Le régime iranien a intensifié son recours à la peine de mort à un niveau sans précédent, combinant des exécutions de masse dans tout le pays avec une accélération dramatique des condamnations à mort visant des prisonniers politiques. Les informations recueillies auprès de sources carcérales, de documents judiciaires et d’organisations de défense des droits humains décrivent un système judiciaire transformé en instrument de survie politique.
Entre le 22 et le 26 novembre 2025, 56 prisonniers ont été exécutés dans plusieurs prisons. Parallèlement, au moins huit prisonniers politiques ont vu leurs condamnations à mort confirmées et risquent désormais une exécution imminente. Les organisations de défense des droits humains affirment que ces événements reflètent une campagne de répression délibérée et coordonnée, destinée à dissuader les protestations nationales et à renforcer l’emprise du régime sur le pouvoir.
Un record en 37 ans : 304 exécutions en novembre 2025
Novembre 2025 est devenu le mois le plus meurtrier depuis 1988. Selon des données vérifiées, 304 prisonniers ont été exécutés, le plus haut total mensuel en 37 ans. L’échelle et la rapidité des mises à mort ont choqué les observateurs.
Entre le 17 et le 20 novembre, le régime a exécuté 63 prisonniers, soit une exécution toutes les 90 minutes. Le rythme s’est poursuivi jusqu’au 22 novembre, lorsque huit autres personnes ont été exécutées à Kermanshah, Karaj, Khorramabad, Boroujerd, Hamedan et Sari.
Les données montrent que nombre de victimes ont été exécutées quelques jours seulement après leur condamnation, sans information publique, sans accès à un avocat et sans aucune garantie minimale d’un procès équitable.
Une année d’escalade : statistiques mensuelles des exécutions en 2025
Les organisations de défense des droits humains signalent une forte hausse tout au long de l’année 1404 (mars 2025 – mars 2026) :
Mars 2025 : 86 exécutions
Avril : 172
Mai : 147
Juin : 86
Juillet : 174
Août : 194
Septembre : 295
Octobre : 304
22–26 novembre : 56
Début décembre, le total annuel dépassait 1 470 exécutions.
Un autre groupe de suivi, Voice of Iran Detainees, rapporte 1 735 exécutions pour l’année 2025 à ce jour.
De grandes vagues d’exécutions ont été documentées dans les provinces du Khorasan, d’Azerbaïdjan de l’Est et de l’Ouest, du Semnan, du Yazd, d’Hamedan et du Zanjan — souvent réalisées dans le secret et sans procédure régulière.
Huit prisonniers politiques menacés d’exécution immédiate
Parallèlement aux exécutions de masse, le régime a accéléré les mises à mort visant des prisonniers politiques.
En octobre et novembre 2025, la Cour suprême a confirmé les condamnations à mort de huit prisonniers politiques :
Manouchehr Fallah et Peyman Farahavar (poète) — Prison de Lakan, Rasht
Seyed Mohammad Javad Vafaee Thani — Prison de Vakilabad, Mashhad
Ehsan Faridi — Prison de Tabriz
Reza Abdali, Masoud Jamei, Alireza Mordasi, Farshad Etemadi-far — Prison de Sheiban, Ahvaz
Les organisations soulignent que ces huit personnes ne sont qu’une fraction des détenus politiques menacés. Au moins 42 prisonniers politiques attendent actuellement leur exécution.
Torture, aveux forcés et procès expéditifs
Les analystes juridiques avertissent que la majorité des condamnations à mort reposent sur :
des aveux extorqués sous la torture
l’absence d’avocat
des procès à huis clos
des accusations vagues comme « guerre contre Dieu » ou « corruption sur Terre »
Un avocat spécialisé dans les droits humains déclare :
« Ces verdicts n’ont aucune légitimité judiciaire et exposent juges et interrogateurs à de futures poursuites en vertu de la juridiction universelle. »
Pour de nombreuses organisations, l’ensemble de ces pratiques pourrait constituer des crimes contre l’humanité.
Résistance dans les prisons et grèves de la faim nationales
La colère grandit derrière les barreaux. Le 12 novembre 2025, plus de 200 prisonniers politiques d’Evin ont entamé une grève de la faim après le transfert violent d’Ehsan Afrashteh, un détenu menacé d’exécution.
Ce mouvement fait partie de la campagne « Mardi contre les exécutions », désormais active dans plus de 55 prisons. Les détenus affirment qu’il s’agit de leur dernier moyen non violent de résister à la machine d’exécution.
Une nouvelle loi élargit la peine de mort
Les défenseurs des droits humains alertent sur une nouvelle législation adoptée début 2025 — la Loi sur l’aggravation des peines pour espionnage et coopération avec des États hostiles — qui élargit considérablement la définition d’« espionnage ».
Elle peut désormais s’appliquer à :
des militants politiques
des journalistes
des figures culturelles
de simples utilisateurs de réseaux sociaux
Selon les analystes, cette loi transforme la dissidence en crime capital.
Alerte internationale et avertissements des Nations unies
Le régime iranien reste l’un des pays utilisant le plus la peine de mort. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a récemment qualifié le niveau actuel de « terriblement élevé » et exigé son arrêt immédiat.
La Mission d’enquête de l’ONU avertit également que la plupart des exécutions violent les normes internationales d’un procès équitable.
Malgré ces condamnations, le régime a intensifié son recours aux exécutions, les intégrant au cœur de sa doctrine de sécurité intérieure.
L’exécution comme outil de terreur politique
La convergence entre exécutions massives et ciblage des prisonniers politiques montre clairement que le régime utilise la peine de mort comme instrument central de contrôle politique.
Les objectifs, selon les analystes :
dissuader les soulèvements
écraser la dissidence
instaurer la peur dans toute la société
compenser les crises économiques et politiques croissantes
Mais certains experts estiment que cette stratégie pourrait se retourner contre lui. Alors que la pauvreté augmente, que les protestations s’étendent et que la colère publique s’intensifie, ces exécutions massives pourraient aggraver l’instabilité sociale.
Les organisations de défense des droits humains appellent la communauté internationale à intervenir d’urgence, à suspendre toutes les exécutions en attente et à exiger une révision judiciaire complète des dossiers impliquant torture, coercition et violations du droit à un procès équitable.


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