Des scientifiques du groupe « World Weather Attribution » (WWA) ont annoncé le vendredi 21 novembre 2025 que la hausse des températures mondiales causée par la combustion des énergies fossiles est le principal facteur poussant ces trois pays vers une sécheresse « exceptionnelle ».
Selon cette étude, qui actualise l'analyse du groupe sur la situation dans la région en 2023, « il s'agit de la pire sécheresse jamais enregistrée en Iran ». Avec des données mises à jour jusqu'en juin 2025, les chercheurs ont identifié un lien plus étroit entre le réchauffement climatique et la sécheresse de longue durée.
L'étude du groupe, fondée sur des « preuves solides », montre que le changement climatique d'origine humaine a multiplié par plus de dix le risque de sécheresse et que ces changements ont compromis les progrès réalisés en matière de développement après les conflits régionaux.
D’après ces scientifiques, dans un monde sans réchauffement climatique, la sécheresse actuelle – bien que déjà en cours – aurait été beaucoup moins grave.
L’étude souligne également que des faiblesses structurelles, notamment une gestion de l’eau inefficace ou excessivement interventionniste, un surpâturage dépassant la capacité naturelle des terres et l’expansion agricole, ont aggravé la crise de l’eau en Iran, en Irak et en Syrie.
Depuis au moins 2015, les climatologues n'ont cessé d'avertir que le Moyen-Orient est probablement la région du monde la plus vulnérable aux impacts du changement climatique.
La nouvelle étude du groupe sur l'Iran indique que la situation catastrophique actuelle s'inscrit dans une crise de l'eau à plus long terme en Iran et dans la région, alimentée par un large éventail de facteurs, notamment des sécheresses récurrentes combinées à des taux d'évaporation plus élevés, une agriculture gourmande en eau et une extraction non durable des eaux souterraines.
Ces pressions conjuguées ont engendré un stress hydrique chronique dans les principaux centres urbains, dont Téhéran. Selon les rapports, ces villes risquent de connaître de graves pénuries et un rationnement d'urgence. Parallèlement, la productivité agricole est affectée et la concurrence pour les ressources rares s'intensifie.
Les barrages iraniens assoiffés : un compte rendu basé sur l'imagerie satellite
D'après l'étude, l'agriculture consomme plus de 90 % des ressources en eau de l'Iran. Le stress hydrique affecte particulièrement les agriculteurs dont les revenus dépendent des cultures irriguées.
D'après les scientifiques de la WWA, une sécheresse de cinq ans comme celle que nous connaissons depuis 2020 n'est plus exceptionnelle dans les conditions climatiques actuelles. Mais dans un monde sans réchauffement climatique, une telle sécheresse ne se produirait que deux à trois fois par siècle et serait bien moins intense.
Les études WWA comparent la probabilité d'un événement météorologique actuel avec la probabilité que le même événement se produise dans un monde sans changement climatique d'origine humaine, permettant ainsi aux scientifiques d'évaluer l'ampleur de l'impact du réchauffement climatique sur les conditions actuelles.
L'Iran n'est pas le seul pays confronté à une pénurie d'eau. On estime que près d'un tiers des grandes villes du monde auront épuisé leurs réserves d'eau actuelles d'ici 2050.
La convergence de l'urbanisation, de la demande accrue et des problèmes liés à la gouvernance a alimenté les pénuries d'eau dans le monde entier, et le changement climatique a encore intensifié le problème.
L’étude de la WWA conclut que la résilience des ressources en eau urbaines nécessite des sources d’eau diversifiées, une gestion de la demande, des infrastructures hydrauliques modernisées et plus efficaces, ainsi qu’une capacité institutionnelle accrue à gérer les ressources en eau limitées.
L'Iran a fait la une des journaux ces derniers mois en raison des vastes mesures prises par le gouvernement, notamment des tentatives d'ensemencement des nuages pour provoquer des pluies et de sévères restrictions d'eau dans de nombreux quartiers de Téhéran et d'autres villes.
En août, le président du régime iranien, Massoud Pezeshkian, a déclaré : « À cause d'un développement inconsidéré, nous n'avons aujourd'hui plus d'eau sous nos pieds ni derrière les barrages. »
Le chef de cabinet de Pezeshkian, Mohsen Haji Mirzaei, a également déclaré récemment à la télévision d'État : « Les études scientifiques, les graphiques et les évaluations montrent que toutes les politiques de gestion de l'eau mises en œuvre avant et après la révolution ont aggravé la situation. »
L'Irak, voisin de l'Iran, connaît également sa période de sécheresse la plus longue depuis 1933, tandis que la Syrie est aux prises avec sa pire sécheresse depuis quatre décennies.
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