samedi 9 août 2025

La confrontation en Iran contre le régime et l’effondrement économique

 Dans la période d’après-guerre en Iran, des signes clairs d’une nouvelle phase décisive sont apparus, une phase que l’on peut définir comme l’irruption de défis socio-économiques profondément enracinés auxquels le régime au pouvoir est directement confronté. Nous ne vivons pas dans une ère d’après-guerre de paix ou de reconstruction nationale. Il s’agit plutôt d’une époque bâtie sur les ruines de la répression, de l’inflation, de la pauvreté et de protestations publiques incessantes. Les conséquences sont évidentes non seulement dans la rue, mais aussi – parfois à contrecœur – dans les reportages des médias contrôlés par le régime, parfois contraints de reconnaître l’ampleur de la crise.

Semaine après semaine, le régime clérical dégrade le niveau de vie de la population iranienne. Les dernières pressions ont touché les besoins les plus élémentaires : l’eau et l’électricité. Ces derniers jours, une nouvelle vague de protestations de retraités et de travailleurs a déferlé sur tout le pays, notamment au Khouzistan, à Ispahan, à Téhéran et à Rasht. Ces manifestations coïncident avec l’aggravation des pénuries d’électricité dans les provinces du sud et de l’est et de graves pénuries d’eau dans le nord, notamment à Gilan, attisant encore davantage la colère de la population. La manifestation de mercredi à Rasht, qui a dégénéré en affrontements avec les forces de sécurité de l’État, n’était qu’un des nombreux points chauds révélant les tensions sociales explosives causées par la pression économique chronique et l’incompétence des dirigeants.

La presse du régime elle-même a été contrainte de reconnaître l’instabilité. Dans son numéro du 7 août 2025, Arman-e Emrooz a publié un article d’actualité et une chronique analytique du sociologue Amanollah Gharaee-Moghadam, qui a averti que « l’aggravation de la situation pourrait conduire à des soulèvements généralisés de la jeunesse ». Il ne s’agissait pas d’une observation théorique, mais d’un reflet direct de la réalité qui frappe la société iranienne : toute une jeune génération ne voit aucun avenir, aucune perspective concrète et aucun espoir d’amélioration grâce aux structures politiques du régime.

Les données économiques soulignent encore davantage les échecs catastrophiques du régime. Selon Bahar News (7 août 2025), le PIB iranien s’est effondré, passant de plus de 600 milliards de dollars l’an dernier à environ 400 milliards de dollars, les projections annonçant une baisse continue vers 300 milliards de dollars. Cette contraction spectaculaire reflète une récession généralisée, une chute des investissements, la destruction des infrastructures productives et l’effondrement de la confiance du public dans l’avenir économique du pays. Dans la plupart des pays, une telle crise déclencherait des réformes structurelles et des mesures de soutien social. En Iran, la réponse du régime a été inverse : escalade de la répression, restriction de l’espace public et rejet des responsabilités.

Cette réaction n’est pas fortuite : c’est la stratégie du régime. Les religieux au pouvoir n’ont aucune intention de s’attaquer aux racines de la crise. Au lieu de cela, ils se livrent à la mascarade habituelle : remaniement des figures politiques, refonte des structures de pouvoir déjà bien ancrées et projection d’une illusion de changement. Loin de réparer les dégâts, ces manœuvres creusent les fractures sociales du pays. Le slogan « nation et État », longtemps vanté par le régime, a perdu toute crédibilité ; la confiance du public s’est effondrée. Une société meurtrie depuis des décennies par la répression, le chômage et la pauvreté réagit désormais à la moindre étincelle de dissidence par une mobilisation rapide et généralisée.

Au fond, la réalité de cette période d’après-guerre n’est pas la fausse unité promue par la propagande du régime. C’est une période de bilan. Les dirigeants religieux tentent désespérément de dissimuler la vérité fondamentale : l’après-guerre ne se résume pas à une reconstruction par le biais de jeux politiques superficiels, mais à l’effondrement des derniers liens unissant la société à leur pouvoir.

Les manifestations quotidiennes à travers l’Iran ne se limitent pas à des griefs isolés : elles incarnent une nouvelle phase de l’histoire de la nation. C’est une période où aucune tromperie politique, aucun discours de propagande, aucune répression sécuritaire ne peuvent masquer l’échec structurel du régime. Les évolutions politiques, sociales et économiques ont convergé pour marquer le début d’un règlement de comptes définitif entre la société iranienne et un système au pouvoir qui ne peut plus répondre aux revendications les plus fondamentales de la population.

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