Effacer les traces des crimes d’État
La destruction des tombes des prisonniers politiques traduit une volonté calculée d’effacer l’histoire sombre du pays. Des bulldozers ont récemment aplani un cimetière abritant des milliers de dissidents exécutés dans les années 1980. Les autorités ont prétexté un terrain « abandonné » pour le transformer en parking. En réalité, cette opération vise à éliminer toute preuve des atrocités passées.
Ces exécutions massives ont coûté la vie à d’innombrables hommes et femmes, coupables d’avoir osé contester l’oppression politique et économique. Les familles, déjà harcelées lorsqu’elles se rendaient sur ces lieux, se voient aujourd’hui privées du seul espace où honorer leurs proches. Cette attaque ravive leur douleur et efface une part essentielle de l’histoire contemporaine de l’Iran.
Ce geste s’inscrit dans une stratégie plus large : réécrire le récit national en effaçant toute trace matérielle des crimes commis. Pourtant, la mémoire de ces martyrs survit, portée par leurs familles et soutiens. Loin d’effacer le passé, cette destruction révèle la peur panique d’un régime qui redoute d’être un jour tenu pour responsable.
La voix courageuse de Hamid Haj Jafar Kashani
Depuis sa cellule de Qezel Hesar, Hamid Haj Jafar Kashani, ancien arbitre de futsal arrêté pour avoir manifesté le 27 avril 2025, a écrit une lettre poignante. Il y qualifie le régime d’« organisation radicale vivant de la répression ». Pour lui, la destruction des tombes est une ultime violation : « Même après leur mort, ils continuent de torturer ces combattants. »
Dans sa lettre, il décrit le quotidien des condamnés à mort, l’angoisse des cellules d’isolement avant l’exécution, ces « salles obscures où l’on cesse d’être soi-même ». Malgré l’imminence de sa propre exécution, il refuse de se taire. Son témoignage résonne comme un acte de résistance : « Détruire les tombes ne supprimera pas la vérité. Cela prouve seulement leur peur. »
Une vie sous oppression

À 43 ans, Kashani témoigne d’une existence entière sous un régime qui a détourné une révolution promettant liberté et prospérité pour instaurer une dictature brutale. Arrestations, tortures, exécutions : la répression est constante. Aujourd’hui, en s’attaquant aux cimetières, le régime tente d’effacer les preuves de ses crimes. Mais les tombes détruites deviennent symboles de lutte. Chaque pierre brisée rappelle une vérité que le pouvoir ne peut ensevelir.
Des violations flagrantes des droits humains
La destruction des tombes de prisonniers politiques viole les principes fondamentaux des droits humains :
Article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Profaner des tombes nie cette dignité.
Article 3 : Droit à la vie, à la liberté et à la sécurité – les familles sont privées de sécurité psychologique.
Article 5 : Interdiction des traitements inhumains – empêcher le deuil inflige une torture psychologique.
Article 7 : Égalité devant la loi – seules les tombes des prisonniers politiques sont ciblées.
Article 12 : Protection de la vie privée et de l’honneur – ces destructions violent l’honneur des familles.
Article 18 : Liberté de pensée et de conscience – le deuil en fait partie.
Article 19 : Liberté d’expression – les tombes sont des symboles de résistance, leur destruction est une censure.
Article 22 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques : Liberté d’association – se rassembler pour se souvenir est un droit, bafoué ici.
Ces actes ne sont pas de simples abus : ils constituent un crime contre la mémoire collective, exigeant une réaction internationale pour que les responsables répondent de leurs actes.
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