L’effondrement des services publics et des soins de santé
Les fondements mêmes des services publics de l’État s’effondrent sous le poids de sa propre mauvaise gestion, transformant les hôpitaux et les mairies en foyers de contestation. À Ilam, des employés municipaux – certains impayés depuis trois mois et privés de couverture sociale – se sont rassemblés pour exiger le versement de leurs salaires. Ce simple rassemblement a été accueilli par des menaces des forces de sécurité, qui leur ont ordonné de se disperser, révélant la paranoïa du régime face aux revendications les plus élémentaires de justice. Le message provocateur d’un manifestant résume bien l’état d’esprit général : « Avez-vous peur d’un simple rassemblement ? Sachez que la vie ne se règle pas avec des promesses ; un salaire décent permet de vivre ! »
La crise du secteur de la santé était encore plus aiguë. À Mashhad et Ahvaz, des infirmières ont manifesté avec des tables vides, une dénonciation symbolique des promesses creuses du régime. « Vous nous confiez la vie des gens, mais vous ne nous accordez pas nos droits », a déclaré une infirmière à Mashhad. À Iranshahr, les médecins de l’hôpital Khatam-al Anbia se sont mis en grève pour protester contre le non-paiement de leurs salaires, paralysant les urgences et obligeant les patients gravement malades à se faire soigner dans des cliniques privées coûteuses. Parallèlement, dans la province de Fars, les pharmaciens ont mis en garde contre une « véritable crise des médicaments » après avoir passé sept mois sans être payés par l’Organisation de la sécurité sociale du régime.
L’asphyxie des producteurs iraniens
L’échec du régime ne se limite pas aux services publics ; il paralyse la chaîne d’approvisionnement alimentaire du pays et étrangle ses producteurs. Des éleveurs de volailles de tout le pays se sont rassemblés pour protester après un retard de deux mois dans la réception des aliments essentiels pour leurs animaux, pour lesquels ils avaient déjà investi. Leurs slogans reflétaient leur désespoir : « Aujourd’hui est un jour de deuil ! Un éleveur de volailles sans nourriture pour ses bêtes est en deuil aujourd’hui ! »
Cette crise de la production se retrouve dans les régions agricoles du pays. À Mazandaran et Golestan, des riziculteurs ont manifesté après avoir attendu un an entier le paiement d’une dette de 200 milliards de tomans par les acheteurs. Leur revendication était simple et profonde : « Notre produit n’est ni un cadeau ni une œuvre de charité ; c’est notre droit ! » Dans le port de Hendijan, au sud du pays, les propriétaires et commerçants de boutres traditionnels ont protesté contre les restrictions paralysantes qui ont conduit l’économie locale de la région « au bord du gouffre ». Un manifestant a exprimé le sentiment général : « Notre patience est à bout… Nous avons grandi avec la mer, nous vivons de la mer ; aujourd’hui, ils nous privent de notre pain. »
Des salaires de misère aux explosions inexpliquées
Au milieu de ces manifestations ciblées, une atmosphère générale de désespoir économique et d’insécurité règne dans la société iranienne. Avec un salaire minimum quotidien inférieur à 400 000 tomans, un seul repas correct pour une famille peut coûter trois fois le salaire journalier d’un travailleur. La réponse du régime, apportée par le ministre du Travail, n’est pas d’augmenter les salaires, mais de promouvoir un système de bons d’achat inefficace qui ne fournit qu’une fraction de ce qui est nécessaire à la subsistance de base.
Cette anxiété économique est aggravée par un sentiment palpable de chaos. Le même matin où les travailleurs et les agriculteurs réclamaient leur dû, les habitants de Kermanshah ont été secoués par deux fortes explosions inexpliquées. Bien que les autorités aient affirmé que les explosions n’étaient pas liées à un petit incendie dans la région, l’absence d’explication claire ne fait qu’alimenter la méfiance du public et met en évidence un État incapable d’assurer même la sécurité la plus élémentaire.
Les événements du 5 novembre sont un microcosme de la réalité iranienne. Il ne s’agit pas seulement de salaires impayés ou de ressources retardées ; il s’agit d’une révolte nationale contre le vol de la dignité, de la survie et de l’avenir. Les slogans entendus dans tout le pays – de « Les promesses ne suffisent pas ! » à « Si vous n’êtes pas capables de gérer, démissionnez ! » – ne sont plus des supplications, mais des exigences. L’ampleur de ces manifestations, qui rassemblent des groupes aussi divers que les médecins et les agriculteurs, témoigne d’une opposition nationale unie, née d’une souffrance partagée. Les vieilles méthodes du régime, faites de promesses creuses et d’intimidation, sont en train d’échouer. Ces secousses à l’échelle nationale sont les prémices du bouleversement que le peuple iranien réclame depuis longtemps et pour lequel il continue de se battre avec courage.

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