Alors que plus des deux tiers des pays du monde ont aboli ou suspendu les exécutions, le régime au pouvoir en Iran continue d’utiliser la peine de mort comme un outil de contrôle et d’intimidation. En 2025, l’Iran s’est une nouvelle fois hissé au premier rang mondial, surpassant tous les autres pays par le nombre d’exécutions. Selon les rapports internationaux, notamment celui d’Amnesty International publié fin septembre, le nombre d’exécutions en Iran a dépassé le seuil des mille cette année.
Calendrier des exécutions — 2025
| Mois | Nombre d’exécutions |
|---|---|
| Janvier | 99 |
| Février | 97 |
| Mars | 74 |
| Avril | 129 |
| Mai | 178 |
| Juin | 114 |
| Juillet | 108 |
| Août | 173 |
| Septembre | 204 |
| Total confirmé fin septembre 2025 : 1 176 exécutions. |
Plus de la moitié de ces exécutions sont liées à des infractions en matière de drogue, une part importante concernant des cas de meurtre (qisas) ou des accusations politiques et sécuritaires.
La moyenne mensuelle — plus de 120 exécutions — place l’Iran solidement en tête de la liste mondiale.
Profil des victimes
La composition des personnes exécutées en 2025 montre que la peine capitale en Iran est appliquée de manière arbitraire et discriminatoire, visant les pauvres, les femmes et les prisonniers politiques.
Environ la moitié des exécutions concernent des infractions liées à la drogue, près de 40 % des cas relèvent du meurtre (qisas). Les exécutions pour des motifs politiques ou sécuritaires représentent un faible pourcentage, mais leur impact politique et social est profond.
Parmi les personnes exécutées, au moins 39 femmes ont perdu la vie en 2025 — la plupart issues de milieux défavorisés ou victimes de violences domestiques. Les tribunaux ont régulièrement ignoré les preuves de légitime défense ou les circonstances atténuantes liées à la violence fondée sur le genre.
Les exécutions de prisonniers politiques constituent l’un des aspects les plus alarmants de la crise de la peine de mort en Iran. En 2025, trois prisonniers politiques — Behrouz Ehsani, Mehdi Hassani et Mehran Bahramian — ont été exécutés sur la base d’accusations vagues telles que moharebeh (« inimitié envers Dieu ») et baghi (« rébellion »).
De plus, au moins 17 autres prisonniers politiques demeurent dans le couloir de la mort, la plupart accusés de soutenir l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).
Parmi eux figurent Mohammad Javad Vafaei Sani (dont la peine de mort a été confirmée pour la troisième fois), Vahid Bani Amerian, Abolhassan Montazer, Akbar Daneshvarkar, Mohammad Taghavi, Pouya Ghobadi et Babak Alipour.
Les rapports faisant état de leurs transferts secrets vers des lieux inconnus ces derniers mois ont accru les craintes d’exécutions imminentes.
Les minorités ethniques — Kurdes, Baloutches, Arabes et Lors — sont elles aussi touchées de manière disproportionnée. Les données analytiques indiquent qu’elles représentent plus d’un tiers des personnes exécutées en 2025, révélant la discrimination structurelle enracinée dans le système judiciaire iranien.
Bien que l’Iran soit signataire de la Convention relative aux droits de l’enfant, des rapports signalent la présence de mineurs délinquants dans le couloir de la mort, en violation de l’interdiction internationale absolue d’exécuter des personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits.
Dans l’ensemble, les données démontrent que la peine de mort en Iran fonctionne comme un instrument de peur, de discrimination et de contrôle social. Les femmes, les minorités, les prisonniers politiques et les pauvres en sont les principales victimes, tandis que les crimes liés à la drogue continuent de constituer une large part des exécutions.
Tendances documentées et schémas systémiques
Les exécutions en Iran ont lieu dans tout le pays, trois prisons principales servant de centres d’exécution :
Prison de Qezel Hesar (Karaj) : centre principal pour les affaires politiques et sécuritaires.
Prison de Vakilabad (Mashhad) : lieu d’exécutions collectives et secrètes fréquentes.
Prison d’Adelabad (Shiraz) : l’un des établissements les plus actifs durant l’été 2025.
La tendance générale montre que la peine de mort en Iran a cessé d’être une mesure judiciaire pour devenir une politique d’État d’intimidation et de contrôle social.
Secret et absence de transparence
Les autorités judiciaires classent les exécutions comme des affaires de sécurité nationale et retiennent les informations essentielles — y compris les statistiques, les noms et les dates d’exécution.
Moins de 5 % des exécutions sont reconnues publiquement par les médias d’État.
Les familles ne sont souvent averties qu’après la remise du corps. Les exécutions sont généralement effectuées à l’aube, dans le silence, sans notification aux avocats ni dernière visite des proches — en violation du droit à un procès équitable et du droit des familles à être informées.
Ce secret systématique empêche tout contrôle public ou international, supprimant toute possibilité de supervision judiciaire. L’usage de la peine de mort reflète ainsi non pas la justice, mais une politique de peur et de domination.
Comparaison régionale (résumé)
Alors que l’Iran figure parmi les trois premiers pays au monde pour le nombre d’exécutions en 2025, la plupart des États voisins ont aboli ou suspendu la peine capitale.
Des pays tels que l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Arménie et la Turquie n’ont procédé à aucune exécution depuis de nombreuses années.
En net contraste, l’Iran demeure le seul État de la région à utiliser l’exécution comme un instrument quotidien de contrôle politique et sécuritaire.
Réactions internationales
Volker Türk — Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme
Dans plusieurs déclarations tout au long de 2025 (notamment les 5 juillet et 30 août), Volker Türk a qualifié les exécutions en Iran d’« outil de terreur d’État ».
Il a affirmé :
« La peine de mort n’assure ni la sécurité ni la justice ; elle détruit la dignité humaine et mine la confiance du public dans l’État de droit. »
Türk a appelé à un moratoire immédiat sur toutes les exécutions et a averti que les accusations de moharebeh (“inimitié contre Dieu”) et efsad fil arz (“corruption sur terre”) sont vagues et régulièrement utilisées contre les manifestants et les dissidents.
Mai Sato — Rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains en Iran
Dans son rapport de septembre 2025, Mai Sato a déclaré que « en moins de neuf mois, plus d’un millier de personnes ont été exécutées en Iran — un chiffre sans précédent dans l’histoire moderne du pays ».
Elle a souligné que la plupart des condamnations à mort sont prononcées par des tribunaux révolutionnaires à huis clos, souvent fondées sur des aveux forcés et sans garanties de procès équitable.
Sato a averti que l’usage de la peine capitale pour la répression politique, la violence contre les femmes et les infractions non violentes, telles que les délits liés à la drogue, doit cesser immédiatement.
Amnesty International
Le 10 septembre 2025, Amnesty International a dénoncé une « vague d’exécutions en Iran assimilable à une attaque terrifiante contre le droit à la vie », recensant plus de 800 exécutions depuis le début de l’année.
Deux semaines plus tard, le 26 septembre, l’organisation confirmait que le chiffre avait dépassé les 1 000 et appelait les autorités iraniennes à instaurer un moratoire immédiat.
Amnesty a souligné qu’une grande partie de ces condamnations concernait des affaires de drogue et que de nombreux procès ne respectaient pas les normes internationales d’équité.
Analyse finale et conclusion
Les exécutions en Iran en 2025 sont devenues un instrument permanent de répression et de contrôle social.
L’analyse des données disponibles montre que :
Les exécutions ne sont plus l’exception, mais une composante du dispositif sécuritaire du régime ;
Plus de la moitié des peines capitales concernent des crimes qui, selon le droit international, ne répondent pas au critère des “crimes les plus graves” ;
Les femmes, minorités et personnes pauvres sont visées de manière disproportionnée.
L’année 2025 s’impose déjà comme la plus sanglante en trois décennies, marquant une attaque sans précédent contre le droit à la vie.
Appel international à l’action
À l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, et conformément aux appels de Volker Türk, Mai Sato et Amnesty International, les actions urgentes suivantes sont demandées :
Instaurer un moratoire immédiat sur toutes les exécutions et établir une feuille de route claire vers l’abolition.
Annuler les condamnations à mort des prisonniers politiques et de conscience, prononcées sur la base d’accusations vagues.
Mettre fin aux exécutions pour infractions liées à la drogue, en violation des obligations internationales de l’Iran.
Garantir le droit à un procès équitable, incluant une défense indépendante et des audiences publiques.
Mettre un terme au secret judiciaire et assurer la notification publique des condamnations avant leur exécution.
Éliminer toute discrimination envers les femmes et les minorités dans le prononcé et l’application de la peine capitale.
Le silence face à cette crise équivaut à une complicité dans la violation du droit le plus fondamental : le droit à la vie.
La communauté internationale doit agir maintenant.






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