Les autorités iraniennes ont procédé aux exécutions arbitraires de 10 autres personnes à l’issue de simulacres de procès manifestement inéquitables et ont soumis de nombreuses personnes à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements, notamment des coups, des décharges électriques et des sévices sexuels.
Craintes de nouvelles exécutions dans le cadre d’une vague de pendaisons
Amnesty International a montré que les procès de personnes accusées de crimes capitaux dans le cadre du soulèvement « Woman Life Freedom » ne ressemblaient en rien à des procédures judiciaires dignes de ce nom. Les autorités ont interdit à ces personnes de consulter un avocat pendant la phase d’enquête et ont également empêché les avocats indépendants d’assister à toutes les audiences et d’accéder aux dossiers de leurs clients. Les tribunaux ont utilisé des « aveux » entachés de torture pour prononcer des condamnations.
Les dernières condamnations à mort connues en rapport avec le soulèvement « Woman Life Freedom » ont été prononcées à la mi-novembre 2024 à l’encontre de six personnes dans l’affaire « Ekbatan », ainsi nommée d’après le quartier de Téhéran où un agent de sécurité aurait été tué pendant le soulèvement. Ils ont été reconnus coupables de meurtre par la branche 13 de la première cour pénale de Téhéran, selon des messages publiés sur les réseaux sociaux par Babak Paknia, un avocat représentant plusieurs des personnes condamnées. Il s’agit des six personnes suivantes Alireza Bamerzpournak, Alireza Kafaei, Amir Mohammad Khosheghbal, Hossein Nemati, Milad Armoun et Navid Najaran. Selon un rapport de la BBC Persian, une chaîne de médias en langue persane basée hors d’Iran, certains des six hommes ont été soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements pour obtenir des « aveux » forcés. Leur appel est en instance devant la Cour suprême. Le même reportage de la BBC Persian indique que Milad Armoun, Navid Najaran et deux autres personnes qui ont été acquittées des accusations de meurtre dans l’affaire du tribunal pénal, à savoir Mohammad Mehdi et Hosseini Mehdi Imani, sont également poursuivis devant un tribunal révolutionnaire pour les mêmes allégations sous-jacentes, sous le chef d’accusation de crime capital.
À ce jour, les autorités ont exécuté arbitrairement au moins 10 personnes en relation avec le soulèvement, à l’issue de procès manifestement inéquitables, entachés d’allégations de recours à la torture et à d’autres mauvais traitements pour obtenir des « preuves ». Reza (Gholamreza) Rasaei, 34 ans, membre des minorités ethniques et religieuses kurdes et yaresan opprimées en Iran, a été exécuté arbitrairement et en secret le 6 août 2024 dans la prison de Dizel Abad dans la province de Kermanshah. Selon les informations fournies à Amnesty International par une source informée, les autorités n’ont pas prévenu Reza Rasaei, sa famille ou son avocat. Quelques heures après avoir informé sa famille de son exécution, les autorités l’ont cruellement forcée à l’enterrer dans une zone reculée, loin de son domicile et en présence des forces de sécurité.
À la suite du soulèvement « Woman Life Freedom », les autorités iraniennes ont intensifié leur recours à la peine de mort afin de susciter la peur au sein de la population et de renforcer leur emprise sur le pouvoir. En 2023, les autorités ont procédé à au moins 853 exécutions, soit une augmentation de 48 % par rapport à 2022. Sept d’entre elles étaient liées à des manifestations : Mohammad Mehdi Karami et Seyed Mohammad Hosseini en janvier ; Majid Kazemi, Saleh Mirhashemi et Saeed Yaghoubi en mai ; Milad Zohrevand en novembre, toutes en relation avec le soulèvement de 2022 ; et Kamran Rezaei en novembre, en relation avec les manifestations nationales de novembre 2019. Le recours à la peine de mort a eu un impact disproportionné sur la minorité ethnique opprimée des Baloutches, qui représente environ 5 % de la population iranienne, mais 20 % de l’ensemble des exécutions en 2023.
En 2024, les autorités iraniennes ont poursuivi leur vague d’exécutions, notamment contre des minorités ethniques et des dissidents. Amnesty International s’oppose à la peine de mort dans tous les cas, sans exception. La peine de mort est une violation du droit à la vie tel qu’il est proclamé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et constitue l’ultime châtiment cruel, inhumain et dégradant.
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