vendredi 15 août 2025

37ᵉ Anniversaire du Massacre de 1988 en Iran ; Un appel renouvelé à la justice et à la mémoire

 À l’occasion du 37ᵉ anniversaire du massacre de 1988 en Iran, qui coûta la vie à environ 30 000 prisonniers politiques, le Comité de Soutien aux Droits de l’Homme en Iran (CSDHI) a organisé une visioconférence rassemblant témoins, experts et défenseurs des droits humains.

Les échanges, marqués par des témoignages bouleversants et des analyses engagées, ont réaffirmé l’urgence d’une reconnaissance internationale et de poursuites judiciaires contre les responsables de ce crime contre l’humanité et de ce génocide.

Un crime d’État méthodiquement orchestré

Azadeh Alemi a ouvert la rencontre en rappelant le contexte du massacre, largement documenté par l’ancien rapporteur spécial des Nations Unies, Javaid Rehman. Elle a souligné que des organes officiels du régime iranien ont qualifié ces exécutions de « réussite » et appellent à les reproduire, ce qui démontre la persistance de la menace.

Tahar Boumedra, ancien haut responsable onusien, président de l’ONG Justice for the Victims of the 1988 Massacre in Iran (JVMI), a détaillé comment, dès sa consolidation au pouvoir, le régime iranien a systématiquement éliminé ses opposants politiques au terme de pseudo-procès de quelques minutes. Il a dénoncé le silence complice de la communauté internationale et insisté sur la nécessité d’une pression constante pour mettre fin à l’impunité.

Témoignages poignants des familles de victimes

Mitra Bigham, avocate et sœur de Mehran Bigham exécuté à 17 ans, a partagé la douleur ininterrompue de sa famille, privée du corps de leur proche et du droit de faire son deuil.
Zohre Bijanyar a raconté le sort tragique de sa sœur Zahra, morte en détention après avoir perdu son enfant sous la torture. Elle a révélé les intimidations subies par les familles et la falsification d’actes de décès pour masquer la vérité.

Une vidéo a également retracé le combat de Maryam Akbari Monfared, emprisonnée depuis 2009 pour avoir réclamé justice concernant l’exécution de quatre membres de sa famille dans les années 1980.

Analyse et enjeux actuels

Behzad Naziri, ancien prisonnier politique et membre du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), a replacé le massacre dans une perspective historique et politique. Selon lui, ce crime reste un « phénomène de société » en Iran, à l’origine d’une colère populaire toujours vive. Il a dénoncé la politique de complaisance de certains États et souligné le lien entre la mémoire de 1988 et les soulèvements actuels.

Il a également alerté sur les récentes destructions de preuves, notamment au cimetière de Behecht-é-Zahra, preuve que le régime cherche encore à effacer les traces de ses crimes.

Mobilisation et devoir de mémoire

Les échanges avec le public ont porté sur les moyens concrets de sensibilisation :

  • diffusion de témoignages sous-titrés sur les réseaux sociaux ;
  • interpellation des missions diplomatiques et des instances de l’ONU ;
  • recours au « name and shame » pour désigner les auteurs des crimes ;
  • usage de comparaisons historiques afin d’éveiller les consciences.

Isabelle, participante française, a rappelé que la vérité sur les dictatures émerge souvent grâce à des enquêtes, des livres et des films. Les intervenants ont appelé à utiliser tous les leviers disponibles, y compris le travail des rapporteurs spéciaux des Nations Unies.

Conclusion : un appel à la justice

En clôture, Azadeh Alemi a qualifié le massacre de 1988 de « plaie ouverte dans la conscience du monde ». Elle a appelé à poursuivre la collecte de preuves et à porter la vérité devant les juridictions nationales et internationales.
Pour le CSDHI, la justice est la seule garantie pour empêcher que de telles atrocités ne se reproduisent.

Revoir la conférence dans son intégralité

L’intégralité de la visioconférence, avec tous les témoignages et interventions, est disponible sur notre chaîne YouTube via le lien suivant :

Source : CSDHI 

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