D’un autre côté, les grandes puissances occidentales se sont toujours montrées réticentes à priver Téhéran de l’occasion de réitérer ces demandes et d’exposer les concessions qu’il espère obtenir. Elles pourraient pourtant facilement le faire si seulement elles affirmaient la volonté politique d’arrêter les négociations visant à relancer l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran. En 18 mois, ces négociations n’ont pratiquement abouti à rien, et leur seul effet constant est d’empêcher l’adoption de mesures susceptibles de contraindre le régime à cesser d’accélérer son programme nucléaire, qui fait désormais fonctionner plusieurs cascades de centrifugeuses avancées pour enrichir l’uranium au-delà de 60 % de pureté fissile.
Mercredi, le conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique a tenu sa réunion trimestrielle, au cours de laquelle le plan d’action global conjoint a naturellement constitué un sujet de discussion majeur. Certains observateurs s’attendaient à ce que les signataires occidentaux de cet accord – les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne – appellent à la censure de Téhéran, comme ils l’avaient fait lors de la précédente réunion trimestrielle en juin. Mais certains ont également prédit qu’une nouvelle censure sonnerait le glas des efforts de relance du JCPOA. C’est sans doute la raison pour laquelle les États-Unis et les pays E3 se sont abstenus de faire une déclaration officielle concernant les violations commises par Téhéran.
Cette inaction ne peut s’expliquer par les attentes occidentales selon lesquelles une nouvelle résolution de censure ne serait pas adoptée. La première a été adoptée avec les votes favorables de 30 des 35 États membres du Conseil. Et lorsque l’Allemagne a jugé bon de présenter au conseil une déclaration informelle exprimant les mêmes préoccupations générales, 23 États membres ont également voté en sa faveur.
Il ne fait guère de doute qu’il existe un fort soutien international en faveur de mesures qui pourraient être plus efficaces que les négociations actuelles, infructueuses, pour empêcher la « percée » nucléaire de l’Iran. Pourtant, chaque occasion d’imposer ces mesures semble passer à la trappe, tandis que les signataires du JCPOA continuent de déplacer les critères de ce qui constitue un accord réussi et le moment où il pourrait être atteint.
Les États-Unis et leurs alliés européens ont tous signalé à un moment ou à un autre que les pourparlers de relance seraient conclus d’ici à la fin de 2021. Mais lorsque l’année civile s’est achevée, ils ont rapidement révisé leurs prévisions pour les fixer à janvier ou février. Quelques semaines après la dernière de ces échéances, les négociations ont été mises en pause pour une durée indéterminée, et les responsables iraniens ont commencé à insister sur le fait qu’ils ne renverraient des représentants à Vienne que pour conclure un accord qui représenterait une capitulation de l’Occident face à toutes les demandes en suspens, y compris la suppression des pasdaran de la liste des organisations terroristes.
Le régime a fini par revenir sur sa parole, mais pas avant qu’il ne soit devenu évident que la Maison Blanche et l’Union européenne n’avaient pas l’intention de laisser tomber le JCPOA de sitôt. Ce va-et-vient a rapidement amené des experts, comme le chef des services de renseignement britanniques Richard Moore, à conclure que la stratégie poursuivie par les dirigeants du régime n’était pas une stratégie de négociation, mais simplement de retardement. En juillet, Moore a suggéré que le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, avait abandonné toute prétention à signer un accord avec les puissances occidentales, mais qu’il encourageait tacitement le gouvernement à continuer de faire traîner le processus de négociation afin de prévenir toute augmentation des sanctions liées à l’activité nucléaire de plus en plus provocante.
Cette interprétation des actions du régime a reçu un soutien notable le week-end dernier lorsque les responsables du régime iranien ont réitéré leur rejet d’une proposition de l’UE visant à remettre en œuvre le JCPOA. Bien que le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, ait explicitement déclaré que cette proposition était le « texte final » et que les parties aux négociations avaient épuisé toutes les possibilités de compromis, Téhéran a continué à insister sur de nouvelles modifications, ce qui a amené même les responsables politiques occidentaux les plus optimistes à conclure que la perspective d’un accord mutuel s’était éteinte.
Si M. Borrell et d’autres dirigeants de l’UE peuvent maintenant reconnaître que la théocratie au pouvoir en Iran pousse les négociations dans la mauvaise direction, on peut se demander pourquoi ils ne peuvent pas également reconnaître que le JCPOA n’est plus récupérable, ou que le temps est venu pour les puissances occidentales d’adopter une stratégie alternative pour empêcher la percée nucléaire de l’Iran.
Leur dévotion servile au JCPOA est d’autant plus inexplicable qu’un grand nombre des personnes les plus directement concernées par le problème en question réclament un changement de politique depuis des mois, voire depuis le début du processus. Avant la réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA en juin, le Conseil national de la résistance iranienne a publié une déclaration mettant en garde contre le report de la mise en œuvre des mécanismes de déclenchement du JCPOA, qui entraînerait la remise en vigueur de six résolutions antérieures du Conseil de sécurité des Nations unies et des sanctions qui y sont associées.
Non seulement les signataires occidentaux ont évité cette mise en œuvre à l’époque, mais leur refus plus récent d’appliquer des sanctions officielles suggère également que leurs priorités politiques vont dans la mauvaise direction, alors même que le processus de négociation fait de même.
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