Familles qui survivent grâce aux dettes
Autrefois, les achats à tempérament se limitaient aux biens ménagers coûteux tels que les téléviseurs, les réfrigérateurs ou les voitures. Mais dans l’Iran d’aujourd’hui, sous l’effet des politiques économiques catastrophiques du régime, même le pain, le riz, l’huile de cuisson et le lait doivent être achetés à crédit.
Des rapports provenant de tout le pays révèlent que des familles qui jouissaient autrefois d’une stabilité modeste ne peuvent plus se permettre les produits les plus élémentaires. De nombreux ménages achètent désormais nourriture et détergents grâce à des plans de paiement échelonnés proposés par des commerces de proximité ou des plateformes en ligne. Une culture d’autonomie autrefois si fière a laissé place à l’humiliante obligation de signer un registre chez l’épicier du quartier pour recevoir quelques œufs, une bouteille de lait, voire une miche de pain – payables plus tard, voire pas du tout.
Comme le rapporte Didban Iran, un enseignant retraité du nord-est de Téhéran décrit la situation sans détour : « Il y a quelques années, les gens remplissaient leurs paniers dans les grandes enseignes. Aujourd’hui, ils font la queue pour acheter seulement un ou deux articles et doivent acheter des produits de première nécessité comme le riz et l’huile à crédit. Quand cela se produit dans mon quartier, je n’imagine pas la misère qui règne dans les quartiers plus pauvres. » Même les boulangeries, longtemps considérées comme le dernier bastion d’une alimentation abordable, conservent désormais des carnets de crédit pour les clients qui ne peuvent pas payer immédiatement. Lorsque le pain – l’aliment le moins cher sur la table iranienne – doit être acheté à crédit, cela révèle l’ampleur d’une crise qui n’a épargné aucune famille.
Les statistiques confirment cet effondrement. Selon les données officielles iraniennes, l’inflation alimentaire à la mi-2025 a largement dépassé l’inflation globale, le pain et les céréales ayant augmenté de 16,6 % en un mois seulement, tandis que les salaires stagnaient. Les familles sont désormais plongées dans un cycle permanent d’endettement, souvent incapables de rembourser une mensualité avant de contracter de nouvelles dettes pour les besoins de base suivants. L’endettement n’est plus une voie d’ascension sociale, mais un outil de survie désespéré.
La faim dans les écoles
Cette même crise se répercute tragiquement dans les écoles du pays, en particulier dans les régions rurales et nomades, où la pauvreté et les privations sont les plus graves. Un récent reportage du quotidien d’État Shargh Daily décrit des scènes déchirantes d’enfants arrivant à l’école après avoir parcouru de longues distances à pied, pour finalement s’effondrer de faim lors de la file d’attente du matin.
Les enseignants et les directeurs d’école, incapables de fournir ne serait-ce qu’un simple goûter, n’ont souvent d’autre choix que de renvoyer les enfants évanouis chez eux. Sans commerces à proximité et sans ressources financières suffisantes pour nourrir les familles, il n’y a rien à leur donner. Selon une personne interrogée par Shargh : « Ces enfants n’ont aucune énergie pour apprendre. Au mieux, leur petit-déjeuner se résume à un morceau de pain sec et un peu de lait caillé, mangés sur le chemin de l’école.»
La malnutrition infantile est devenue une crise généralisée. Une étude de terrain menée par des travailleurs sociaux a révélé que seulement 2 % des enfants iraniens consomment des produits laitiers quotidiennement, tandis que la moitié n’en consomment aucun. L’apport en protéines est tout aussi préoccupant, laissant une génération en mauvaise santé et sans perspectives d’avenir.
Des militants sociaux des provinces du Khuzestan et d’Ilam confirment la situation : les enfants quittent la maison avant l’aube sans petit-déjeuner, car leurs familles n’en ont pas les moyens. Nombre d’entre eux souffrent déjà de malnutrition, faute de nourriture tout au long de la journée. Des témoins décrivent des cas répétés d’enfants s’évanouissant de faiblesse dans les cours d’école, symbole vivant de la cruauté des politiques du régime.
Une nation endettée et affamée
Le lien entre ces deux réalités est flagrant : lorsque les parents doivent acheter du pain et du lait à crédit, les enfants souffrent inévitablement de la faim. Ce qui devrait être le droit le plus fondamental – pouvoir nourrir sa famille – est devenu inaccessible pour des millions de personnes.
Il ne s’agit pas seulement de difficultés économiques, mais du résultat de politiques délibérées de pillage, de corruption et de mauvaise gestion. Le régime détourne les ressources du pays pour financer son appareil sécuritaire et ses guerres par procuration à l’étranger, tandis que les familles iraniennes peinent à acheter du lait pour leurs enfants ou de la lessive pour laver leurs vêtements. Les conséquences sociales sont dévastatrices : pauvreté croissante, inégalités croissantes et une génération d’enfants privés de santé, d’éducation et d’avenir.
La normalisation de l’endettement pour survivre illustre l’ampleur de la crise. Autrefois, une famille pouvait emprunter pour acheter une maison ou investir dans son avenir. Aujourd’hui, elle emprunte simplement pour vivre un jour de plus. Pendant ce temps, les enfants sont privés de la nourriture nécessaire à leur croissance et à leur apprentissage, condamnant toute une génération à la faiblesse physique et au désavantage éducatif.
L’effondrement économique de l’Iran sous le régime clérical n’est pas un problème abstrait d’inflation ou de PIB. Il se voit dans les étagères vides des cuisines familiales et dans les yeux creux des enfants qui s’évanouissent de faim à l’école. Cette crise révèle non seulement l’échec de la gestion économique du régime, mais aussi son mépris total pour la dignité et la survie du peuple iranien.
Alors que le régime dépense des milliards en répression et en aventurisme à l’étranger, les familles iraniennes en sont réduites à signer des contrats de crédit pour du pain et du lait, et les enfants iraniens sont privés de la force d’apprendre. Les preuves sont accablantes : le régime clérical a conduit la société iranienne au bord du désastre humanitaire.

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