Les informations font état des critères de sélection médiévaux du régime iranien, qui excluent les candidats sur la base de leur mode de vie, de leur activité sur les médias sociaux et de leur conformité idéologique plutôt que sur la base de leurs qualifications.
En conséquence, de nombreuses personnes qualifiées ne peuvent pas enseigner, ce qui aggrave la crise du personnel dans les écoles publiques, où sont scolarisés plus de 85 % des élèves iraniens. Cet article présente une vue d’ensemble de ces pratiques restrictives et de leur impact sur le paysage éducatif iranien.
Sélection idéologique des candidats
Le 27 octobre 2024, des élèves-enseignants et des futurs employés ont protesté contre le processus de recrutement du ministère de l’Éducation, dénonçant la discrimination et les questions invasives. Les candidats ont indiqué que la sélection allait au-delà des évaluations professionnelles et qu’elle portait sur des aspects personnels et idéologiques de leur vie.
Nombre d’entre eux ont été disqualifiés pour des actions considérées comme inappropriées selon les normes du régime, telles que la lecture de livres de philosophie, le port de vernis à ongles, de moustaches ou le fait de ne pas assister à des rassemblements sanctionnés par le régime, tels que les prières du vendredi.
Parmi les autres critères de disqualification figure l’activité personnelle sur les médias sociaux, les candidats étant disqualifiés pour avoir « aimé » certaines publications.
Pour les femmes, le fait de ne pas porter le tchador traditionnel pendant les examens ou de laisser apparaître leurs cheveux sous un foulard suffisait à les exclure de l’examen. Les candidats masculins auraient été jugés sur leur apparence physique, par exemple s’ils avaient des tatouages ou des coiffures non conventionnelles, regroupés sous le tristement célèbre « Code 19 », une catégorie des directives du ministère ciblant les comportements et les apparences qui s’écartent des attentes du régime.
Pratiques historiques de la ligne dure
Ce contrôle extrême remonte aux années 1980, comme l’a fait remarquer Mohammad Heydari Varjani, un ancien responsable de l’association des étudiants islamiques de l’université Farhangian de Téhéran, qui forme les futurs enseignants. Il a souligné que le niveau d’examen idéologique dans le recrutement des enseignants s’est intensifié ces dernières années. Pourtant, malgré ces pratiques, l’actuel ministre de l’éducation est resté silencieux sur la controverse.
L’application de ces politiques a coïncidé avec une pénurie nationale d’enseignants qui a laissé les écoles iraniennes avec un déficit de plus de 176 000 éducateurs. Les critères d’exclusion du régime, combinés à des disqualifications idéologiques généralisées, aggravent cette pénurie, car les disqualifications ciblées politiquement éliminent un nombre substantiel d’enseignants potentiels.
Impacts plus larges sur le système éducatif iranien
La pénurie nationale d’enseignants qualifiés est encore aggravée par les défis économiques et l’approche antagoniste du régime à l’égard des professionnels de l’éducation.
Selon le porte-parole du Conseil de coordination des associations d’enseignants d’Iran, entre 2022 et 2023, au moins 80 enseignants ont été contraints de quitter le système éducatif, soit par des licenciements, soit par des départs à la retraite forcés. Les syndicats d’enseignants affirment que cet exode d’éducateurs expérimentés nuit à la qualité de l’enseignement.
Les salaires des enseignants en Iran restent insuffisants, avec une moyenne d’environ 16 millions de tomans par mois (environ 320 $), un maigre revenu comparé à l’inflation et au coût de la vie dans le pays. En réponse à la montée du mécontentement, l’administration du président de l’ancien régime, Ebrahim Raïssi, avait promis des augmentations de salaire par le biais d’une « loi de classement » destinée à augmenter les salaires des enseignants en fonction de leur expérience. Cependant, les dirigeants syndicaux, y compris le Conseil de coordination des associations d’enseignants, ont exprimé leur mécontentement quant à la mise en œuvre de cette loi, notant que la politique n’a pas apporté le soulagement économique promis.
Répression accrue de l’activisme des enseignants
Face au mécontentement croissant, le régime iranien a augmenté la pression sur les enseignants activistes, dont beaucoup ont été menacés, convoqués ou même emprisonnés pour s’être exprimés.
Ces tactiques reflètent la réponse plus large du régime aux troubles sociaux et aux protestations économiques dans divers secteurs, notamment les soins de santé, l’industrie et l’éducation. Au début du mois d’octobre 2024, le Conseil des associations d’enseignants a mis en garde contre l’escalade de la répression des manifestations d’enseignants, en particulier celles menées par des retraités confrontés à des retards dans le versement de leur pension.
En réponse au mécontentement croissant, le Corps des gardiens de la révolution (CGR) aurait ordonné aux ministères économiques de se préparer à une « économie de guerre ». Cette approche consiste à étendre le contrôle sur la vie des citoyens, à appliquer des codes vestimentaires stricts dans les bureaux du gouvernement et à renforcer le respect des normes religieuses.
Par exemple, le quartier général de la promotion de la vertu et de la prévention du vice a récemment publié des instructions sur les codes vestimentaires pour les institutions publiques, avec des mandats spécifiques sur les coiffures des hommes et les vêtements des femmes, y compris l’obligation de couvrir le cou et l’interdiction de porter des bottes hautes ou du vernis à ongles visible. Cette répression vise à renforcer les normes sociales strictes dans toutes les institutions contrôlées par l’État, y compris l’éducation.
Les politiques restrictives du régime iranien au sein de son système éducatif soulignent un problème fondamental : un gouvernement confronté à une pénurie massive d’enseignants, mais qui n’est pas disposé à donner la priorité aux qualifications éducatives plutôt qu’à la conformité idéologique dans les pratiques d’embauche.
Les disqualifications du ministère de l’éducation fondées sur l’apparence personnelle, le mode de vie et l’idéologie illustrent le degré de contrôle que le régime exerce sur ses citoyens. Bien que ces mesures visent à aligner les enseignants sur les valeurs du régime, elles ont érodé la confiance du public dans le système éducatif et contribué à la détérioration de l’environnement d’apprentissage.
Source: CNRI Femmes
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