samedi 15 février 2025

Iran : La prison de Qezel-Hesar à Karaj – Partie n°2

 Introduction : La prison de Qezel-Hesar à Karaj est l’une des plus grandes et des plus tristement célèbres prisons d’Iran, où les conditions sont en violation flagrante des lois et des normes internationales en matière de droits de l’homme. Dans la deuxième partie de ce rapport, nous aborderons les aspects suivants de la prison de Qezel-Hesar :

  • Privation des droits fondamentaux (y compris les visites familiales et la communication)
  • Refus de représentation légale et procès inéquitables
  • Exécutions extrajudiciaires et violations des droits de l’homme
  • Travail forcé et exploitation des prisonniers
  • Émeutes, manifestations et répression de l’État
  • Quartiers de haute sécurité et détention des condamnés à mort
  • Quartiers isolés et traitement des prisonniers étrangers

8- Refus des droits fondamentaux des prisonniers (y compris les visites et les contacts familiaux)

Un autre problème majeur auquel sont confrontés les détenus de la prison de Qezel-Hesar est la privation de droits fondamentaux tels que les visites familiales et la représentation légale. Ces restrictions sont souvent imposées délibérément, en particulier aux prisonniers politiques et aux manifestants, afin d’exercer une pression sur eux. Des rapports indiquent que les prisonniers, en particulier ceux qui sont détenus dans des quartiers de haute sécurité et des quartiers spéciaux à titre de mesure punitive, se voient refuser l’accès aux appels téléphoniques avec leur famille. Les visites sont également très limitées et se déroulent sous une surveillance stricte, ce qui viole le droit des prisonniers à entretenir des relations familiales et sociales.

L’article 10 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) stipule que « toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ». Le refus du droit de visite est en contradiction directe avec cette disposition.

9- Manque d’accès aux avocats et procès inéquitables

De nombreux rapports indiquent que de nombreux prisonniers à Qezel-Hesar, en particulier ceux qui sont incarcérés pour des raisons politiques ou des protestations sociales, se voient refuser l’accès à une représentation juridique. En outre, les procès se déroulent souvent dans des tribunaux qui ne respectent pas les normes internationales des droits de l’homme en matière d’équité des procédures. Les procès inéquitables, la privation du droit à la défense et les pressions exercées par le gouvernement sur les avocats pour qu’ils se conforment aux politiques de l’État sont des problèmes régulièrement signalés.

Les rapports d’Amnesty International ont sévèrement critiqué le manque d’accès à une représentation juridique et la qualité des procès en Iran, en particulier pour les prisonniers politiques. Ces rapports soulignent que de nombreux détenus, en particulier ceux de la prison de Qezel-Hesar, sont privés d’accès à des avocats indépendants et à des procès équitables. Dans de nombreux cas, les procès se déroulent en secret, sans l’assistance d’un avocat. Le rapport 2024 d’Amnesty International indique que « les prisonniers politiques en Iran se voient fréquemment refuser l’accès à une représentation juridique, et leurs procès sont généralement inéquitables. Les pressions exercées sur les avocats pour qu’ils se conforment aux directives du gouvernement sont une tactique courante ».

L’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques stipule que « toute personne accusée d’une infraction pénale a le droit d’être assistée par un avocat et le droit de se défendre au cours d’un procès équitable ». Le refus de représentation légale et la prévalence de procès inéquitables dans la prison de Qezel-Hesar constituent des violations évidentes de ce droit fondamental.

10 – Exécutions extrajudiciaires et violations des droits de l’homme dans la prison de Qezel-Hesar

La prison de Qezel-Hesar reste l’un des principaux centres d’exécution en Iran. De nombreux rapports indiquent que de nombreux prisonniers – en particulier ceux accusés d’infractions liées à la drogue – sont condamnés à mort sans procès équitable et sur la base d’accusations vagues. En outre, les exécutions secrètes effectuées sans que les familles des prisonniers soient informées mettent en évidence de graves violations des droits de l’homme.

Amnesty International a signalé à plusieurs reprises des exécutions illégales en Iran, en particulier dans la prison de Qezel-Hesar. L’organisation a documenté des exécutions systématiques de personnes accusées de délits liés à la drogue, souvent en l’absence de procédures légales appropriées. L’une des questions les plus préoccupantes soulevées dans ces rapports est celle des exécutions secrètes, qui ont lieu sans que les familles ou les avocats des prisonniers en soient informés. Le rapport 2023 d’Amnesty International sur l’Iran indique que « les exécutions secrètes et illégales dans les prisons iraniennes, en particulier à Qezel-Hesar, comptent parmi les violations les plus graves des droits de l’homme. Ces exécutions ont lieu sans procès équitable et, dans certains cas, sans que les familles des prisonniers en soient informées. »

En 2025, la prison de Qezel-Hesar a été le théâtre de plusieurs exécutions et violations des droits de l’homme :
  • 2 janvier 2025 (Dey 12, 1403) : Trois prisonniers – Arshia, Amir (un ressortissant afghan) et un autre prisonnier non identifié – ont été exécutés pour meurtre.
  • 17 janvier 2025 (27 Dey 1403) : Deux prisonniers, Reza Azizi et Salman Bozorgmehr, condamnés pour trafic de drogue, sont exécutés dans la prison de Qezel-Hesar.
  • 25 janvier 2025 (Bahman 5, 1403) : Trois prisonniers de Harsin, dans la province de Kermanshah – Farhad Ferdini (35 ans), Farzad Mirzaei (45 ans) et Samad Hashemi (45 ans) – sont exécutés sur la base d’accusations liées à la drogue.
  • 27 janvier 2025 (Bahman 7, 1403) : Deux prisonniers politiques, Behrouz Ehsani Eslamloo et Mehdi Hassani, sont soudainement et violemment transférés de la prison d’Evin à celle de Qezel-Hesar. Ce transfert a fait craindre leur exécution imminente.

Ces incidents soulignent la violation persistante des droits de l’homme et les exécutions en cours dans la prison de Qezel-Hesar.

L’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques stipule que « la peine de mort ne peut être exécutée qu’à la suite d’un jugement définitif rendu par un tribunal compétent et dans des conditions strictement limitées ». Les exécutions rapides et généralisées dans la prison de Qezel-Hesar violent cette disposition. En outre, selon la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), toute personne a droit à la vie et nul ne peut être arbitrairement privé de la vie.

11- Exploitation et travail forcé des détenus de la prison de Qezel-Hesar

La prison de Qezel-Hesar est l’un des principaux centres d’exploitation des prisonniers, où les individus sont systématiquement contraints au travail obligatoire. De nombreux prisonniers sont envoyés dans les ateliers de production de la « Bonyad-e Ta’awun » (Fondation coopérative), où ils travaillent dans des conditions inhumaines sans recevoir de salaire équitable. Ces ateliers produisent des vêtements, des produits en bois, des travaux de construction et d’autres objets artisanaux.

Les prisonniers sont contraints de travailler dans ces installations et ceux qui refusent sont soumis à des sanctions sévères, notamment la suspension de leur droit de visite, des sévices physiques et le transfert en cellule d’isolement. Tandis que les profits générés par ces ateliers vont dans les poches des fonctionnaires et de la Fondation, les prisonniers sont privés des droits les plus élémentaires.

Émeutes dans les prisons, protestations et actions répressives à l’encontre des prisonniers

Ces dernières années, la prison de Qezel-Hesar a été le théâtre de nombreuses protestations et émeutes de la part des prisonniers en raison des conditions inhumaines et des pressions croissantes. L’un des soulèvements les plus importants de l’histoire de la prison a eu lieu le 12 avril 2024, lorsque les prisonniers ont protesté contre les pénuries de nourriture, les tortures répétées et les traitements dégradants. La manifestation a été violemment réprimée par les forces spéciales de la prison, entraînant la mort de plusieurs prisonniers et en blessant beaucoup d’autres.

13 – Ailes de sécurité et détention de prisonniers dans le couloir de la mort

Dans la prison de Qezel-Hesar, les prisonniers condamnés à mort sont détenus dans des ailes spéciales qui sont séparées des autres sections de la prison. Ces prisonniers vivent dans des conditions difficiles et n’ont qu’un accès minimal aux produits de première nécessité. Les exécutions sont généralement effectuées en groupe et sans que les familles des victimes en soient informées.

Certains rapports indiquent que, pour des raisons psychologiques, les autorités pénitentiaires forcent les condamnés à mort à entendre d’autres exécutions au cours des nuits précédant la leur. Cette pratique exacerbe la détresse mentale et émotionnelle des condamnés à mort, contribuant à une crise psychologique importante parmi ces prisonniers.

14 – Les quartiers d’isolement et la situation des ressortissants étrangers

Les ressortissants étrangers détenus à la prison de Qezel-Hesar sont placés dans des quartiers d’isolement, séparés de la population carcérale générale. Nombre de ces personnes ont été arrêtées sur la base d’accusations sans fondement, telles que l’espionnage ou la collaboration avec des gouvernements étrangers, et sont soumises à de graves tortures. Les autorités pénitentiaires exploitent ces détenus comme monnaie d’échange dans les négociations diplomatiques et les maintiennent dans des conditions inhumaines pendant des années, souvent sans accès à un procès équitable.

Conclusion : Violations systématiques des droits de l’homme et efforts pour dissimuler les crimes commis à la prison de Qezel-Hesar

La prison de Qezel-Hesar est largement reconnue comme l’une des prisons les plus tristement célèbres d’Iran, caractérisée par des conditions inhumaines et des violations généralisées des droits de l’homme. Le travail forcé des prisonniers dans les ateliers de production, les punitions sévères infligées à ceux qui refusent de travailler et les conditions brutales auxquelles sont confrontés les condamnés à mort sont des indicateurs clairs de la répression et de la violence systémiques qui règnent dans cet établissement. Les protestations et les émeutes persistantes, souvent réprimées avec violence, mettent en évidence l’immense pression psychologique et physique qui pèse sur les prisonniers.

En outre, les autorités iraniennes cherchent activement à dissimuler les preuves des crimes et des violations des droits de l’homme commis à Qezel-Hesar. L’un de ces efforts est la fusion prévue de la prison de Qezel-Hesar avec la prison centrale de Karaj. Ce projet semble être une tentative délibérée de dissimuler les preuves des violations et des crimes, de minimiser la responsabilité internationale et d’effacer les traces des atrocités commises. Cette situation exige une surveillance et une intervention rigoureuses de la part des organisations internationales de défense des droits de l’homme afin de garantir la protection des droits des prisonniers et la mise en œuvre de réformes significatives au sein du système pénitentiaire.

Source : CSDHI 

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