vendredi 14 novembre 2025

La crise de l’eau en Iran est créée par la corruption d’état et non par le climat

 L’Iran ne fait pas simplement face à une crise de l’eau ; il est confronté à une véritable « faillite de l’eau ». Ce terme, utilisé par les experts pour décrire un effondrement systémique des ressources en eau, désigne une catastrophe non pas due à la nature, mais à des décennies de corruption, de mauvaise gestion et de spéculation du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) par le régime iranien. Alors que des millions d’Iraniens subissent désormais un rationnement de l’eau potable, il est clair que ce désastre était à la fois prévisible et délibérément ignoré.

Cette crise n’est pas due à une insuffisance de précipitations, mais à un pillage systémique. Les faits révèlent un gouvernement qui a consciemment saigné à blanc la ressource vitale de la nation à des fins financières et politiques, laissant aux citoyens ordinaires le soin d’en subir les conséquences dévastatrices.

Anatomie d’une sécheresse orchestrée

L’ampleur de la mauvaise gestion du régime est flagrante. Les données officielles du site web étatique Amag révèlent que l’Iran prélève environ 63,8 milliards de mètres cubes d’eau souterraine par an, alors que le taux de renouvellement naturel de ces ressources n’est que de 45 milliards de mètres cubes. Ce déficit colossal résulte d’une politique délibérée de surexploitation menée depuis des années, entraînant l’épuisement d’aquifères vitaux.

De plus, plus de 80 % des ressources en eau renouvelables du pays sont allouées à l’agriculture, un secteur dont les profits à l’exportation profitent de manière disproportionnée aux entités liées au régime. Cette mauvaise allocation privilégie les intérêts financiers d’une poignée de privilégiés au détriment de la gestion durable d’une ressource essentielle à la survie de toute la population.

Le Corps des Gardiens de la révolution islamique : La « mafia de l’eau » et ses profits

Au cœur de cette crise se trouve le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), qui gère une véritable mafia de l’eau. Le CGRI a piloté des projets de construction de barrages massifs et désastreux pour l’environnement à travers l’Iran, sans aucune évaluation écologique préalable. Ces projets ont perturbé les cours d’eau naturels, asséché des rivières et engendré de graves tensions sociales liées aux droits d’eau dans des provinces comme le Sistan-et-Baloutchistan, Kerman, Fars et Ispahan.

Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) privilégie l’obtention de contrats lucratifs et de grande envergure plutôt qu’une gestion durable. En témoigne son engouement pour des « solutions » coûteuses et technologiquement complexes, comme l’usine de dessalement de Bandar Abbas, d’un coût de 204 millions de dollars, selon Amag. Ces projets servent à détourner les fonds publics vers les commandants du CGRI et leurs alliés, sans pour autant s’attaquer aux causes profondes de la crise de l’eau.

Détournement de responsabilité et mensonge : la responsabilité du manque d’eau imputée aux femmes

Au lieu d’assumer ses échecs politiques catastrophiques, le régime a recours à d’étranges déviations idéologiques pour se soustraire à ses responsabilités. À titre d’exemple frappant, Mohsen Araki, membre de l’Assemblée des experts, a publiquement affirmé que la crise de l’eau, la sécheresse et le manque de pluie étaient un châtiment divin infligé aux femmes qui ne respectaient pas le port obligatoire du hijab.

Cette rhétorique constitue non seulement une tentative grotesque de rejeter la faute des institutions corrompues sur le public, mais aussi un indicateur clair d’un leadership totalement déconnecté de la réalité et de la gouvernance scientifique. En présentant une catastrophe d’origine humaine comme une défaillance morale du peuple, le régime cherche à s’exonérer de toute responsabilité.

Une politique de déni délibérée

Le régime ne peut prétendre ignorer la situation. Les experts tirent la sonnette d’alarme depuis des années, en vain. Dans une interview accordée aux médias d’État, Kaveh Madani, ancien directeur adjoint du Département iranien de l’environnement et actuel directeur de l’Institut de l’eau, de l’environnement et de la santé de l’UNU, a confirmé que la crise se préparait depuis longtemps.

Dans une anecdote marquante de son passage au gouvernement, Madani se souvient avoir employé l’expression « pénurie d’eau » lors d’une réunion du Conseil suprême de l’eau. Au lieu de tenir compte de l’avertissement, un haut fonctionnaire l’a réprimandé : « Jeune homme, ne dites pas de telles choses.» Cet incident révèle une politique de déni délibérée au sommet de l’État, où les avertissements scientifiques ont été activement ignorés afin de protéger les intérêts politiques et économiques de l’élite dirigeante.

La soif qui frappe l’Iran n’est pas un phénomène naturel, mais une conséquence directe et inévitable de la corruption et de l’incompétence du régime. La surexploitation des eaux souterraines, les mégaprojets destructeurs et opportunistes des Gardiens de la révolution, et le déni cynique des responsabilités témoignent d’un système fondamentalement en guerre contre son peuple et son environnement.

Cette pénurie d’eau est le symptôme d’une faillite politique bien plus profonde. La crise prouve, une fois de plus, que le régime est incapable et indifférent aux besoins du peuple iranien. Et cela prouve une fois de plus que la solution ultime est la suppression de la racine du problème, c’est-à-dire le régime lui-même.

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