Le 3 février 2025, Hamid Asefi, journaliste et analyste politique basé à Téhéran, a mis en lumière la représentation trompeuse des droits des femmes par le régime iranien. Nous publions cet article car il expose, de l’intérieur, la réalité des violations des droits des femmes en Iran. Nous avons ajouté quelques explications afin de rendre l’écriture originale compréhensible pour le public francophone.
M. Asefi note que si le régime affirme fièrement que « 60 % des étudiants universitaires sont des femmes », il reste délibérément silencieux sur les obstacles juridiques et constitutionnels qui empêchent les femmes d’occuper des postes de direction ou de faire des choix de vie indépendants.
Obstacles juridiques systématiques : L’ingénierie de l’inégalité
Se référant à l’article 115 de la Constitution et à l’article 1105 du Code civil du régime, Asefi conclut que « l’égalité statistique » (en matière d’éducation universitaire) est une tromperie, embellissant les murs des universités sans pour autant briser le plafond de verre imposé par le gouvernement.
– Article 115 de la Constitution : Le Guide suprême et le Président doivent être des « hommes » et des « personnalités politiques ». (Cet article exclut explicitement les femmes de ces postes de premier plan).
– Article 1105 du code civil : Les femmes doivent obtenir une autorisation écrite de leur mari pour travailler. (Cet article prive effectivement les femmes d’autonomie économique).
Les universités : Une cage dorée
Le régime iranien présente l’enseignement supérieur comme un symbole de l’égalité des sexes, mais la réalité est loin de l’être. Selon le rapport 2023 du Centre statistique d’Iran, 70 % des étudiants en sciences humaines sont des femmes. Toutefois, leur présence dans les universités ne se traduit pas par une participation significative à la prise de décision.
– Pas de femmes juges dans les hautes cours (Source : Branche judiciaire, 2024)
Le pouvoir judiciaire n’autorise pas les femmes à exercer les fonctions de juge dans les hautes cours, ce qui les empêche d’accéder à l’une des fonctions juridiques les plus influentes.
– Les femmes au Parlement : Seuls 4 % des sièges parlementaires sont occupés par des femmes, et même cette représentation minimale est soumise à l’approbation du Conseil des gardiens, qui filtre les candidats en fonction de leur loyauté envers le régime. (Source : élections de 2021)
– Discrimination légale en matière d’emploi : Une femme qui étudie le droit, même si elle se classe première aux examens d’entrée nationaux, se verra finalement dire que son rôle dans le système juridique se limite à servir de thé aux juges masculins.
– Restrictions académiques : Les femmes titulaires d’un doctorat en sciences politiques sont interdites d’enseignement dans les universités publiques (statut du ministère des Sciences, 2016).
– Le mariage avant la carrière : Même si une femme accède au rang de ministre, son mari peut légalement lui interdire de travailler à tout moment, conformément à l’article 643 du code pénal.
L’illusion de l’égalité statistique
Le gouvernement iranien manipule fréquemment les statistiques pour créer une illusion de progrès.
Les fonctionnaires affirment que « 50 % des cadres moyens sont des femmes », mais omettent de mentionner que ces rôles se limitent souvent à des postes administratifs mineurs, tels que des réceptionnistes d’école, dont les salaires sont inférieurs au seuil de pauvreté.
Le rapport 2023 sur l’écart mondial entre les hommes et les femmes classe l’Iran au 143e rang sur 146 pays, soit moins que l’Afghanistan contrôlé par les talibans. Le nombre croissant de femmes instruites n’est pas un signe de progrès, mais plutôt un outil de propagande, qui donne une fausse image des « femmes qui réussissent » dans les médias contrôlés par l’État.
Conclusion : Égalité statistique, esclavage moderne
La rhétorique statistique est un écran de fumée pour dissimuler la dure réalité : en Iran, les femmes restent des citoyennes de seconde zone. Même avec un doctorat de Harvard, la valeur juridique d’une femme se réduit en fin de compte à l’autorisation écrite de son mari.
En manipulant les chiffres des inscriptions universitaires, le régime cherche à faire croire aux femmes qu’elles sont « égales » mais seulement sur les bancs de l’université. Une fois qu’elles en sont sorties, leur place reste derrière les portes closes de leur foyer.
Source : CNRI Femmes
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