jeudi 19 décembre 2024

Le régime iranien fait marche arrière sur la loi sur le hijab par crainte d’un soulèvement social et de divisions internes

 Le régime iranien a temporairement fait marche arrière dans l’application de sa loi controversée sur le hijab obligatoire, suite à l’intervention du Conseil suprême de sécurité nationale (CSSN) et à des conflits internes croissants. Craignant une répétition du soulèvement national de 2022, les responsables ont reconnu le potentiel d’une grave réaction sociale, en particulier alors que Téhéran est aux prises avec des crises économiques, des revers régionaux et un mécontentement public croissant.

Depuis le soir du 14 décembre, les médias d’État ont confirmé que le CSSN était intervenu, demandant au Parlement du régime de retarder la mise en œuvre de la loi. Cette décision, décrite par Raja News, un média affilié à Saïd Jalili, comme une tentative « d’éviter de créer des tensions » compte tenu des conditions fragiles du pays, a déclenché l’indignation des factions extrémistes. « Cette incapacité à faire appliquer les lois révèle la crise de gestion de l’État et envoie un signal dangereux à la société », a averti Raja News, ajoutant : « L’arrêt des lois sape la confiance du public et les structures de gouvernance. »

Ce report fait suite à des inquiétudes croissantes au sein des cercles du régime quant à l’applicabilité de la loi. Ali Rabiï, conseiller aux affaires sociales du président du régime, Masoud Pezeshkian, a admis franchement : « Tous ceux avec qui je parle, quelles que soient leurs tendances politiques, conviennent que cette loi n’est pas pratique. » Rabiï a salué le renvoi de Pezeshkian devant la SNSC, déclarant : « La décision du président de donner la priorité aux considérations de sécurité nationale reflète la conscience de ses répercussions sociales potentielles. »

Le site Tabnak, affilié à l’ancien commandant en chef du CGRI, Mohsen Rezaï, a critiqué l’approbation précipitée et « non experte » de la loi, soulignant que la loi sur le hijab, qui compte 85 articles, impose des sanctions encore plus sévères que celles pour les enlèvements ou le trafic de drogue.

Shahram Dabiri, le député de Pezeshkian, a confirmé que le gouvernement avait proposé au Parlement un « projet de loi amendé » pour « suspendre l’application » jusqu’à de nouvelles délibérations. Cependant, les factions extrémistes et leurs membres affiliés, dont Mortaza Agha-Tehrani, chef de la Commission culturelle, insistent sur le fait que la loi doit être appliquée, le député avertissant : « Si Pezeshkian refuse de l’appliquer, Ghalibaf [le président du Parlement] le fera. »

Ces divisions révèlent une crise existentielle plus profonde. Les factions proches du guide suprême du régime, Ali Khamenei, craignent que le fait de renoncer à l’application du hijab ne porte atteinte à leur autorité déjà en déclin, tandis que d’autres reconnaissent que l’application d’une telle loi risque de déclencher des troubles publics massifs. Comme l’a déclaré Pezeshkian lui-même : « Cette loi ne sera pas acceptée par la société ; sa mise en œuvre ne fera qu’accroître le mécontentement. »

Les critiques se sont étendues au-delà des cercles du régime. Des experts des Nations Unies ont condamné la loi, la qualifiant de « grave violation des droits des femmes » qui autorise des peines sévères, y compris des peines de prison de 15 ans et, dans les cas extrêmes, la peine capitale pour « corruption sur terre ». Le panel de l’ONU a souligné que la loi représente « le contrôle du gouvernement sur le corps des femmes » et une attaque directe contre leurs libertés fondamentales.

L’échec de l’application de la loi à la date promise, le 14 décembre, marque un recul significatif pour le régime. Auparavant, Mohammad Bagher Ghalibaf, président du Parlement, avait déclaré que la loi serait appliquée sans délai. Pourtant, face aux dissensions internes et au risque de nouvelles protestations, même la rhétorique de Ghalibaf s’est adoucie.

L’impasse actuelle met en évidence les craintes croissantes du régime d’un nouveau soulèvement, en particulier alors que l’Iran est aux prises avec des crises économiques croissantes, un isolement international et des revers régionaux tels que l’effondrement de sa « profondeur stratégique » en Syrie. Les analystes avertissent que l’application ou l’abandon de la loi comporte des risques importants pour le régime. « Les deux voies sont tout aussi dangereuses », a noté un commentateur, reflétant la précarité de l’emprise du régime sur le pouvoir.

Ce qui reste clair, c’est que l’establishment clérical, divisé et craintif, est à court d’options. Alors que les factions extrémistes s’accrochent à la répression, leurs pairs d’autrefois, qui se présentent désormais comme des réformistes, reconnaissent que la loi sur le hijab risque de devenir un point d’éclair pour une société de plus en plus rebelle et peu disposée à endurer des décennies de régime autoritaire. Alors que le régime vacille, le peuple iranien devient de plus en plus résolu dans sa détermination à se soulever.

Source : CNRI 

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