dimanche 2 janvier 2022

Des victimes de crimes d’honneur retrouvées dans le sud-est de l’Iran

 CNRI Femmes – Deux adolescentes ont été retrouvées mortes dans la province de Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est de l’Iran. Elles ont toutes deux été victimes de crimes d’honneur.

Les deux adolescentes ont été abattues par des membres de leur famille dans le village de Torkani, dans le canton de Dachtiari, au Sistan-Baloutchistan. Une vidéo diffusée sur les médias sociaux cette semaine montre des habitants trouvant les corps sans vie des deux adolescentes sur une route déserte.

Selon des sources fiables, les meurtres ont eu lieu il y a près de deux mois. Les deux victimes de crimes d’honneur, identifiées comme B.T. et Y.T., étaient âgées de 17 et 18 ans.

Hamshahrionline cite le colonel Ebrahim Kouchakza’i, commandant des forces de sécurité de Chabahar, qui a confirmé le meurtre des deux jeunes femmes par leur famille près du village de Torkani.

Il a déclaré que la raison du meurtre des deux adolescentes était “la colère suite à leur fuite du domicile pendant plusieurs jours”. Deux de leurs proches les ont tuées en chemin avant qu’elles n’arrivent chez elles. Les tueurs sont actuellement en détention.

Les deux victimes de crimes d’honneur ont appelé chez elles plusieurs jours après leur fuite. Elles avaient décidé de rentrer chez elles et ont exprimé des remords. La famille les a accueillies, mais les filles ont rencontré plusieurs proches en colère qui les ont abattues avant d’arriver chez elles.

Selon le rapport de Hamshahrionline publié le 25 décembre 2021, les deux victimes de crimes d’honneur avaient été tuées 50 jours auparavant.

Des centaines de victimes de crimes d’honneur par an

Dans un rapport publié en 2019, le quotidien Sharq écrit qu’une moyenne annuelle de 375 à 450 crimes d’honneur est enregistrée en Iran. Ces meurtres sont plus fréquents dans les provinces du Khouzistan, du Kurdistan, de l’Ilam et du Sistan-Baloutchistan.

Les lois du régime iranien ne sont pas sévères pour le meurtrier. Généralement, parce que la loi considère le père comme le propriétaire du sang de son enfant, il ne reçoit pas de punition proportionnelle au meurtre de sa fille. Il s’agit d’un permis de tuer, comme en témoigne le meurtre de Romina Ashrafi par son père en mai 2020.

Les autorités policières et judiciaires font aussi preuve de négligence. Les forces de l’ordre s’arrêtent à la porte. En vertu des lois du régime clérical, les agents ne sont pas autorisés à pénétrer dans le domicile de quiconque des violences domestiques sont signalées.

L’augmentation catastrophique des crimes d’honneur en Iran trouve son origine dans la culture patriarcale institutionnalisée dans les lois et la société. Bien que le père, le frère ou le mari tienne le couteau, la faucille ou le fusil, les meurtres sont ancrés dans la vision médiévale du régime. Les lois du régime clérical indiquent officiellement que les femmes sont des citoyennes de second degré appartenant aux hommes.

L’absence de pénalisation de ces féminicides par le régime clérical a entraîné une augmentation désastreuse des crimes d’honneur.

Certaines militantes des droits des femmes estiment que les crimes d’honneur en Iran sont officiellement justifiés par des “différends familiales”.

Rezvan Moghaddam, qui a documenté les crimes d’honneur en Iran au cours de la dernière décennie, remet en question cette justification. Elle déclare : “Il s’agit simplement d’un effort pour dissimuler la vérité. Par exemple, quelle pourrait être le différend familial entre un père et sa fille de 13 ans ou entre un frère et sa sœur aînée ? Il y a d’autres raisons derrière ces différends.

“Dans d’autres cas, les familles considèrent le divorce comme un déshonneur. Pour protéger la dignité de la famille, les hommes de la famille assassinent une femme qui demande le divorce. Encore une fois, ceci est expliqué sous le titre de ‘différend familial’.

“Les fiancés tuent des femmes pour avoir dit non à leurs propositions. Ces meurtres ont lieu parce que l’homme croit que le corps de sa fiancée lui appartient. Il considère sa réponse négative comme une insulte. Je crois que les crimes d’honneur sont ancrés dans le sentiment de ‘posséder le corps et la vie d’une femme’, et tout meurtre ancré dans ce sentiment de propriété est considéré comme un crime d’honneur.”

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