dimanche 8 décembre 2024

La chute d’Assad suscite l’inquiétude et l’incertitude stratégique à Téhéran

 La chute du gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie a déclenché une vague de réactions dans les médias contrôlés par l’État iranien et parmi les responsables, reflétant de profondes inquiétudes quant à son impact sur la stratégie régionale de Téhéran. Alors que le régime iranien a maintenu le silence officiel, le ton défensif de ses médias et les déclarations des députés du Majlis révèlent un régime aux prises avec un coup stratégique et des répercussions profondes.

Dans les 24 heures qui ont précédé la chute d’Assad, les médias iraniens ont sensiblement changé de langage à l’égard des opposants d’Assad. Auparavant décrits comme des « terroristes » ou des groupes « takfiri », ces médias ont commencé à les désigner comme des « groupes d’opposition armés » dans les jours précédant la chute. Après la chute du gouvernement d’Assad, la terminologie a de nouveau changé pour devenir « milices », révélant un ajustement calculé de la rhétorique.

Le journal Mashregh News, lié au CGRI, a exprimé de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir dans un article intitulé « L’Iran et l’Axe de la Résistance après la chute d’Assad ». « Quel sera le sort de l’Axe de la Résistance après Bachar al-Assad ? Va-t-il s’affaiblir ? », s’interroge-t-il, reconnaissant que la perte d’un allié fidèle à Damas représentait un « coup dur » pour l’Iran. Le journal a toutefois suggéré des stratégies alternatives, affirmant que « l’Iran peut renforcer certaines parties de l’Axe de la Résistance, comme le Yémen ou d’autres régions, pour s’assurer que cet axe devienne puissant d’une autre manière et maintienne l’équilibre des pouvoirs sous de nouvelles règles ». Il a également fait allusion à de possibles escalades militaires, avertissant que « en Iran, des changements dans l’équipement et l’armement pourraient fondamentalement modifier les règles du pouvoir dans la région ».

Fars News, un autre média affilié au CGRI, a décrit le mandat d’Assad comme une « opportunité mutuelle » pour la Syrie et Téhéran. Il a déploré qu’Assad n’ait pas pleinement tenu compte des conseils du régime en Iran : « L’Iran a utilisé cette opportunité pour renforcer l’Axe de la Résistance et améliorer la gouvernance en Syrie, mais Assad n’a pas accordé suffisamment d’attention aux recommandations de l’Iran sur la démocratie et la défense populaire. » Le média a cherché à rassurer son public en soulignant la capacité de Téhéran à se regrouper dans d’autres domaines. « En guerre, parfois on frappe, et parfois on est frappé. Ce qui compte, c’est d’utiliser ces expériences sur d’autres champs de bataille. Les autres théâtres de cette guerre – au Yémen, en Irak, en Palestine, au Liban et même en Iran – sont toujours en jeu, et avec une détermination divine et une lutte persistante, nous pouvons finalement remporter la victoire. »

Le site Tabnak, lié à l’ancien commandant du CGRI Mohsen Rezaei, a été plus direct en soulignant les conséquences. « L’impact le plus critique des changements en Syrie concerne l’Iran et l’Axe de la Résistance. Après les pertes subies par le Hamas et le Hezbollah, la Syrie, en tant que lien logistique de cet axe, a maintenant échappé à tout contrôle. » Le site a noté que les successeurs d’Assad pourraient adopter une position antagoniste à l’égard du Hezbollah, avertissant : « Jusqu’à présent, Assad a soutenu le Hezbollah, mais à l’avenir, le gouvernement syrien pourrait devenir son ennemi, affectant la dynamique du pouvoir au Liban. »

Les réactions parlementaires ont reflété ces inquiétudes, les législateurs appelant à des discussions urgentes. Le député de Téhéran Hamid Rasaee a exigé une séance à huis clos, déclarant : « Le Parlement a besoin d’informations actualisées et claires sur la région. » Mohammad Taqi Naqdali a exprimé des critiques rares, notant que même les initiés du régime s’alignent sur la dissidence : « Les récents développements régionaux offrent une leçon : nous devons nous concentrer sur les questions essentielles de notre peuple. Aujourd’hui, même les individus les plus révolutionnaires sont insatisfaits de notre approche. Quand allons-nous répondre aux préoccupations économiques du peuple ? »

Réfléchissant aux implications plus larges, le site Web Asr Iran a critiqué la gouvernance d’Assad tout en mettant indirectement en garde les dirigeants du régime contre un sort similaire. « Certains pourraient dire qu’Assad a été victime de conspirations étrangères en raison de son soutien à la résistance. Bien que cela soit en partie vrai, la réalité est que l’affaiblissement des liens entre le gouvernement et son peuple enhardit les acteurs étrangers. Si un État est confronté à une hostilité extérieure importante, ne devrait-il pas au moins agir avec sagesse et traiter son peuple avec compassion pour assurer sa propre survie ? » Le site conclut par un avertissement sévère : « Ignorer le peuple, ses opinions et ses demandes publiques est la plus grave erreur qu’un gouvernement puisse commettre. Assad l’a fait, et cela a conduit son pays à la ruine et lui-même à l’infamie. »

Mojtaba Hosseini Dibaji, chef du bureau de représentation du Guide suprême au sein du CGRI dans la province de Markazi, s’est adressé au personnel du CGRI à Zarandieh pour encourager les efforts visant à renforcer la sécurité des citoyens.
Le moral des troupes syriennes a été entamé. « Les récentes avancées des terroristes takfiri en Syrie nous rappellent l’attaque de l’OMPI ou MEK après le cessez-le-feu, qui a finalement été écrasée lors de l’opération décisive de Mersad. Par la grâce de Dieu, les terroristes takfiri subiront le même sort et leurs plans seront anéantis », a-t-il déclaré.

La chute d’Assad a révélé les vulnérabilités de Téhéran à un moment critique. Malgré les tentatives des médias d’État de faire preuve de résilience, leur langage révèle un régime profondément alarmé par l’impact stratégique et symbolique de la destitution d’Assad. La crainte ne concerne pas seulement la perte d’un allié clé, mais le message plus large qu’il envoie à une population déjà aux prises avec un mécontentement économique et politique. Alors que Téhéran tente de se regrouper et de changer de discours, les fissures dans sa stratégie régionale et sa stabilité interne sont devenues plus visibles que jamais.

Source: NCRI 

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