D’un côté, une mauvaise allocation délibérée des richesses nationales a laissé l’infrastructure numérique iranienne en état d’effondrement. De l’autre, une paranoïa profondément ancrée a poussé le régime à saboter activement des services essentiels comme le GPS. L’ensemble de ces actions révèle un gouvernement qui privilégie systématiquement sa propre sécurité et ses ambitions idéologiques aux besoins fondamentaux de ses citoyens.
Un réseau négligé
Les fréquentes coupures d’internet qui frappent l’Iran sont un symptôme évident de la dégradation systémique. Alors que les ressources nationales sont canalisées vers les programmes nucléaire et balistique du régime et son réseau de mandataires régionaux, les infrastructures nationales sont laissées à l’abandon. Des reportages des médias d’État confirment que les batteries vieillissantes des tours de télécommunication tombent en panne lors des pannes de courant de plus en plus fréquentes dans le pays, privant des millions de personnes d’accès à internet.
Cet effondrement artificiel paralyse la vie quotidienne. Les services bancaires en ligne de base sont devenus peu fiables, les services d’urgence sont plus difficiles à joindre et l’enseignement en ligne est perturbé. Le ministre des Communications du régime, Sattar Hashemi, a reconnu le problème mais en a minimisé la gravité, affirmant que les batteries des tours n’étaient pas conçues pour un « déséquilibre » électrique prolongé – un euphémisme d’État pour désigner les pénuries chroniques. Il n’a proposé aucune solution viable.
Le gouvernement abdiquant ses responsabilités, les opérateurs de télécommunications affiliés à l’État font désormais chanter la population. Le 20 août, Alireza Rafiei, PDG d’Irancell, a lancé un ultimatum sans appel : soit le public accepte une augmentation tarifaire de 70 %, soit il doit s’attendre à des coupures d’internet quotidiennes de trois heures, similaires aux coupures d’électricité programmées. Le fardeau de la mauvaise gestion financière du régime repose, une fois de plus, sur les épaules du peuple iranien.
Un régime en guerre contre ses propres services
Au-delà de la négligence passive, le régime sabote désormais activement son propre écosystème numérique. Le 20 août, Hashemi a officiellement admis que les perturbations GPS généralisées qui frappent le pays étaient intentionnelles. Il a affirmé que le brouillage du signal avait été mis en œuvre pour des « considérations de sécurité » et la nécessité de contrer les menaces potentielles de drones. Cet aveu n’est intervenu qu’après des années de dénégations officielles et de rejet de la responsabilité, révélant un système de tromperie systématique.
Les conséquences concrètes ont été immédiates et graves. Les services de covoiturage comme Snapp, un élément essentiel de l’économie urbaine, ont vu leurs tarifs exploser. Farid Shahabi, vice-président commercial chez Snapp, a expliqué que la combinaison des pannes de GPS – qui poussent les conducteurs à abandonner la plateforme – et d’une forte demande a entraîné une flambée naturelle des prix. Les utilisateurs indiquent leur position sur des cartes apparaissant à des centaines de kilomètres, rendant la navigation impossible et paralysant les moyens de subsistance d’innombrables conducteurs. Il ne s’agit pas d’une mesure de sécurité défensive, mais d’une tentative de prise en otage de la population civile par les obsessions sécuritaires du régime.
Remplacer la perturbation par le contrôle
La « solution » proposée par le régime à la crise du GPS révèle encore davantage ses priorités. Au lieu de rétablir un service universellement accessible à ses citoyens, Téhéran prévoit d’accroître sa dépendance à l’égard de la Chine en remplaçant le GPS américain par BeiDou.
Les responsables ont été transparents quant à la logique militaire derrière ce changement. Le vice-ministre des Communications, Ehsan Chitsaz, a confirmé le plan, et les experts estiment que cette initiative s’inscrit dans la stratégie de « guerre asymétrique » du régime, visant à rendre ses systèmes de missiles et autres équipements militaires indépendants des technologies occidentales. La coopération avec la Chine sur BeiDou n’est pas une nouveauté ; Il découle d’un protocole d’accord signé dès 2015. Cet alignement stratégique à long terme souligne que les calculs du régime sont entièrement axés sur l’armée, sans égard pour les millions de civils qui dépendent de ces technologies pour leur survie économique.
Un siège auto-imposé
La double crise de l’effondrement des infrastructures et du sabotage numérique délibéré est l’envers de la médaille. Elle révèle un régime à la fois profondément incompétent dans sa gouvernance et impitoyablement oppressif dans ses priorités. En privant la population des services essentiels tout en perturbant activement ce qui reste, le régime est efficace.

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