dimanche 31 août 2025

Les manifestations se poursuivent en Iran, la corruption systémique du régime attisant la colère de l’opinion publique

 Fin août 2025, une nouvelle et puissante vague de protestations a déferlé sur l’Iran, rassemblant des pans de la société d’une diversité remarquable : des ouvriers et agriculteurs aux étudiants et professionnels de la santé.

Les manifestations, qui se sont étendues de la capitale, Téhéran, au Kurdistan et aux pôles industriels d’Ilam et d’Ispahan, ne sont pas des incidents isolés de mécontentement. Elles sont les symptômes indéniables de l’effondrement du régime du Guide suprême Ali Khamenei, incapable d’assurer la sécurité, les services publics et la stabilité économique de base. Ce tollé général révèle une nation poussée à bout, exigeant un changement fondamental.

Les soulèvements ouvriers paralysent des industries clés
La mauvaise gestion économique du régime a plongé le cœur industriel de l’Iran dans une révolte ouverte. Le samedi 30 août, les ouvriers de l’usine SAIPA Press de Téhéran, un important fabricant de pièces automobiles, ont lancé une grève générale. En interrompant toute la chaîne de production, ils ont adressé un message clair aux autorités concernant des mois de salaires et d’avantages sociaux impayés, déclarant : « La chaîne de production ne fonctionnera pas tant que vous n’aurez pas payé nos droits !»

Cet acte de défiance a été reproduit dans la province d’Ilam, où les ouvriers licenciés de l’usine pétrochimique d’Arghavan Gostar se sont rassemblés devant le bureau du gouverneur de la province. Leur protestation découle d’une procédure profondément frauduleuse ; depuis plus de 14 mois, ils sont laissés dans l’incertitude après un prétendu « examen de recrutement » dont les résultats n’ont jamais été annoncés. Cette manifestation met en lumière non seulement le manque d’emplois, mais aussi le clientélisme systémique du régime et son mépris total des droits des travailleurs.

Manifestations contre la défaillance des services de base
La crise s’étend bien au-delà des usines et touche la vie quotidienne de tous les citoyens, l’État étant désormais incapable de fournir les services les plus essentiels. Le jeudi 28 août, des étudiants de la ville de Chiraz (sud) ont organisé leur deuxième grand rassemblement pour protester contre les coupures d’eau et d’électricité chroniques et inopinées, scandant : « Étudiants, criez, réclamez vos droits !» Le même jour, des agriculteurs de Qahderijan, à Ispahan (centre), ont organisé un sit-in pour protester contre le déni de leurs droits à l’eau, qui a dévasté leurs récoltes.

La crise de l’électricité asphyxie les petites entreprises, un constat rendu viscéral par les boulangers protestataires. Un boulanger, montrant comment il est contraint de pétrir la pâte à la main pendant les coupures de courant quotidiennes de quatre heures, s’est adressé avec colère au ministre de l’Énergie du régime : « Comment osez-vous m’envoyer une facture de 3 160 000 tomans alors que vous me coupez le courant quatre heures par jour ?» À Chabahar (sud-est), un autre boulanger a exposé un plateau de pâte abîmée en déclarant : « C’est le chef-d’œuvre du service de l’électricité de Chabahar. Cette pâte doit être jetée. Voilà notre situation à cause des coupures de courant. »

La vague de protestations a dépassé toutes les attentes, soulignant l’ampleur croissante du soulèvement social et géographique en Iran. Le 30 août, les habitants de Jamalabad Loushan, dans la province de Gilan (nord), ont bloqué une route principale et allumé des incendies pour protester contre la grave pénurie d’eau potable, accusant le régime de mauvaise gestion des ressources en eau locales.

À Paband, dans la province de Zanjan (nord-ouest), les villageois ont organisé une manifestation pour réclamer des améliorations des infrastructures et une amélioration des conditions de vie. Parallèlement, à Hamedan (ouest), les employés de la chaîne de magasins Refah se sont rassemblés pour protester contre les retards en paiement des salaires et la précarité des conditions de travail, soulignant ainsi l’effondrement général des droits des travailleurs.

Le même jour, des centaines de candidats au recrutement d’enseignants se sont rassemblés à Téhéran et à Machhad (nord-est), dénonçant un processus de recrutement corrompu, marqué par le népotisme et le secret. Ces actions reflètent une crise qui s’aggrave, où les communautés rurales délaissées, les travailleurs urbains et les futurs enseignants sont tous confrontés à la même corruption endémique et à la même défaillance systémique.

La répression du régime cible toutes les professions, mais la résistance grandit
Confronté à une crise de légitimité, le régime a intensifié sa répression, qui cible désormais tous les segments de la société, y compris les professionnels les plus instruits. Au Kurdistan, une région qui défie depuis longtemps le régime, des centaines de citoyens ont organisé une marche de protestation le vendredi 29 août en soutien aux enseignants systématiquement licenciés pour leur militantisme.

Leurs slogans « Travailleurs, enseignants, étudiants, unissez-vous ! » et « Les enseignants emprisonnés doivent être libérés ! » ont résonné dans les montagnes près de Sanandaj (chef-lieu de la province). La réponse du régime a été rapide et prévisible : dès le lendemain, les forces de sécurité ont convoqué et interrogé quatre membres du syndicat des enseignants de Sanandaj.

L’effondrement de l’ordre public est devenu si grave que même les médecins et les infirmières ne sont plus en sécurité. À Shahrekord, les internes en médecine de l’hôpital Kashani ont organisé un rassemblement le 30 août pour protester contre la troisième agression violente contre l’un de leurs collègues. Leur manifestation a été une condamnation sans appel d’un système incapable même de garantir la sécurité physique de ses personnels de santé essentiels.

Un cri unifié pour la liberté face à une théocratie défaillante
Des chaînes de montage de Téhéran aux campus universitaires de Chiraz, des terres agricoles d’Ispahan aux hôpitaux de Shahrekord (centre), les manifestations de fin août 2025 portent un message clair et unifié : le peuple iranien en a assez. L’incapacité du régime à fournir électricité, eau, logements ou salaires n’est pas un revers temporaire, mais un échec profond et irréversible de la gouvernance. L’ampleur et la diversité de ces manifestations indiquent que la patience du peuple est à bout et que son mouvement pour un Iran libre et démocratique prend une ampleur irrésistible.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire