jeudi 20 novembre 2025

Iran : manifestations pour réclamer l’accès à l’eau, les salaires et contre la peine de mort

 Le mardi 18 novembre 2025, une vague de manifestations a déferlé sur l’Iran, mêlant revendications économiques et contestation politique. Des rues de Téhéran aux terres arides de Yasuj, des représentants de divers secteurs de la société – travailleurs du pétrole, agriculteurs, étudiants et familles de prisonniers politiques – ont manifesté simultanément. Les événements de la journée ont mis en lumière une crise de légitimité croissante pour le régime, les citoyens contestant ouvertement la mauvaise gestion des ressources naturelles par le gouvernement et le recours accru à la peine capitale.

« Non à l’exécution » : Un cri national contre la répression

Les manifestations les plus politisées ont eu lieu en parallèle de la campagne des « Mardis non à l’exécution », qui en était à sa 95e semaine dans 54 prisons. En solidarité avec la grève des prisonniers, des citoyens ont manifesté dans des dizaines de villes, dont Téhéran, Ispahan, Mashhad, Chiraz, Tabriz, Rasht et Ahvaz.

Mardi, les familles des condamnés à mort se sont rassemblées devant les bâtiments gouvernementaux, brisant le silence imposé par le régime. Dans un élan de courage remarquable, les proches des prisonniers politiques condamnés à mort, Vahid Bani-Amerian et Pouya Ghobadi, ont brandi les portraits de leurs êtres chers, exigeant l’annulation de leurs peines.

Des manifestants scandaient des slogans contestant ouvertement l’autorité du régime, tels que « Mort au dictateur » et « La prochaine exécution déclenchera le soulèvement ». Dans une scène, la mère du prisonnier Shahrokh Daneshvarkar, brandissant la photo de son fils devant la foule, criait : « Non à l’exécution ! N’exécutez pas nos enfants !»

« L’heure de la guerre a sonné » : La crise de l’eau dans le Sud

Tandis que la répression politique a déclenché des manifestations dans la capitale, la dévastation environnementale a poussé les citoyens des provinces du Sud au bord du gouffre. À Yasuj, dans la province de Kohgiluyeh et Boyer-Ahmad, une foule importante d’habitants et d’étudiants a bloqué la place Imam Hossein et s’est rassemblée devant le bureau du gouverneur provincial pour protester contre la construction illégale des barrages de Khersan 3 et de Mandegan.

Les manifestants considèrent ces projets, affiliés aux Gardiens de la révolution, comme la principale cause de la destruction de l’environnement dans la région du Zagros.

Simultanément, à Shahr-e Kord, les habitants des comtés de Ben et Saman se sont rassemblés devant le gouvernorat de Chaharmahal et Bakhtiari. Ils protestaient contre le refus du régime d’attribuer des droits d’eau, une politique qui a entraîné l’assèchement des vergers et la destruction de l’agriculture régionale.

Grèves pétrolières et quarante ans d’incertitude

L’économie du pays continue de fléchir, tandis que le mécontentement se propage au sein du secteur pétrolier, pourtant vital. Le 18 novembre, des retraités de l’industrie pétrolière se sont rassemblés devant le ministère du Pétrole, rue Taleghani à Téhéran, pour protester contre le pillage de leurs fonds de pension et l’incapacité du régime à indexer les pensions sur l’inflation galopante.

Parallèlement, dans le sud-ouest du pays, les employés de la raffinerie de pétrole d’Abadan ont manifesté devant les portes de l’entreprise. Ces travailleurs, recrutés par concours en 2023, exigeaient une application équitable des grilles salariales et s’interrogeaient sur les raisons pour lesquelles leurs salaires de base restent bien en deçà du seuil de pauvreté, malgré leur statut d’employé. Suite à la grève du samedi 15 novembre menée par les employés de la Compagnie pétrolière offshore iranienne de l’île de Lavan, qui réclamaient la suppression du plafonnement des pensions et l’indépendance de leur caisse de retraite vis-à-vis des finances publiques en faillite,

Ailleurs, à Harsin, dans la province de Kermanshah, l’incompétence de l’administration a été mise en lumière. Des habitants se sont rassemblés pour protester contre la question foncière dans le district de Zaraliabad. Ces citoyens ont acquis leurs terrains il y a plus de 40 ans, mais le gouvernement refuse toujours de leur délivrer des permis de construire, plongeant ainsi des familles dans une situation d’incertitude juridique et économique depuis quatre décennies.

Les événements du 18 novembre dressent le portrait d’un régime assiégé par sa propre population. Qu’il s’agisse de l’assèchement d’une rivière, du détournement de pensions ou de l’exécution d’un dissident, la colère populaire se concentre de plus en plus sur l’ensemble de la théocratie au pouvoir. Face à la répression et à l’indifférence du régime, la résistance dans la rue ne fait que se renforcer.

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