Les statistiques officielles, qui ne reflètent qu’un pourcentage de la réalité, montrent que 52% de ces 5 millions de femmes chefs de famille n’ont ni couverture sociale ni pension. Parmi elles, 38% font partie des trois groupes les plus fragiles de la société. Environ 1 million, soit 19 %, ne bénéficient d’aucune forme d’aide sociale. Mohammad Bagher Ghalibaf, président du parlement des mollahs, a reconnu qu’elles vivent dans une situation économique difficile (Site Asriran.com – 25 janvier 2022).
Le parlement du régime clérical a tenu une réunion le 25 janvier, révélant des vérités choquantes à cet égard. Le président de la commission sociale a parlé du nombre de femmes chefs de famille, du nombre de femmes divorcées et de femmes célibataires. Il a indiqué qu’en 2007, les femmes chefs de famille s’élevaient à 1,2 million, mais que leur nombre avait augmenté chaque année et multiplié par quatre ces 15 dernières années.
En outre, Ahmad Vahidi, le ministre de l’Intérieur du gouvernement Raïssi, a averti qu’il existe un risque de dommages sociaux considérables si le gouvernement ne prête pas attention aux femmes chefs de famille (agence ROKNA – 25 janvier 2022).
Entre-temps, 30 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté absolue en Iran. On estime que le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté semi-absolue est deux fois plus élevé (Quotidien Pishro – 11 janvier 2022).
Absence de soutien social
Dans la propagande médiatique, les autorités affirment que 13 organes, tous dotés de fonctions spécifiques, sont responsables des affaires des femmes chefs de famille. Cependant, la réalité est que ces femmes ont été abandonnées sans le moindre soutien social.
Un exemple de « soutien » gouvernemental est la distribution de paniers alimentaires de 100.000 tomans pour soulager la malnutrition des mères allaitantes. Cependant, compte tenu de l’inflation et des prix actuels, cette maigre allocation ne contribue guère à améliorer la vie des femmes chefs de famille.
Un autre exemple est celui des pensions minuscules que les organismes gouvernementaux offrent à ce groupe vulnérable et opprimé. Le Comité de secours et l’Organisation de la protection sociale ont pour mandat de fournir un soutien, mais ne prennent en aucun cas la charge des frais de subsistance des femmes (site Salamatnews.com – 1er février 2022).
D’autres part, les femmes chefs de famille n’ont pas les moyens de devenir propriétaires et doivent donc payer des loyers élevés.
Les problèmes des mères qui travaillent
Sur les 5 millions de femmes chefs de famille, celles qui sont responsables des soins rencontrent le plus de problèmes. En effet, elles doivent travailler à l’extérieur du foyer et s’occuper aussi de leurs enfants.
Le Comité de secours et l’Organisation de la protection sociale ne fournissent pas de garderie gratuite. Les aides sont si faibles que les montants ne couvrent pas les frais de scolarité de la crèche.
La discrimination au travail
Sur les 27 millions d’actifs que compte l’Iran, seuls 3 millions sont des femmes. Cette discrimination dans l’emploi ajoute une pression supplémentaire sur les femmes chefs de famille qui doivent couvrir les dépenses de leur foyer.
De plus, la plupart des femmes sont employées dans des ateliers clandestins, où les salaires sont inférieurs au salaire minimum et où il n’y a pas de couverture sociale ni la sécurité de l’emploi. Par conséquent, la plupart des femmes chefs de famille sont obligées d’accepter des emplois subalternes – colportage, portage, ménage – et qui ne sont pas suffisamment rémunérés pour leur permettre de suivre le coût de la vie. En outre, ces emplois subalternes sont souvent physiquement exigeants et entraînent des blessures, un vieillissement prématuré et un épuisement.
Dans ces circonstances catastrophiques, les enfants des femmes chefs de famille sont également contraints de travailler pour aider la famille à survivre. En conséquence, le nombre d’enfants travailleurs se multiplie.
Des conditions catastrophiques
Alors que la grande majorité des Iraniens, y compris dans les familles à double revenu, vivent sous le seuil de pauvreté, les femmes chefs de famille sont confrontées à des problèmes économiques encore plus importants, car elles ne bénéficient d’aucun soutien social ou gouvernemental.
Ces dernières décennies, le nombre de femmes chefs de famille a augmenté d’environ 26,8 %, selon Zahra Ebrahimi, directrice générale du bureau des affaires féminines et familiales du gouvernorat du Sistan-Baloutchistan. Le Sistan-Baloutchistan a le pourcentage le plus élevé (20 %) de femmes chefs de famille. Selon Zahra Ebrahimi, 93.000 femmes y sont chefs de famille. Étant donné que la province figure parmi les quatre premières d’Iran en matière de mariages d’enfants, de nombreuses filles de moins de 20 ans s’ajoutent chaque année aux statistiques des femmes chefs de famille (Quotidien Mostaqel – 4 janvier 2022).
La pauvreté est la principale raison du mariage des enfants et de l’augmentation du nombre de femmes chefs de famille. De nombreuses femmes qui vivent dans des villages ou des bidonvilles manquent de sécurité financière. Sans diplôme ni compétences commercialisables, elles ont du mal à trouver un emploi approprié et ne peuvent donc pas subvenir aux besoins élémentaires de leur famille.
La pandémie de coronavirus a également imposé des restrictions supplémentaires à ce secteur.
Un autre effet de la pauvreté, plus prononcé dans les provinces frontalières, est le mariage de femmes et de filles iraniennes avec des ressortissants étrangers. Dans ces mariages, les femmes n’ont aucun droit. Comme les maris sont des étrangers, les femmes ne peuvent même pas obtenir de certificat de naissance pour leurs enfants. De plus, lorsqu’un conjoint étranger meurt ou abandonne sa femme iranienne, celle-ci doit gérer toutes les dépenses du ménage.
L’inaction du régime clérical
Le manque d’attention portée aux femmes chefs de famille sur les fronts économique et social cause des dommages irréparables. La vulnérabilité des femmes à la pauvreté ne change pas simplement avec la protection sociale. Le gouvernement doit donc garantir l’accès des femmes à la justice, à la terre et aux ressources de production, ainsi qu’aux équipements. La levée des restrictions sur les activités des femmes est tout aussi importante. Ce sont là des éléments essentiels d’une stratégie de développement efficace.
Pour que les femmes chefs de famille aient facilement accès aux équipements, les institutions d’aide sociale doivent s’attaquer aux dangers et aux pressions auxquels les femmes sont confrontées dans le cadre de leurs responsabilités. L’autonomisation des femmes chefs de famille permettrait de promouvoir leur niveau économique, culturel et social afin que ce secteur n’ait pas à supporter des responsabilités plus lourdes en raison de son rôle multitâche, notamment la fourniture de moyens de subsistance. L’autonomisation des femmes, l’amélioration de leur qualité de vie et de leur accès aux services peuvent constituer une base pour réduire la pauvreté et améliorer le statut économique.
Mais en Iran, le visage de la pauvreté est devenu féminin. L’inaction du régime, sa nature prédatrice et sa misogynie ont plongé les femmes chefs de famille dans leur situation actuelle. Et cette situation ne changera pas tant qu’un système démocratique et indépendant ne sera pas mis en place.
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