison de la montée en flèche des prix de l’immobilier et de la stagnation des salaires.

« L’Organisation nationale du foncier et du logement détient deux fois la superficie totale des terres résidentielles de tout le pays », a admis Mohammad Bagher Ghalibaf, président du Parlement du régime, lors d’un récent événement. Ghalibaf, connu comme l’un des responsables les plus corrompus d’Iran et un acteur de premier plan dans les transactions foncières publiques alors qu’il était maire de Téhéran, a fait cette déclaration non pas par empathie pour les luttes du peuple mais apparemment par crainte d’une indignation croissante de l’opinion publique. Malgré les remarques de Ghalibaf, les responsables rejettent souvent la responsabilité de la crise du logement sur les autres, en affirmant qu’une « pénurie de terrains » freine le développement du logement.

Les statistiques actuelles soulignent l’ampleur de la crise : le prix moyen des logements à Téhéran a grimpé à plus de 120 millions de tomans par mètre carré, ce qui rend extrêmement difficile pour une famille moyenne de s’offrir même le logement le plus modeste. Le monopole du ministère des Routes et du Développement urbain sur de vastes étendues de terrain a poussé les coûts du logement hors de portée de la plupart des Iraniens, qui consacrent une part disproportionnée de leurs revenus aux dépenses de logement. Des données récentes de la Banque centrale iranienne ont montré que la part des coûts de logement dans les dépenses des ménages dépasse désormais 55 % dans la seule province de Téhéran, alors que les normes mondiales suggèrent qu’elle ne devrait pas dépasser 30 %.

La pression inflationniste sur le marché immobilier iranien reflète un modèle de politiques foncières restrictives et une production de logements limitée. Entre 2013 et 2016, les permis de construire dans les zones urbaines ont chuté à des niveaux jamais vus depuis le début des années 2000, creusant l’écart entre l’offre et la demande. Rien qu’au cours de la dernière décennie, le marché immobilier iranien a connu douze pics de prix majeurs, les loyers ayant triplé depuis le début de la décennie. Cela a contraint de nombreuses familles à des difficultés financières, entraînant une migration importante vers les banlieues et les zones reculées.

L’accent mis par le gouvernement sur les « plans d’actifs productifs » pour vendre les terres et les propriétés excédentaires a suscité un débat important. En janvier, Hossein Raghfar, un économiste affilié à l’État, a averti que les efforts de privatisation de l’Iran avaient principalement profité aux initiés plutôt qu’au public, suggérant que le nouveau plan « mettrait aux enchères la richesse publique au profit de quelques-uns ». Le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC), qui domine déjà l’économie iranienne, a tout à gagner de ces efforts de privatisation, ce qui suscite des inquiétudes quant à la transparence et à l’intérêt général.

Alors que la situation s’aggrave, les experts en logement soulignent que briser l’emprise du gouvernement sur les terres pourrait théoriquement stabiliser les prix et répondre aux besoins de logements de millions de personnes. Selon les estimations, la libération même d’une petite fraction des terres urbaines détenues par le ministère pourrait avoir un impact significatif sur la disponibilité des logements. Cependant, les attentes en matière de réformes restent pratiquement inexistantes sous un régime qui a toujours donné la priorité à ses propres intérêts au détriment de ceux du public.

Ce vaste monopole sur les terres, plutôt que de signaler un quelconque espoir de résolution, alimente une indignation croissante de la population. Loin de mettre en œuvre des politiques pour résoudre la crise du logement, le ministère des Routes et du Développement urbain continue d’étendre son emprise sur les terres urbaines, faisant grimper les prix et ajoutant aux flammes de la frustration. De nombreux Iraniens demandent désormais des comptes alors que les pratiques d’accaparement des richesses du régime intensifient les pressions économiques sur les ménages qui ont du mal à payer les dépenses de base.


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