Négligence médicale chronique et absence de traitement
Selon des sources proches de la famille de Mme Jalalian, les autorités pénitentiaires ont refusé de lui fournir les résultats des tests médicaux et des examens d’imagerie qu’elle avait déjà subis, laissant son traitement incomplet. Malgré de fortes douleurs au côté droit et des problèmes de peau affectant son visage, sa poitrine et ses épaules, les demandes de transfert vers un hôpital extérieur pour des soins spécialisés ont été refusées. L’état de santé de Mme Jalalian s’est considérablement aggravé au cours des derniers mois en raison de l’absence de traitement et des conditions de détention.
Les responsables de la prison ont conditionné les soins médicaux à la signature d’une « lettre de repentir », ce que Jalalian a toujours refusé, affirmant que le traitement médical est un droit humain fondamental. Des agents des services de renseignement iraniens l’auraient menacée en novembre 2023, déclarant qu’elle resterait privée de tous ses droits fondamentaux, y compris les soins médicaux, jusqu’à ce qu’elle se plie à leurs exigences.
Historique de l’arrestation et de la torture
Zeinab Jalalian est née en 1982 à Dim Qechlaq, un village situé près de Makou, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental, au nord-ouest de l’Iran. Elle a été arrêtée le 10 mars 2008 sur l’autoroute Kermanchah-Sanandadj, puis condamnée pour « inimitié à l’égard de Dieu » (Moharebeh) en raison de son affiliation présumée à un groupe d’opposition kurde. Sa peine de mort initiale, prononcée à l’issue d’un procès qui n’a duré que quelques minutes et qui s’est déroulé sans représentation légale, a ensuite été commuée en peine de prison à perpétuité en 2011.
Pendant sa détention, Mme Jalalian a subi de graves tortures physiques et psychologiques, notamment des passages à tabac, des menaces de violences sexuelles et des coups de barre de fer sur la tête, qui lui auraient fait perdre connaissance. Ces mauvais traitements lui ont laissé des séquelles permanentes, notamment des problèmes de vue et des difficultés respiratoires.
16 ans d’emprisonnement sans permission de sortie
Au cours de ses 16 années d’incarcération, Mme Jalalian a été transférée à de multiples reprises d’un établissement à l’autre, souvent sans que sa famille ou son avocat n’en soient informés au préalable. Elle a été détenue dans différentes prisons, notamment à Kermanchah, Evin, Khoy et Qarchak, et a finalement été transférée à Yazd en novembre 2020. Pendant cette période, elle n’a pas bénéficié d’un seul jour de permission médicale, malgré l’aggravation de son état de santé.
Dans un cas, des membres de la famille qui s’étaient rendus de Makou à Yazd pour une visite ont été renvoyés à mi-chemin après avoir été informés de l’interdiction de visite dont elle faisait l’objet. De telles mesures mettent en évidence le déni systémique de ses droits fondamentaux, y compris les contacts familiaux.
Droit international et violations des droits de l’Homme
Le refus délibéré de soins médicaux constitue un traitement cruel, inhumain et dégradant au regard du droit international des droits de l’homme. Les experts affirment que de telles pratiques s’apparentent à de la torture et constituent une violation flagrante des obligations de l’Iran au titre de traités tels que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), dont l’Iran est signataire.
Le cas de Zeinab Jalalian met en évidence les dures réalités auxquelles sont confrontés les prisonniers politiques en Iran, en particulier les femmes et les membres des minorités ethniques. Son maintien en prison dans des conditions qui mettent sa vie en danger met en lumière les violations systématiques des droits de l’Homme dans le système carcéral du régime iranien. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour que les autorités iraniennes rendent compte du traitement qu’elles réservent aux prisonniers politiques et pour exiger que Zeinab Jalalian bénéficie immédiatement de soins médicaux et d’un traitement équitable.
Source : CNRI Femmes
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