Le régime reconnaît sa faillite
À Mashhad, la deuxième plus grande ville du pays, les infirmières ont manifesté pour la troisième journée consécutive, se déplaçant des hôpitaux Ghaem et Imam Reza à l’hôpital Akbar. Leurs slogans dénonçaient la corruption endémique du régime : « L’infirmière est exploitée, les caisses de l’administration s’enrichissent » et « La grille salariale est notre droit, l’argent est dans vos poches ». Elles exigent la fin des pratiques salariales discriminatoires et l’instauration immédiate de salaires équitables. Comme l’a déclaré une infirmière manifestante : « Depuis des années, on nous promet justice et égalité, mais le seul résultat est une pression accrue et une indifférence de la part de la direction.»
Le régime, quant à lui, a quasiment admis son insolvabilité. Le même jour, le député du président Massoud Pezeshkian a annoncé que le gouvernement n’avait pas les moyens de verser la « prime spéciale » légalement obligatoire aux employés du secteur public. Il a évoqué un déficit faramineux de 600 billions de tomans pour l’année en cours, un aveu stupéfiant d’échec économique qui touche non seulement les infirmières, mais aussi les enseignants, le personnel social et les autres fonctionnaires qui manifestent pour leurs droits.
La trahison du peuple : une crise des moyens de subsistance
Au-delà du secteur public, la fraude systémique et la mauvaise gestion du régime poussent les citoyens ordinaires à descendre dans la rue. À Téhéran, des clients floués de la société automobile Farda Motor ont manifesté après avoir payé des véhicules qui ne leur ont jamais été livrés. À Ispahan, des demandeurs de logement se sont rassemblés devant la préfecture, leurs espoirs d’obtenir un logement anéantis par l’incompétence des autorités.
Parallèlement, dans la ville portuaire de Bushehr, au sud du pays, des commerçants se sont rassemblés pour protester contre la décision de la municipalité de les expulser de force et de leur imposer des hausses de loyer exorbitantes. Leur déclaration simple et percutante a parfaitement reflété l’état d’esprit d’une nation au bord du gouffre : « Nous n’avons plus rien à perdre ; c’est notre seul moyen de subsistance.»
L’étincelle dans le Sud : Le martyre d’Ahmed Baledi
Nulle part ailleurs la cruauté et la peur du régime n’ont été aussi manifestes qu’à Ahvaz. La ville est un véritable foyer de colère depuis l’immolation tragique d’Ahmed Baledi, un étudiant de 20 ans, après que des agents municipaux ont détruit le petit kiosque de sa famille – leur unique source de revenus. La fureur populaire a contraint le maire d’Ahvaz à la démission et plusieurs autres responsables à la destitution, mais la population refuse d’être apaisée par des gestes symboliques. Sa revendication est claire : « La démission ne suffit pas, ils doivent être jugés. »
Le père d’Ahmed a lancé un serment de défi : « Je ne récupérerai pas le corps de mon fils tant que le maire et son adjoint… seront en poste. » Terrifiées à l’idée que des funérailles publiques ne dégénèrent en soulèvement général, les forces de sécurité ont contraint la famille à un enterrement secret, de nuit et sous haute surveillance. Mais cette intimidation s’est retournée contre elles. Malgré les menaces, une foule nombreuse s’est rendue sur le lieu de l’inhumation, transformant un moment de silence imposé par l’État en une puissante démonstration de défiance.
Il ne s’agit pas de protestations isolées. Elles sont les symptômes d’un mal en phase terminale au sein de la théocratie au pouvoir. La preuve est le mouvement qui a émergé de Bushehr, à des centaines de kilomètres d’Ahvaz. Là-bas, les commerçants protestataires – confrontés à la même destruction de leurs moyens de subsistance, cautionnée par l’État, qui a coûté la vie à Ahmed Baledi – ont brandi une banderole à son effigie.
La tragédie d’Ahmed est devenue un symbole national de résistance. Le désespoir économique des infirmières à Mashhad, la colère des citoyens floués à Téhéran et la résistance des commerçants de Bushehr sont désormais unis par une conviction commune : le système tout entier est à l’origine de leurs souffrances. Les instruments de répression du régime sont inefficaces. Les événements du 12 novembre révèlent un peuple iranien de plus en plus courageux, organisé et uni dans sa lutte pour libérer son pays d’une tyrannie corrompue et illégitime.
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