Manouchehr Fallah, prisonnier politique condamné à mort, écrit une lettre empreinte d’amour à sa fille unique, Asal, pour son seizième anniversaire.
Dans ce message bouleversant, il raconte les épreuves de la captivité et l’ombre de son exécution imminente. Cette lettre n’est pas seulement le témoignage d’une souffrance, mais aussi un legs de résistance et d’espoir.
Ma très chère Asal,
Un jour, le soleil de la liberté se lèvera sur cette terre, mais son aube exige un lourd tribut. Cette fois, le destin m’a choisi pour payer. Mais n’oublie pas que l’espoir ne meurt jamais et qu’un jour, notre patrie se libérera des chaînes de l’oppression et de la tyrannie.
Asal, ma fille bien-aimée,
Le jour où tu as ouvert les yeux pour la première fois sur ce monde, c’était comme si l’univers entier devenait plus rayonnant pour moi.
Tes premiers cris, tes rires innocents, le jour où tu as prononcé ton premier mot et m’as appelé « Baba », tes premiers pas, même tes chutes, ont donné un sens à mon existence. Chaque moment passé avec toi ravivait l’espoir et l’amour dans mon cœur.
Aujourd’hui, tu as grandi. Tu te tiens au seuil d’un nouveau monde, tandis que notre patrie est prisonnière d’un hiver amer et interminable. Et moi…
Je t’attends derrière les barreaux froids de la prison de Lakan.
Ma chère fille,
je sais que cette question t’a souvent traversé l’esprit : Pourquoi mon père ? Qu’a-t-il fait pour mériter la prison ?
Asal, mon amour, ils m’ont emprisonné pour un crime que je n’ai jamais commis. Je n’ai jamais volé à notre peuple, je n’ai jamais pillé les richesses, je n’ai jamais enlevé le pain de la table des affamés. Je n’ai pas volé de gisements de pétrole et je ne me suis pas assis sur le banc d’un juge pour rendre des verdicts injustes. Mon seul crime a été d’élever la voix contre la pauvreté, l’inégalité et l’injustice, de refuser de rester silencieux face à tant de cruauté. Mais dans mon combat, je n’ai jamais fait de mal à personne, je n’ai jamais eu recours à la violence.
Et maintenant, à la veille de ton anniversaire, le juge Mohammad Ali Darvish Goftar m’a annoncé ma condamnation à mort, sans doute dans l’espoir de briser mon esprit. Mais il ne sait pas que la voie que j’ai choisie n’a pas été apprise dans les livres, mais dans la vie elle-même, dans la souffrance de mon peuple. La pauvreté et l’injustice ont été mes maîtres, et maintenant que cette conscience s’est enracinée dans mon âme, je considère le silence comme un péché que je ne peux pas supporter.
Ma très chère Asal,
Un jour, le soleil de la liberté brillera sur notre terre, mais seulement lorsque son prix aura été payé. Cette fois, c’est à moi de payer ce prix. Mais souviens-toi que l’espoir ne meurt jamais et qu’un jour, notre patrie se libérera du joug de la tyrannie. Ma seule et unique, ma douce Asal, joyeux anniversaire.
8 février 2025
Ce qu’il faut savoir sur le prisonnier politique Manouchehr Fallah
Le prisonnier politique Manouchehr Fallah a été arrêté le 17 juin 2023. Malgré un ordre de libération sous caution émis par l’enquêteur après son interrogatoire, les autorités judiciaires et les responsables de la prison de Lakan à Racht ont refusé de finaliser sa libération.
Le tribunal révolutionnaire de Racht l’a condamné à 22 mois et 17 jours de prison pour « insulte à Ali Khamenei et propagande contre le régime ».
Le 11 décembre 2024, Fallah a été à nouveau jugé, cette fois par la branche 2 du tribunal révolutionnaire de Racht, par vidéoconférence. Le nouveau chef d’accusation retenu contre lui était celui de « guerre contre Dieu (Moharebeh) par des actions contre la sécurité nationale », en rapport avec des allégations de dommages causés à des bâtiments judiciaires et à des bureaux des services des renseignements du Corps des gardiens de la révolution dans la province de Gilan.
out au long de la procédure judiciaire, il s’est vu refuser l’assistance d’un avocat, et les autorités ont interdit aux représentants légaux d’intervenir pour le défendre. Le dimanche 2 février 2025, les avocats de Fallah ont été officiellement informés de sa condamnation à mort.
Source : CNRI Femmes
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