La décision de l’ONU d’accueillir Raïssi et le projet de Washington de lui accorder un visa renforceront très certainement ce sentiment d’impunité à Téhéran.
En 1988, Raïssi a fait partie de la commission de la mort en tant que procureur adjoint de Téhéran. La commission s’est vu confier la juridiction des prisons d’Evin et de Gohardacht et a commencé à interroger les prisonniers politiques, en se concentrant principalement sur ceux qu’ils pensaient être affiliés au principal mouvement d’opposition, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI). Quiconque refusait de désavouer l’organisation ou ne démontrait pas sa loyauté envers la dictature théocratique était sommairement exécuté. Au moins 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés en l’espace de trois mois environ.
Le massacre de 1988 a été décrit comme le pire crime contre l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale. Malgré cela, personne n’a jamais été tenu pour responsable, à l’exception d’un fonctionnaire pénitentiaire de bas niveau nommé Hamid Noury, qu’un tribunal suédois a condamné à la prison à perpétuité au début de cette année sur la base de la « compétence universelle » pour les crimes contre l’humanité.
Il est clair que tant que le comportement de voyou de Téhéran persiste, il est contre-productif et potentiellement dangereux pour les décideurs occidentaux ou l’ONU de légitimer le régime ou ses représentants. Il est encore plus dangereux pour eux de prendre des mesures qui pourraient donner aux autorités iraniennes l’impression supplémentaire qu’elles ne seront pas tenues responsables de leurs activités malveillantes.
Si Raïssi s’exprime à l’ONU sans être tenu pour responsable de ses crimes, le gouvernement américain aura une part importante de responsabilité dans le renforcement de l’impunité de Téhéran, car il est le seul à pouvoir empêcher la présence de Raïssi en lui refusant un visa. C’est exactement ce qu’elle devrait faire, à la fois dans l’intérêt de la paix et de la sécurité internationales et pour défendre les principes communs des Droits de l’Homme, qui constituent l’un des principaux fondements de la charte des Nations unies.
Bien sûr, le régime a toujours été prêt à nuire aux ressortissants occidentaux et à l’opposition organisée. Cela a été clairement confirmé en 2018 lorsque le Conseil suprême de sécurité nationale de Téhéran a approuvé les plans visant à bombarder le Sommet mondial de l’Iran libre près de Paris en juin 2018, auquel participaient également des centaines de législateurs, de chercheurs et d’experts en affaires étrangères américains et européens.
Le complot en question a heureusement échoué à la suite de l’intervention de multiples organismes européens chargés de l’application de la loi, et un diplomate de haut rang de Téhéran a été identifié comme son cerveau, arrêté, puis condamné à 20 ans de prison par un tribunal belge.
La communauté internationale doit revoir ses politiques afin d’anticiper l’accélération des activités malveillantes du régime et de s’attaquer aux crimes passés qui sont restés sans réponse.
Ces deux questions sont directement liées, et la nomination de Raïssi à la présidence était en soi une expression claire de l’impunité dont jouit Téhéran après des années d’inaction et de conciliation de la part des grandes puissances mondiales.
La communauté internationale devrait maintenant envoyer un message clair en refusant tout simplement de donner une voix à Raïssi à l’Assemblée générale. Lorsqu’il apparaîtra clairement à quel point le peuple iranien adhère avec enthousiasme à ce message, la communauté internationale jugera enfin bon de l’aider à obtenir la justice qu’il réclame depuis si longtemps et à appliquer une sanction appropriée au « boucher de Téhéran ».
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