Juin 1981 : La fin de la phase politique de la lutte ; la formation de l’alternative démocratique
Au lendemain de la révolution de 1979 en Iran, les intégristes dirigés par Khomeiny ont cherché à monopoliser le pouvoir pour assoir leur régime théocratique et rétrograde. Mais malgré les fraudes électorales, la censure et le harcèlement quotidien des forces démocratiques, le mouvement des Moudjahidine du Peuple étend irrésistiblement son assise sociale. Les valeurs humanistes et l’islam démocratique défendus par ses jeunes dirigeants rencontrent un accueil populaire inédit et le mouvement progresse rapidement pour devenir la première force politique du pays. Devant ce succès social fulgurant et inédit de l’OMPI, les intégristes prennent peur de perdre leur influence et restreignent d’avantage les libertés en ajoutant à leur agressivité.
En guise de tentative dernière chance pour éviter le naufrage politique et bain de sang, l’OMPI décide de manifester pacifiquement pour exprimer ses doléances. Dans l’après-midi du 20 juin 1981, quelques 500 000 manifestants défilent à Téhéran à l’appelle informelle de l’Ompi pour la défense des libertés démocratiques. L’immense cortège se dirige vers le parlement pour revendiquer le respect des droits fondamentaux et sauver les derniers acquis démocratiques de la révolution de Février. La foule grandissait rapidement et si elle n’avait pas été réprimée, aurait dépassé le million.
Devant l’étendue inattendue de la manifestation et la démonstration de force impressionnant de l’OMPI et ses soutiens, Khomeiny n’a trouvé la solution que dans la répression et une tuerie que personne n’avait prévu la sauvagerie. Sur ordre de Khomeiny, les pasdaran ouvrent le feu sur la manifestation pacifique, tuant et blessant des centaines de personnes. Des milliers de manifestants sont arrêtés et des centaines exécutées sommairement le soir même.
Cet événement marque un retournement radical et inattendue de la situation, mettant l’opposition devant un choix cornélien : capituler devant le passage en force de la dictature ou résister honorablement quel qu’en soit le prix à payer. Le 20 juin 1981 marque ainsi un tournant historique avec le déclenchement de la résistance du peuple iranien contre la tyrannie. Une résistance héroïque inédite dans l’histoire des peuples en lutte.
Si la résilience et la patience des militants du mouvement fut exemplaire devant les actes de violence gratuite des hordes khomeynistes dans la phase politique de la lutte, essuyant coups et blessures sans céder à la vengeance et aux représailles, lorsque le temps de la résistance arriva, l’engagement fut total et épique.
Quand toutes les voies pacifiques furent bloquées et que les tueries à grande échelle ont commencé, les Moudjahidine du Peuple n’ont pas hésiter à relever le défi de la résistance armé contre la tyrannie, en vertu du droit que leur confère la déclaration universelle des droits de l’homme. Le devoir patriotique imposait à tout Iraniens à ne pas laisser le champ libre à la dérive totalitaire qui trahissait les acquis chèrement gagnés de la révolution de Février. Les prisonniers politiques, la plupart de jeunes filles et garçon, iront aux pelotons d’exécution par milliers en refusant de renier leurs convictions et leur attachement à l’idéal de liberté et de justice. Un idéal symbolisé dorénavant par le dirigeant de la Résistance, Massoud Radjavi.
Face à la gravité de la situation et des conditions nouvelles de la lutte, l’OMPI s’employa à unir les forces politiques de l’opposition en proposant de former une coalition. En juillet 1981, Massoud Radjavi annonce à Téhéran la formation du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) et invite toutes les forces démocratiques à le rejoindre. Dès lors, la stratégie de l’Ompi couvre deux fronts : une résistance nationale et totale contre la répression d’abord, et la mise en avant d’une alternative démocratique pour incarner la relève ensuite.
Sous le coup d’une répression implacable, Massoud Radjavi quitte l’Iran pour la France à bord d’un avion affrété secrètement par des pilotes sympathisants de l’OMPI dans l’armée de l’air iranienne, où le mouvement bénéficiait de nombreux soutiens. A Paris, le chef de la Résistance appelle à une coalition large des opposants à la dictature. De nombreux partis et personnalité joignirent alors le Conseil national de la Résistance iranienne qui formule un programme pour un Iran libre, basé sur le suffrage universel, l’Etat de droit et le pluralisme politique.
Débuta alors un long et éprouvant combat pour l’affirmation de l’alternative démocratique, face à un ennemi capable de toute les crimes et perfidies pour anéantir ses ennemis et assurer sa survie. La violence du régime atteint son apogée durant l’été 1988 à la fin de la guerre avec l’Irak. En quelques mois, 30.000 prisonniers politiques seront massacrés dans les prisons sur une nouvelle fatwa de Khomeiny. La plupart des victimes étaient des militants de l’OMPI qui purgeaient leurs peines et attendaient d’être libéré. Le critère pour les pendaisons était une simple question : le prisonnier acceptait-il de désavouer l’OMPI ou restait-il fidèle à ses convictions. Tout approbation du mouvement conduisait immédiatement à l’échafaude.
Le dauphin et successeur désigné de Khomeiny, l’ayatollah Montazeri, protesta contre la frénésie meurtrière, s’indignant que de jeunes filles et garçons, parfois âgées de 13 ans et 15 ans furent exécutés dans les prisons iraniennes pour n’avoir participé qu’à des manifestations ou distribuer les tracts des moudjahidine, que les femmes enceinte ne furent pas épargnées, que des familles entières furent décimées. Il décrivit les tueries de masse comme le plus grand crime jamais commis par la république islamique des mollahs et dont l’histoire demandera des comptes. Pour sa prise de position courageuse, Montazeri a été désavoué et destitué par Khomeiny et mis en résidence surveillé jusqu’à la fin de sa vie.
Le massacre des prisons est aujourd’hui au centre d’une campagne internationale pour traduire en justice ses auteurs qui sont toujours à des postes clés du pouvoir. Javaid Rehman, Rapporteur spécial des Nations Unis sur les droits de l’homme en Iran, a estimé en septembre 2024 que le massacre de 88 relevait d’un crime de génocide et qu’un tribunal pénal international devait se saisir de ce dossier.
Source : CNRI
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