L’effondrement du système de santé : « Le couteau a atteint l’os »
Le samedi 22 novembre, des membres des services d’urgence de Téhéran se sont rassemblés devant le ministère de la Santé pour protester contre leurs conditions de travail épuisantes et le non-respect de leurs promesses. Reprenant l’expression persane « le couteau a atteint l’os », qui traduit leur désespoir absolu, les manifestants ont dénoncé l’incapacité systémique du gouvernement à soutenir les soignants en première ligne.
Malgré des mois de pression, les manifestants ont indiqué que la loi relative aux tarifs de service n’était toujours pas appliquée et que les primes de performance n’avaient pas été versées. Au lieu de remédier à ces difficultés financières, le régime a opté pour des mesures punitives. Des employés témoignent avoir été mutés de force dans des bases éloignées de leur domicile, à titre de représailles.
Cette répression s’inscrit dans un contexte plus large d’intimidation des personnels soignants. Le 22 novembre, l’agence de presse officielle ILNA a reconnu que le régime réprimait les manifestations des infirmières et infirmiers par la « punition plutôt que par l’écoute ». Le rapport reconnaît que les infirmières, déjà confrontées à une grave pénurie de personnel et à des retards de paiement de leurs salaires, sont menacées d’« exil », de suspensions de longue durée et d’arrestations pour avoir organisé des manifestations. La secrétaire de l’Ordre des infirmières a confirmé que les forces de sécurité ont instauré un « état de suspension », empêchant de fait les infirmières qui osent s’exprimer de travailler, au lieu de répondre à leurs revendications.
Exploitation dans le secteur industriel
Parallèlement aux manifestations dans le secteur de la santé, les secteurs industriels et des retraites ont connu d’importantes perturbations. Le matin du 23 novembre, les ouvriers autochtones du complexe de titane de Kahnuj, dans la province de Kerman, se sont mis en grève. Ils ont dénoncé une contradiction flagrante dans la gestion du régime : alors que les responsables se vantaient de la multiplication de la production minière ces dernières années, les salaires, eux, stagnaient. « La production a été multipliée par plusieurs fois, mais nos salaires restent inchangés », ont-ils déclaré, révélant ainsi l’exploitation de la main-d’œuvre pour financer les priorités du régime.
Pendant ce temps, des retraités de la Sécurité sociale et de la sidérurgie ont manifesté dans les rues de Téhéran, Ispahan, Ahvaz, Shoush et Rasht. À Téhéran, malgré une forte pollution atmosphérique, les manifestants se sont rassemblés devant la Sécurité sociale. À Ispahan, des retraités de la sidérurgie se sont rassemblés devant la préfecture, scandant qu’ils ne quitteraient pas la rue tant que leurs droits ne seraient pas rétablis.
Le principal grief des retraités est le pillage des fonds de pension. Ils protestent contre le transfert illégal du Fonds de pension de la sidérurgie au Fonds de pension des fonctionnaires et contre l’arrêt brutal de l’assurance complémentaire, privant ainsi des milliers de personnes âgées iraniennes de couverture médicale. À Ahvaz, la foule scandait : « La hausse des prix et l’inflation tuent le peuple », une dénonciation directe de la mauvaise gestion économique du gouvernement actuel.
Fraude d’État et violence meurtrière
La corruption endémique du régime a été une nouvelle fois mise en lumière à Kerman le 22 novembre, où les victimes de l’escroquerie du concessionnaire Modiran Khodro se sont rassemblées pour réclamer leur argent. Les manifestants ont révélé que, malgré la fermeture officielle du service commercial du concessionnaire en janvier 2025, des agents continuaient de vendre des contrats d’achat de véhicules à plus de 90 personnes, encaissant leur argent pour des véhicules inexistants.
Tandis que la corruption financière détruit les moyens de subsistance dans les villes, les forces de sécurité du régime continuent de semer la terreur dans les zones périphériques. Des informations en provenance du Baloutchistan ont confirmé que les 18 et 20 novembre, les forces de police ont ouvert le feu sur des porteurs de carburant (soukht-bars), contraints à ce commerce dangereux par l’extrême pauvreté.
Le 18 novembre, à Bandar Abbas, les forces de sécurité ont abattu un porteur de carburant. Deux jours plus tard, le 20 novembre, des tirs de la police ont provoqué le renversement d’un camion-citerne, tuant le conducteur sur le coup. Ces exécutions extrajudiciaires soulignent la détermination du régime à répondre au désespoir économique par une violence meurtrière.
À l’approche de la fin novembre 2025, l’ampleur de ces manifestations – qui s’étendent de la capitale aux régions frontalières – témoigne de la gravité de la situation. Il apparaît clairement que le peuple iranien perçoit le régime non comme un organe de gouvernement, mais comme le principal obstacle à sa survie. Qu’il s’agisse de l’infirmière exilée pour avoir osé s’exprimer, du retraité privé de médicaments ou de l’ouvrier privé d’un salaire équitable, le message qui monte de la rue est unanime : le régime n’offre que pillage et répression, et le peuple ne se laissera pas réduire au silence.

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