mercredi 19 novembre 2025

Un prisonnier politique iranien condamné à mort, les autorités du régime contraignent sa famille au silence.

 La condamnation à mort de Mohammad-Mehdi Soleimani, arrêté lors des manifestations nationales de 2022, a été prononcée dans un contexte de nombreuses zones d'ombre, de fortes pressions sécuritaires sur sa famille et d'un manque de transparence judiciaire. Ces manifestations avaient éclaté à travers l'Iran après la mort de Mahsa Amini, tuée lors de sa garde à vue par la police des mœurs.

Ce jeune homme, né dans les années 2000, est aujourd'hui confronté à une condamnation à mort définitive, prononcée selon le même schéma répété utilisé contre les manifestants : fabrication de preuves, extorsion d'aveux sous la contrainte et menaces envers les familles.

L'incident remonte au 21 septembre 2022, lors de manifestations dans le quartier d'Abkuh à Mashhad, où un agent de sécurité nommé Rasoul Doust-Mohammadi a été tué. Quarante-huit heures plus tard seulement, le gouverneur de Mashhad annonçait l'arrestation de l'assaillant, sans toutefois divulguer son nom, sa photo ni d'autres informations le concernant.

Ce silence médiatique a persisté pendant près de deux ans, jusqu'au 17 novembre 2024, date à laquelle le quotidien d'État Khorasan titrait soudainement : « L'assassin de Rasoul Doust-Mohammadi a été condamné à mort. » Pour la première fois, les initiales « MH Soleimani » apparaissaient dans l'article ; il a été confirmé par la suite qu'il s'agissait de Mohammad-Mehdi Soleimani. Khorasan est un important quotidien d'État basé à Mashhad et proche du régime iranien.

Selon ce même rapport, la cinquième chambre du tribunal correctionnel n° 1 de la province de Razavi Khorasan, présidée par le juge Mohammad Shoja'pour-Fadaki, l'a condamné à la qesas (peine de châtiment corporel). De plus, il a été condamné à deux ans et demi de prison et à soixante-quatorze coups de fouet pour « possession de matériel incendiaire ».

Absence de représentation légale, absence de contact avec la famille et ambiguïtés dans le processus judiciaire

Les informations disponibles indiquent qu'on ignore encore si Mohammad-Mehdi Soleimani a bénéficié d'un avocat indépendant lors de son interrogatoire et de son procès. Aucun détail officiel n'a été divulgué concernant la procédure judiciaire, la manière dont les accusations ont été prouvées ni les éléments de preuve retenus par le tribunal.

Sa famille est également soumise à une forte pression sécuritaire et n'a pas le droit de faire de déclarations, de publier des photos, ni même de révéler son âge exact. Selon des sources locales, la famille a été avertie que « si l'affaire est médiatisée, la situation empirera » – une menace devenue une tactique courante dans les affaires liées aux manifestations ces dernières années.

Témoignages de codétenus : l’un d’eux affirme avoir trouvé un couteau, et non avoir commis un meurtre.

Un ancien codétenu a déclaré que Mohammad-Mehdi Soleimani avait affirmé, au moment de son arrestation, avoir « trouvé un couteau ensanglanté dans la rue », ce qui avait conduit à sa détention. Aucune explication officielle n'a été fournie concernant cette affirmation, ni concernant une éventuelle identification du couteau sur les lieux du crime, ni concernant un éventuel rapport médico-légal.

Ces témoignages, associés au manque de transparence, renforcent encore la probabilité d'aveux extorqués sous la contrainte, la torture ou les menaces.

D'après de nombreux témoignages provenant des prisons du régime dictatorial iranien, les aveux attribués à de nombreux manifestants ne sont pas obtenus dans des conditions équitables, mais par la torture physique et psychologique, les menaces, l'isolement cellulaire prolongé et les pressions exercées sur les familles. Dans des affaires similaires survenues ces dernières années, des prisonniers ont expliqué après leur libération que leurs interrogateurs les avaient contraints à avouer des accusations en leur disant : « Si vous ne coopérez pas, nous arrêterons votre famille » ou « Si vous ne confirmez pas ce que nous disons, vous serez condamné à mort ».

Menacer les familles et le cycle des exécutions secrètes

L'un des aspects les plus alarmants de ces affaires est l'intimidation des familles pour les réduire au silence. De nombreuses familles de personnes détenues lors de manifestations ont déclaré :
« On nous a dit que si nous rendions l'affaire publique, la situation empirerait pour notre enfant. »

Ces pressions permettent que les procédures judiciaires se déroulent en secret, sans contrôle public et sans défense adéquate. Ce secret ouvre la voie à des exécutions nocturnes perpétrées sans préavis, comme ce fut le cas à plusieurs reprises, notamment pour Mohammad-Mehdi Karami, Majidreza Rahnavard et Mohsen Shekari, tous de jeunes manifestants exécutés après le soulèvement de 2022.

Cette affaire illustre une fois de plus les dizaines de condamnations similaires prononcées au sein du système judiciaire et sécuritaire iranien, un système opaque où les autorités n'ont pas la possibilité de se défendre pleinement et où aucun contrôle indépendant n'est exercé. Elle pourrait à tout moment se transformer en une nouvelle exécution clandestine si l'opinion publique et les organisations de défense des droits humains n'interviennent pas pour faire éclater la vérité et empêcher l'application de la sentence.

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