Selon le site d'État Khabar Online, l'Iran est confronté simultanément à deux crises majeures de l'eau : le lac d'Ourmia, que les experts considèrent comme « pratiquement mort » et à seulement quelques jours de l'évaporation complète, et la mer Caspienne, où la baisse alarmante du niveau de l'eau constitue un sérieux avertissement pour la côte nord de l'Iran.
Le rapport indique que le lac d'Ourmia, autrefois l'un des plus grands lacs salés du monde, ne contient plus qu'environ 100 millions de mètres cubes d'eau salée, répartis sur environ 200 kilomètres carrés, avec une profondeur de moins d'un demi-mètre. Isa Kalantari, ancien directeur de l'Organisation de protection de l'environnement du régime iranien, a qualifié la situation de « catastrophique » et a averti que le lac s'évaporerait complètement d'ici 20 jours.
Kalantari a pointé du doigt la construction excessive de barrages, l'expansion agricole non durable et l'absence d'attribution de droits environnementaux sur l'eau comme principales causes de la destruction du lac. Il a averti qu'avec l'assèchement complet d'Ourmia, son lit de sel de 13 milliards de tonnes se transformerait en une source de poussières toxiques, menaçant la santé de la population azerbaïdjanaise en termes de risques respiratoires, sanitaires et génétiques.
Pendant ce temps, dans le nord de l'Iran, la mer Caspienne est également dans un état préoccupant. Sergueï Shipouline, responsable de l'Institut russe de recherche halieutique et océanographique, a annoncé que le niveau de la mer Caspienne baissait régulièrement depuis 2015 et qu'il atteindrait cette année son niveau le plus bas depuis des décennies. Il prédit que d'ici la fin de l'année, le niveau de la mer Caspienne baissera de 20 à 30 centimètres, et si la tendance se poursuit, une baisse d'un mètre est probable d'ici 2030.
Le responsable russe a également averti que les États riverains de la mer Caspienne, y compris l'Iran, doivent prendre des mesures pour s'adapter à la baisse du niveau des eaux, car les rives sud et les zones peu profondes du nord sont les plus exposées au risque.
Selon les experts, les deux plans d’eau qui symbolisaient autrefois la vie et la fierté nationale en Iran sont désormais au bord de l’effondrement écologique, résultat de décennies de négligence du développement durable, de destruction des ressources naturelles et de mépris des priorités environnementales.
Continuant à mettre en garde contre les conséquences de la crise de l'eau en Iran, Ghorbanali Mohammadpour, directeur général du département de la protection de l'environnement de la province d'Alborz, a annoncé l'assèchement sans précédent de la zone humide de Salehiyeh, affirmant qu'elle est désormais une source active de tempêtes de poussière affectant Karaj et même Téhéran. Il a également signalé des affaissements de terrain dans la zone humide et à Mehrshahr, à Karaj, soulignant qu'Alborz ne peut plus soutenir les industries gourmandes en eau ni l'agriculture par irrigation par inondation. Il a appelé à un changement immédiat des modes de consommation et à la mise en œuvre de programmes de recyclage de l'eau. Selon ce responsable environnemental, le non-respect continu de ces avertissements pourrait aggraver les crises environnementales, sanitaires et même sociales dans l'une des provinces les plus densément peuplées du pays.
La crise de l'eau en Iran et son impact sur la vie des populations
La crise de l'eau en Iran a depuis longtemps dépassé le simple problème environnemental pour devenir une crise généralisée aux dimensions économiques, sociales, sanitaires et sécuritaires. Selon les statistiques officielles, plus de 70 % des ressources en eau renouvelables de l'Iran ont été consommées ou perdues, et la plupart des bassins versants du pays sont confrontés à des déficits de ressources. Ces dernières années, ce problème a été exacerbé par des sécheresses persistantes, la hausse des températures annuelles moyennes, la baisse des précipitations et une extraction excessive des eaux souterraines.
L'une des conséquences les plus importantes de cette crise est la migration environnementale. De nombreuses familles, en raison de l'assèchement des puits, de la perte de terres agricoles et de l'effondrement de leurs moyens de subsistance, ont été contraintes d'abandonner villages et petites villes. Cette migration forcée a non seulement exercé une pression sur les infrastructures urbaines, mais a également provoqué des tensions sociales et une hausse du chômage dans les zones d'accueil.
Par ailleurs, la baisse du niveau des eaux souterraines et l'affaissement des sols sont devenus un problème chronique dans de nombreuses plaines iraniennes, en particulier dans des provinces comme Téhéran, Ispahan, Kerman et Hamedan. Ce phénomène constitue une grave menace non seulement pour les infrastructures vitales (telles que les lignes de métro, les routes et les bâtiments), mais aussi pour la sécurité alimentaire, l'agriculture iranienne étant fortement dépendante des ressources en eaux souterraines.
Parallèlement à ces problèmes, la crise des lacs et des zones humides a aggravé le problème. L'assèchement de lacs tels que Hamun, Bakhtegan, Gavkhuni, Maharloo et maintenant Ourmia a non seulement détruit la biodiversité et les écosystèmes locaux, mais a également gravement perturbé la vie de millions de personnes vivant à proximité de ces plans d'eau.
Ces dernières années, les experts ont averti à plusieurs reprises que ces crises étaient si étroitement liées qu'elles nécessitaient une refonte fondamentale des politiques de l'eau, des stratégies de développement durable et des approches environnementales de l'Iran. Dans le cas contraire, l'avenir du pays pourrait être lié à la sécheresse, à la pauvreté, aux migrations et à l'instabilité sociale et politique.


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