Dans un récent rapport intitulé « Suicide de personnes dans la ville la plus industrialisée d’Ilam en raison du chômage », l’agence de presse ILNA a mis en évidence non seulement les difficultés économiques, mais aussi les problèmes importants liés à l’accès à l’eau potable. La situation de Chavar, malgré sa proximité avec un complexe pétrochimique, contraste fortement avec son potentiel industriel.
Pauvreté et chômage élevés malgré l’activité industrielle
Lors de son entretien avec l’ILNA, M. Fathollahi s’est dit frustré par le fait que Chavar, bien qu’étant un centre industriel, soit aux prises avec les taux de pauvreté et de chômage les plus élevés de la région. La ville manque même d’installations récréatives de base, ce qui souligne l’abandon de la communauté. Selon M. Fathollahi, le désespoir des travailleurs locaux a conduit à de nombreux cas de suicide, dont six tentatives dans une seule usine. Il a ajouté que dans le projet Arghavan Gostar, trois travailleurs ont tenté de se suicider rien que cette année, tous en raison de graves difficultés économiques et de subsistance.
Des rapports antérieurs indiquent que les tentatives d’auto-immolation et de suicide parmi les travailleurs sans emploi de Chavar Petrochemical sont devenues terriblement courantes. Le 22 septembre, un groupe de travailleurs de l’entreprise pétrochimique Arghvan Gostar a organisé une manifestation devant le bâtiment de la justice de Chavar, exigeant la libération de collègues détenus. La manifestation a tourné au drame lorsque deux personnes ont tenté de s’immoler ; l’une d’entre elles était le père d’un travailleur détenu. En juillet, trois autres suicides ont été signalés dans la région, deux d’entre eux étant des travailleurs récemment licenciés par le même entrepreneur pétrochimique.
M. Fathollahi a raconté que des travailleurs récemment licenciés avaient organisé une manifestation dans l’usine pétrochimique, réclamant un traitement équitable, et que huit d’entre eux avaient été arrêtés sur ordre du procureur de Chavar. Les experts estiment que les inégalités croissantes, la pauvreté omniprésente et la répression politique ont gravement affecté la stabilité sociale et la santé mentale de la population iranienne.
Manifestations persistantes des travailleurs et répression du régime
Les travailleurs de Chavar ont protesté à plusieurs reprises contre les bas salaires, les salaires impayés et les licenciements arbitraires. Cependant, les autorités n’ont jamais répondu à leurs doléances. Au contraire, le gouvernement a souvent réagi en détenant des militants syndicaux, exacerbant ainsi les frustrations d’une main-d’œuvre déjà soumise à rude épreuve.
La crise de l’eau aggrave les risques pour la santé des habitants de Chavar
Outre les difficultés économiques, Chavar est confronté à une grave crise de l’eau qui met en péril la santé des habitants. En raison de la mauvaise qualité de l’eau, de nombreux habitants sont contraints de s’approvisionner en eau de source dans les régions voisines ou de se rendre à Ivan, une ville voisine située à 10 minutes de là, pour obtenir de l’eau potable. Selon M. Fathollahi, cette situation crée un fardeau supplémentaire pour les habitants pauvres qui n’ont pas accès à des moyens de transport, et les rend dépendants d’une eau polluée qui provoque souvent des maladies gastro-intestinales.
M. Fathollahi a indiqué que, bien que des manifestations publiques répétées aient permis de sensibiliser la population à ce problème, une solution durable n’a toujours pas été trouvée. Bien que les autorités environnementales aient imposé des amendes à Chavar Petrochemical en réponse à des plaintes pour contamination de l’eau, ces mesures n’ont pas amélioré la situation. Le problème s’aggrave en hiver, lorsque les pluies entraînent les polluants pétrochimiques dans les sources d’eau locales, ce qui donne lieu à une odeur insupportable.
Contexte national : Un taux de chômage élevé dans un contexte de tensions économiques croissantes
Les données de recensement récentes du Centre statistique iranien révèlent un taux de chômage de 8,1 % en 2023, ce qui met en évidence un chômage systémique à l’échelle nationale. Sur les quelque 64,5 millions de personnes en âge de travailler dans le pays, seules 26,6 millions ont un emploi. Pour des communautés comme Chavar, ces chiffres se traduisent par des conséquences bien plus graves, où le chômage s’ajoute à la pauvreté et au manque d’infrastructures de base, intensifiant le désespoir qui se termine trop souvent en tragédie.
Source : INU/CSDHI
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