mercredi 1 octobre 2025

Exécution silencieuse de prisonniers politiques en Iran : la mort par privation médicale

 La mort de Somayeh Rashidi, une ouvrière incarcérée à la prison de Qarchak à Varamin, a une fois de plus mis en lumière le problème persistant de la privation médicale dans les prisons iraniennes. L'examen des cas passés montre que ces décès ne sont pas des événements exceptionnels, mais s'inscrivent dans un schéma systématique qui, depuis des décennies, coûte la vie à des prisonniers politiques.

Les prisons sous le régime iranien, depuis leur création, n’ont pas seulement servi de lieux d’application des décisions judiciaires, mais ont également été utilisées comme outils de contrôle social et de répression de la dissidence.

Les opposants et les critiques politiques, les journalistes, les militants syndicaux et religieux, et même les citoyens ordinaires qui ont simplement participé à des manifestations de rue ou ont été condamnés pour d’autres chefs d’accusation, sont détenus dans des prisons où les conditions vont bien au-delà de la privation de liberté.

Dans ces prisons, la santé des détenus est non seulement négligée mais délibérément ignorée.

La privation médicale, dans le cadre d'une stratégie répressive, peut inclure des retards dans les transferts hospitaliers, la confiscation des médicaments envoyés par les familles ou des restrictions d'accès aux spécialistes. Dans de telles conditions, les détenus malades sont exposés de fait à une « mort progressive », que la littérature sur les droits humains qualifie d'« exécution silencieuse ».

La privation médicale comme torture blanche

Priver les prisonniers malades de soins médicaux appropriés va au-delà de la négligence ou du désordre bureaucratique. Les experts des droits de l'homme de l'ONU considèrent cette pratique comme équivalente à la torture.

Parfois, les détenus doivent signer des engagements, voire faire des aveux télévisés, pour obtenir une autorisation médicale. Les familles envoient des médicaments, mais ceux-ci ne parviennent jamais au détenu ou arrivent avec un retard considérable.

Cette situation expose les détenus à une mort lente. Ils s'affaiblissent chaque jour, leurs espoirs de survie s'amenuisant. Dans bien des cas, lorsque l'autorisation de transfert à l'hôpital est enfin accordée, il est trop tard pour que le traitement soit efficace.

Réactions et manque de responsabilité du régime

Les familles des victimes ont protesté à plusieurs reprises, mais elles sont souvent confrontées à des menaces et à des pressions sécuritaires.

Les organismes internationaux, dont Amnesty International et Human Rights Watch, ont publié à plusieurs reprises des déclarations, mais le régime iranien n'a jamais tenu aucun responsable judiciaire ou pénitentiaire responsable de ces décès.

Même dans des affaires telles que celles de Sattar Beheshti ou de Behnam Mahjoubi, qui ont attiré l’attention du monde entier, les dossiers ont finalement été clos et les fonctionnaires acquittés.

Somayeh Rashidi : la dernière victime en date

La mort de Somayeh Rashidi, une ouvrière détenue à la prison de Qarchak, en est un exemple révélateur. Elle souffrait d'une longue maladie, mais les autorités pénitentiaires ont refusé de la transférer à l'hôpital à temps.

Ce n’est que lorsque son état est devenu critique et qu’elle est tombée dans le coma qu’elle a été transférée à l’hôpital.

Mais le transfert retardé s'est avéré inutile et le 25 septembre, sa mort a été officiellement annoncée.

Les militants des droits de l’homme ont souligné que la mort de Rashidi n’était pas simplement un « incident », mais un exemple clair de la politique de privation médicale.

Comme beaucoup le décrivent, elle a été victime d'un « meurtre lent et délibéré ». Le souvenir de Rashidi est rapidement devenu un autre symbole de l'oppression structurelle dans les prisons iraniennes.

Au cours de la seule année écoulée, environ 30 prisonniers sont morts dans la prison du Grand Téhéran en raison du manque de médecins et d’installations médicales.

Ce chiffre est choquant en soi, mais l’examen des détails donne une image plus complète de la crise.

Le quartier 5 de la prison du Grand Téhéran est particulièrement en crise. La surpopulation, le manque d'espace et l'absence de services sociaux ont contraint de nombreux détenus à vivre dans des conditions inhumaines.

Certains n’ont même pas de lit pour dormir et passent leurs nuits par terre ou dans les couloirs.

L'infirmerie de la prison manque d'équipement spécialisé et de médecins permanents, et tout transfert vers un hôpital extérieur nécessite des autorisations de sécurité qui sont souvent refusées ou fortement retardées.

Entre le 12 et le 25 septembre, au moins cinq autres prisonniers sont morts dans différentes prisons, notamment à Qarchak (Varamin), Kachuei (Karaj) et Yazd.

Parmi ces victimes se trouvaient quatre femmes, ce qui a une fois de plus attiré l’attention du public sur le sort des femmes détenues.

Il n'existe aucun organisme indépendant de surveillance des prisons. Une culture d'impunité règne : aucun gardien ni fonctionnaire ne craint d'être poursuivi pour le décès d'un détenu et, en fin de compte, la privation médicale est elle-même devenue un outil de pression et d'intimidation politiques.

La mort de prisonniers politiques n'est pas seulement une tragédie individuelle. Ces décès ont des conséquences plus vastes pour la société.

Le régime crée la peur dans l’opinion publique, en montrant que même s’il ne tue pas directement quelqu’un, il peut le condamner à une mort lente.

Ces décès sont le résultat d'un système où la privation médicale est devenue un outil de répression. Pourtant, l'expérience montre que la mort de ces prisonniers n'a pas fait taire les voix, mais a au contraire renforcé les symboles de résistance.

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