Un regard sur les prisonnières politiques privées de soins médicaux
Le 10 décembre, Journée internationale des droits de l’Homme, rappelle avec force les piliers fondamentaux que sont la liberté d’expression et la dignité humaine. En ce jour, nous rendons hommage aux femmes et aux hommes courageux qui ont entretenu la flamme des droits de l’Homme par leurs sacrifices et leur sang.
Depuis plus de 40 ans, la lutte pour la liberté, l’égalité des femmes et le rejet de la coercition religieuse définissent la confrontation entre le peuple iranien et le régime en place. Tout au long de cette période, les Iraniens ont fait preuve d’un courage inégalé pour résister à la tyrannie.
Un sombre bilan en matière de droits de l’Homme en Iran
Les atrocités commises par le régime clérical sont tristement célèbres : exécution d’adolescentes, meurtre de mères âgées et de femmes enceintes, assassinat de chefs religieux d’autres confessions et recours à des méthodes de torture inhumaines. Des dizaines de milliers de femmes et de jeunes filles courageuses qui se sont opposées à cette dictature misogyne ont été brutalement torturées ou exécutées.
Au fil des ans, plus de 100 000 des meilleurs citoyens iraniens ont sacrifié leur vie en luttant contre ce régime. Parmi eux, les 30 000 prisonniers politiques massacrés au cours de l’été 1988 par un bref décret de Khomeini, le fondateur du régime clérical.
Kazem Radjavi, un éminent martyr des droits de l’Homme en Iran, a déclaré un jour au New York Times : « Nous écrivons l’histoire des droits de l’Homme avec notre sang ». Cette année, l’histoire des droits de l’Homme en Iran a encore été entachée par l’exécution de 9 prisonniers politiques, la condamnation à mort de prisonniers politiques kurdes, baloutches, arabes et de femmes, ainsi que de membres et de sympathisants de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI).
Face à une société au bord de l’explosion, le régime clérical a eu recours à une répression accrue pour étouffer l’indignation publique et empêcher un nouveau soulèvement. Rien qu’au cours des onze derniers mois, près de 880 personnes, dont 32 femmes, ont été exécutées.
En outre, le régime a récemment adopté une loi draconienne et misogyne, mobilisant de nombreuses institutions publiques pour imposer le port obligatoire du voile. Cette loi n’est pas seulement une agression contre les femmes, mais une déclaration de guerre contre la société.
Cet article met en lumière le sort de certaines prisonnières politiques qui restent victimes de ce régime brutal.
Le statut des prisonnières politiques en Iran
Le régime iranien ne lésine pas sur les moyens pour faire taire les dissidents. L’arrestation, la torture et l’emprisonnement prolongé ne sont que quelques-unes des mesures utilisées contre ceux qui défendent les droits de l’Homme les plus élémentaires pour eux-mêmes et pour leurs concitoyens.
Une tactique particulièrement inhumaine consiste à refuser systématiquement tout traitement médical aux prisonniers politiques, les soumettant ainsi à une mort lente et atroce. Cette politique constitue une violation flagrante des droits de l’Homme fondamentaux.
Voici les cas de quelques prisonnières politiques à qui l’on refuse un traitement médical comme moyen de punition et de torture :
1. Zeinab Jalalian
Zeinab est la plus ancienne prisonnière politique d’Iran. Elle a passé près de 17 ans dans différentes prisons. À 42 ans, cette militante kurde souffre de problèmes gastro-intestinaux, rénaux et oculaires, entre autres graves problèmes de santé. Pourtant, le régime lui refuse tout traitement, à moins qu’elle n’accepte de collaborer et de faire des aveux télévisés. Elle est actuellement détenue à la prison centrale de Yazd.
2. Maryam Akbari Monfared
Âgée de 49 ans et mère de 3 enfants, Maryam a passé 15 ans en prison, et deux années supplémentaires ont été injustement ajoutées à sa peine. Bien que remplissant les conditions requises pour être libérée en vertu des lois du régime, elle reste incarcérée. Privée d’accès à des soins médicaux extérieurs, elle souffre d’une maladie du foie, aggravée par les mauvaises conditions de détention.
Le ministère des renseignements lui a interdit de consulter un médecin à l’extérieur de la prison. Le médecin de la prison lui a prescrit un régime spécial, mais ses demandes de nourriture appropriée et d’accès à un spécialiste sont restées sans réponse. Son état physique s’est gravement détérioré en raison d’une alimentation inadéquate et de l’absence de soins médicaux, ce qui a entraîné diverses complications.
Maryam est actuellement détenue à la prison de Qarchak dans des conditions insalubres, mélangée à des détenues apolitiques, en violation des normes internationales.
3. Zahra Safaei
Prisonnière politique âgée de 62 ans qui a purgé 8 ans de prison dans les années 1980, Zahra souffre de graves problèmes cardiaques et d’hypertension. Après 3 ans d’emprisonnement, elle a été libérée en février 2023, avant d’être à nouveau arrêtée en septembre et condamnée à cinq ans de prison. Elle s’est vu refuser un congé médical essentiel malgré son incapacité à supporter l’emprisonnement.
4. Marzieh Farsi
Âgée de 59 ans et mère de 2 enfants, Marzieh se bat contre un cancer. Après avoir purgé 3 ans de prison, elle a été libérée en mars 2023, avant d’être à nouveau arrêtée en août et condamnée à une peine de 15 ans.
5. Raheleh Rahimi Pour
Militante des droits civiques âgée de 71 ans, Raheleh purge une peine de 6 ans pour avoir demandé justice pour son frère et son neveu, victimes des exécutions massives des années 1980. Souffrant d’une tumeur au cerveau et de multiples autres affections, son état de santé se détériore. Malgré son âge et son état de santé, les autorités judiciaires ont rejeté ses demandes d’évaluation médicale.
6. Parvin Mirasan
Cette prisonnière politique de 67 ans purge une peine de 4 ans à la prison d’Evin. Elle souffre de multiples problèmes de santé, notamment de diabète, de la maladie de Parkinson et de problèmes articulaires, et présente parfois des adhérences intestinales. Elle souffre d’une douleur intense au genou gauche, qui se remplit fréquemment de liquide, ce qui l’empêche de marcher.
Après des mois de refus de traitement médical, elle a finalement été envoyée à l’hôpital, où les médecins ont déterminé que son genou gauche nécessitait une intervention chirurgicale. Cependant, au lieu de recevoir l’opération nécessaire, elle a été renvoyée en prison après n’avoir reçu que des analgésiques.
Parvin Mirasan souffre parfois de graves pertes de mémoire et devient inhabituellement silencieuse, le regard dans le vide. À d’autres moments, elle devient soudainement bavarde. Malgré ses nombreux problèmes de santé physiques et neurologiques, elle n’a pas été orientée vers un médecin légiste pour évaluer son incapacité à supporter l’emprisonnement.
7. Anvar Nejat Hamidi
Cette mère de 69 ans souffre de troubles de la thyroïde, d’hypertension et de migraines chroniques. Elle a des cataractes dans les deux yeux, qui ont provoqué des saignements en raison de l’absence de traitement. Bien qu’elle ait impérativement besoin d’une intervention chirurgicale et de soins spécialisés, les autorités continuent de lui bloquer l’accès aux soins médicaux à titre de punition. Elle est actuellement détenue dans la tristement célèbre prison de Chaiban à Ahvaz.
8. Fatemeh Ziaii (Hoori)
Prisonnière politique âgée de 67 ans et mère de 2 enfants, Fatemeh souffre de sclérose en plaques et d’infections graves. Son état de santé s’est considérablement aggravé en raison d’un refus prolongé de traitement.
9. Azar Korvandi (Mosazadeh)
Prisonnière politique âgée d’une soixantaine d’années, Azar souffre de graves problèmes cardiaques, avec deux artères bouchées qui nécessitent des soins urgents. Ses demandes d’hospitalisation ont été ignorées par les autorités de la prison d’Evin.
10. Massoumeh Yavari
Née en 1978, Massoumeh Yavari est femme au foyer et mère de 2 enfants. Elle a été arrêtée en septembre 2023 et purge une peine de 13 ans à la prison de Dowlatabad à Ispahan. Massoumeh est très malade et souffre de diverses affections, notamment d’une maladie cardiaque, d’artères obstruées et d’une hypothyroïdie sévère. Elle a également subi une opération des disques lombaires. Ses conditions de détention seraient désastreuses.
11. Sarvnaz Ahmadi
Militante des droits de l’enfant et travailleuse sociale de 26 ans, Sarvnaz souffre d’épilepsie et de graves problèmes neurologiques. Malgré son état, elle n’a bénéficié que d’une semaine de permission médicale avant d’être renvoyée de force en prison.
12. Massoumeh Nassaji (Farah)
Âgée de 62 ans et souffrant d’asthme et de bronchite chronique, Massoumeh est condamnée à 5 ans et 4 mois de prison. Arrêtée en septembre 2022, elle a été soumise à 48 jours d’isolement et de torture. Malgré les rapports médicaux confirmant son incapacité à supporter l’emprisonnement, elle reste incarcérée.
13. Farzaneh Ghareh Hassanlou
Participante au soulèvement national de 2022, Farzaneh purge une peine de 25 ans à la prison centrale de Machhad. Après avoir été opérée d’une tumeur, elle a été renvoyée prématurément en prison, où elle continue de se voir refuser les traitements nécessaires.
14. Reyhaneh Ansari Nejad
Militante syndicale de 58 ans purgeant une peine de 4 ans, Reyhaneh souffre de graves douleurs aux articulations et à la colonne vertébrale. Malgré les recommandations médicales de physiothérapie, elle s’est vu refuser l’accès à un traitement approprié, ce qui a aggravé son état.
15. Azam Khezri Javadi
Cette militante syndicale de 67 ans, actuellement incarcérée dans le quartier des femmes de la prison d’Evin, souffre de multiples problèmes de santé, notamment d’une grave ostéoporose, et s’est vu refuser des soins médicaux appropriés. En raison de son incapacité à absorber le calcium, elle a besoin d’un traitement spécialisé et d’injections pour l’ostéoporose, mais n’a pas été transférée dans un hôpital. Malgré son âge avancé, une hernie discale, un faible taux de globules blancs et une perte d’audition importante, ses demandes de congé médical ont jusqu’à présent été rejetées.
Ces cas mettent en lumière les injustices flagrantes et les violations généralisées des droits de l’Homme dans les prisons iraniennes. En cette Journée internationale des droits de l’Homme, la Commission des femmes du Conseil national de la résistance iranienne renouvelle son appel aux Nations unies et aux organisations de défense des droits de l’Homme pour qu’elles envoient une délégation internationale indépendante inspecter les prisons iraniennes et évaluer les conditions de détention des prisonniers, en particulier des prisonnières politiques.
L’effondrement de la dictature syrienne, alliée de longue date du régime clérical iranien, et la révélation des atrocités commises dans ses prisons soulignent l’urgence d’un examen international du système carcéral iranien.
Source: CNRI Femmes
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