mardi 11 novembre 2025

Éditorial : La flambée des exécutions en Iran : le signe d’un régime au bord du gouffre

 Le sinistre bruit des potences résonne de plus en plus fort en Iran. Rien qu’en octobre, le régime théocratique a exécuté au moins 285 personnes – un chiffre effroyable qui inclut des femmes et même un mineur. Pour l’observateur non averti, cette démonstration brutale pourrait ressembler à une preuve de force. Mais pour ceux qui comprennent la dynamique interne de l’Iran, cette flambée des exécutions étatiques n’est pas un signe de puissance ; c’est une tentative désespérée d’un régime qui vacille au bord de sa propre légitimité.

La source de ce désespoir réside dans la colère implacable du peuple iranien. Les soulèvements nationaux de ces dernières années ont clairement montré que la population est à bout – épuisée par des décennies de répression, une pauvreté étouffante, une injustice systémique et la corruption éhontée qui a vidé les institutions étatiques de leur substance. Elle voit l’immense richesse de la nation, des revenus pétroliers aux ressources naturelles, dilapidée dans des guerres à l’étranger et les ambitions nucléaires et balistiques du régime, tandis qu’elle peine à subvenir à ses besoins les plus élémentaires.

Ce profond mécontentement social se reflète dans les fractures croissantes au sein de l’élite dirigeante. Dans un aveu stupéfiant, l’ancien président Hassan Rohani a récemment reconnu que le parlement actuel ne bénéficie du soutien que de 10 % de la population – un chiffre qui confirme l’analyse de longue date de l’opposition quant à la légitimité illusoire du régime. Le régime est fondamentalement instable, incapable d’enrayer la chute libre de l’économie nationale ou de gérer les pénuries chroniques d’électricité, d’eau et de gaz qui paralysent la vie quotidienne.

Dans cet environnement volatile, la corde du bourreau est devenue le principal instrument de gouvernance de Khamenei. Craignant que les braises du dernier soulèvement ne ravivent un incendie nouveau et plus puissant, le régime a instrumentalisé la peine de mort pour créer un climat de terreur. L’objectif est simple : intimider le public et prévenir les futures manifestations en démontrant que le prix de la dissidence est la mort.

Cette stratégie vise particulièrement la résistance organisée. Le régime ne cible pas seulement les manifestants individuels ; il condamne systématiquement des prisonniers politiques à mort, souvent sous l’accusation d’appartenance au principal groupe d’opposition, l’Organisation des Moudjahidines du peuple iranien (OMPI/MEK). Il ne s’agit pas de procès ; Il s’agit d’assassinats politiques cautionnés par un système judiciaire qui fonctionne comme un bras armé de l’appareil sécuritaire. Des cas comme celui d’Ehsan Faridi, un étudiant de 22 ans dont l’appel aurait été rejeté en moins d’une heure, ou celui de Zahra Tabari, dont le « procès » par visioconférence n’a duré que dix minutes, révèlent l’imposture totale du système judiciaire iranien. Si ce régime respectait ne serait-ce que les normes internationales les plus élémentaires en matière de procès équitable, ses fondements mêmes s’effondreraient.

Pourtant, malgré la terreur, l’esprit de résistance persiste. Depuis plus de 94 semaines, des prisonniers dans des dizaines d’établissements pénitentiaires mènent des grèves de la faim tous les mardis, sous le slogan « Non à l’exécution ». Dans les rues, enseignants, travailleurs et retraités brandissent courageusement des pancartes condamnant la peine de mort, envoyant un message clair aux autorités : « N’essayez pas de nous faire peur. »

La communauté internationale ne peut plus rester passive face à cette brutalité. Le temps de la diplomatie discrète est révolu. Les puissances mondiales, et en particulier l’Union européenne, doivent prendre des mesures décisives. Les violations flagrantes des droits humains commises par l’Iran doivent être portées devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. Le principe de compétence universelle doit être invoqué pour que les dirigeants du régime rendent compte de leurs crimes contre l’humanité. Une pression incessante doit être exercée pour accorder aux organisations internationales de défense des droits humains un accès immédiat aux prisons iraniennes.

En définitive, les événements de l’année écoulée ont prouvé que les trois piliers du régime clérical – la répression intérieure, le terrorisme international et la quête de l’arme nucléaire – ne seront démantelés qu’avec le régime lui-même. Lorsqu’un gouvernement transforme ses prisons en lieux d’exécution, son peuple a le droit indéniable de se défendre et d’aspirer à un avenir démocratique. Reconnaître ce droit fondamental n’est pas seulement un impératif moral ; c’est une nécessité stratégique pour la sécurité régionale et mondiale. Le nombre croissant d’exécutions est le râle d’agonie d’une tyrannie moribonde. Le monde doit choisir de se ranger du bon côté de l’histoire – aux côtés du peuple iranien, et non de ses oppresseurs.

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