mercredi 12 février 2025

Les députés du régime tentent de destituer le ministre de l’Économie et le chef de la Banque centrale en pleine crise économique en Iran

 Le gouverneur de la Banque centrale du régime iranien, Mohammad Reza Farzin (à gauche), s’entretient avec le ministre de l’Économie Abolnaser Hemmati (à droite)

Le chaos politique en Iran s’est aggravé alors que les rumeurs de la destitution du gouverneur de la Banque centrale, Mohammad Reza Farzin, se heurtaient aux démentis officiels, tandis que le parlement du régime intensifiait ses efforts pour destituer le ministre de l’Économie Abdolnaser Hemmati. La campagne de destitution, menée par des députés alignés sur le Front Paydari, intervient dans un contexte de crise économique qui s’aggrave et de luttes factionnelles féroces au sein du régime.

Les rumeurs entourant la destitution de Farzin ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux le 10 février, provoquant une réponse immédiate du gouvernement. Ali Ahmadnia, chef des services d’information du gouvernement, a démenti ces rumeurs sur les réseaux sociaux, déclarant : « Depuis quelques minutes, la nouvelle du limogeage de Farzin, le gouverneur de la Banque centrale, se répand. Cette affirmation est fausse. » Malgré ce démenti, les spéculations persistent dans un contexte d’aggravation de l’instabilité économique et de défiance du public envers le régime.

Entre-temps, le Présidium du Parlement a officiellement renvoyé la motion de destitution contre Hemmati à la Commission économique. Les appels à la destitution de Hemmati se multiplient depuis des semaines, les législateurs du Front Paydari étant à la tête de l’attaque, que les analystes considèrent comme une prise de pouvoir au sein de l’élite dirigeante. Alireza Salimi, membre du Présidium, a expliqué : « Une fois la motion de destitution soumise à la commission compétente, le ministre et les membres de la commission ont sept jours pour examiner la question. » Si la commission juge les réponses du ministre insatisfaisantes, l’affaire sera soumise à une session parlementaire plénière, où Hemmati aura dix jours pour se défendre.

La pétition de destitution, signée par 89 députés, a été confirmée par Ahmad Naderi, un autre membre du Présidium du Parlement. « La destitution d’Abdolnaser Hemmati, le ministre de l’Économie, a été soumise à la Commission économique avec 89 signatures », a annoncé Naderi sur X. Cette démarche est largement perçue comme une tentative des factions extrémistes de consolider leur emprise sur le pouvoir tout en rejetant la responsabilité des échecs économiques du régime.

Malgré le nombre important de signataires, de nombreux députés s’interrogent sur le moment choisi pour la destitution. Un éditorial publié dans le journal Iran Newspaper a fait valoir que « se diriger vers la destitution seulement quelques mois après la formation de l’administration est prématuré » et pourrait déstabiliser davantage une économie déjà en déclin. L’auteur a également noté qu’« au milieu d’une guerre économique exacerbée par les politiques de Trump contre l’Iran, la destitution du ministre de l’Économie ne ferait qu’aggraver le chaos financier ».

Certains législateurs soulignent également la séparation des responsabilités entre le ministère de l’Économie et la Banque centrale. « En vertu de la loi de 2023 sur le renforcement des fonctions de la Banque centrale, le contrôle de l’inflation, la stabilité monétaire et la gestion du taux de change relèvent de la compétence de la Banque centrale, et non du ministère de l’Économie », a déclaré une source parlementaire au journal Iran Newspaper. Néanmoins, les critiques soutiennent que Hemmati porte la responsabilité de la crise monétaire, qui continue de paralyser les moyens de subsistance des Iraniens.

Les analystes politiques estiment que ces récentes mesures font partie d’une lutte de pouvoir plus large au sein de l’élite dirigeante iranienne. Selon Arman Daily, les factions extrémistes intensifient la pression sur l’administration. « Avec la récente condamnation par Khamenei des ouvertures diplomatiques, la destitution de Hemmati et les rumeurs entourant la destitution de Farzin sont des outils pour forcer l’administration à revenir sur les négociations », a rapporté la publication.

Naderi a ensuite développé les manœuvres politiques plus larges, déclarant : « La destitution du ministre du pétrole a été presque abandonnée à la suite de négociations internes. Cependant, la question de la Banque centrale et du ministère de l’Économie reste non résolue. » Il a ajouté que les législateurs exigent des « réformes économiques substantielles » comme condition au retrait de la motion de destitution, bien que peu de gens pensent que ces demandes ne sont rien d’autre qu’un écran de fumée pour des prises de pouvoir entre factions dans une période de turbulences.

Les responsables iraniens ont minimisé à plusieurs reprises les spéculations, l’administration affirmant son engagement en faveur de la stabilité. Dans une déclaration récente, le gouvernement a réitéré : « Il n’existe aucun plan pour remplacer le gouverneur de la Banque centrale, et de telles allégations sont sans fondement. » Cependant, les luttes intestines croissantes, associées à l’incapacité du régime à gérer les turbulences économiques, suggèrent un système en grande détresse.

Alors que l’instabilité économique s’aggrave et que les conflits entre factions s’intensifient, les responsables du régime continuent d’utiliser des boucs émissaires pour détourner la responsabilité et masquer l’échec de l’ensemble de l’establishment au pouvoir. Cependant, le peuple iranien, qui est la principale victime de la crise économique, ne tombe pas dans le piège de ces tactiques. Au contraire, sa colère envers l’ensemble du régime continue de croître, érodant encore davantage l’emprise sur le pouvoir.

Source : CNRI 

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